Crise en Arménie: le chef d’État-major limogé malgré la résistance du Président

© Sputnik / Accéder à la base multimédiaUne marche de l'opposition à Erevan, le 27 février 2021
Une marche de l'opposition à Erevan, le 27 février 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 02.03.2021
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Le Président arménien, Armen Sarkissian, refuse de signer le décret renvoyant le chef d’état-major, le général Onik Gasparian, mais ce dernier sera limogé automatiquement.

Le chef d’état-major arménien, le général Onik Gasparian, devra quitter son poste malgré le refus du Président Armen Sarkissian de signer le projet de décret en ce sens soumis par son Premier ministre, Nikol Pachinian, a annoncé ce mardi 2 mars le service de presse du Président.

«Le Président de la République a pris la décision de ne pas signer le projet de décret», a indiqué le service de presse.

Fin février, M.Sarkissian avait rejeté la première proposition du Premier ministre de renvoyer le chef d’état-major. Le 1er mars, M.Pachinian a réitéré sa proposition.

L’armée arménienne peut se retrouver sans chef le 4 mars

En vertu de la Constitution arménienne, lorsque le Premier ministre propose au Président de limoger un haut représentant du commandement militaire, le Président a trois jours pour approuver cette proposition ou la rejeter en formulant ses objections. Si le chef du gouvernement n’est pas d’accord, le Président doit promulguer le décret ou saisir la Cour constitutionnelle. Le texte entrera automatiquement en vigueur si le chef de l’État ne respecte pas ces formalités.

Mais au lieu de contester le projet de décret sur le limogeage du chef d’état-major auprès de la Cour constitutionnelle, le Président Sarkissian s’est adressé à elle à propos de la Loi sur le service militaire et le statut de militaire, note le service de presse.

Le haut gradé perdra donc son poste le 4 mars au plus tard, a estimé Aram Vardevanian, avocat et spécialiste du droit constitutionnel.

«Le Président déclare qu'il ne signera pas ce décret anticonstitutionnel, mais qu’il fera appel à la Cour constitutionnelle à propos d’une loi qui n'était pas du tout mentionnée dans ses objections. Autrement dit, une norme qui pose un problème constitutionnel, peut entrer automatiquement en vigueur le 4 mars au plus tard», a écrit M.Vardevanian sur Facebook.

Crise politique autour de missiles russes

Une nouvelle crise politique a éclaté à Erevan après que le Premier ministre a émis des doutes concernant l’efficacité des systèmes de missiles russes Iskander. M.Pachinian a notamment déclaré que des Iskander n’avaient pas explosé ou avaient «explosé à 10%» lors du récent conflit dans le Haut-Karabakh.

Selon les médias, le premier chef adjoint de l’état-major, Tiran Khatchatrian, sacré Héros national après le conflit dans le Haut-Karabakh, a qualifié ces propos de «peu sérieux». Cela lui a coûté son poste. Le 25 février, le Président l’a limogé sur proposition du Premier ministre qui a voulu en outre renvoyer le chef d’état-major.

Appels à la démission du Premier ministre

Les forces armées ont alors exigé sa démission, tout comme les partis d’opposition qui ont organisé une manifestation devant le parlement. M.Pachinian l’a considéré comme une tentative de coup d’État militaire avant d’appeler ses partisans à descendre dans la rue.

Après que le ministère russe de la Défense s’est dit étonné par les propos sur les performances des Iskander arméniens, rappelant qu’ils n’avaient même pas été utilisés au Haut-Karabakh, Nikol Pachinian a reconnu avoir été induit en erreur.

Il a en outre appelé les forces politiques du pays à lancer des consultations. Toutefois, le village temporaire constitué de tentes dressées par l’opposition est toujours en place devant le parlement. Des manifestations d’opposants comme de partisans du Premier ministre se déroulent tous les jours dans le centre d’Erevan depuis fin février.

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