Désaccord avec l’armée, démission prochaine et attentat potentiel: le Président algérien dément les rumeurs

© Photo Sputnik via le Ministère algérien de la Défense nationaleLe Président Abdelmadjid Tebboune en visite au ministère de la Défense nationale
Le Président Abdelmadjid Tebboune en visite au ministère de la Défense nationale - Sputnik Afrique, 1920, 02.03.2021
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Des personnes «sans morale ni retenue ont tenté avec les mensonges les plus déroutants de démoraliser et de tétaniser le peuple quant à l’avenir de son pays», a accusé le Président algérien lors d’un entretien télévisé, réfutant les rumeurs sur sa santé, sa relation avec l’armée et sa démission. Ces ragots viennent «de nos voisins», dénonce-t-il.

Durant ses quatre mois d’hospitalisation en Allemagne pour Covdi-19, le Président Abdelmadjid Tebboune a fait l’objet de plusieurs rumeurs portant sur son image et celles des institutions de l’État comme la présidence de la République et l’Armée nationale populaire (ANP). Les bruits et ragots colportés ont même fait état de «la mort du chef de l’État qui aurait été assassiné par les militaires». Depuis son retour en Algérie, d’autres sons de cloches de même nature avancent que le Président est en passe de démissionner de son poste à cause «d’un conflit avec le haut commandement de l’armée et son état de santé qui le met dans l’incapacité d’exercer ses fonctions», notamment après avoir été «amputé des orteils de son pied droit».

Ainsi, dans un entretien télévisé accordé lundi 1er mars à deux patrons de la presse nationale, le Président Tebboune a battu en brèches toutes ces rumeurs, pointant du doigt la partie responsable de leur propagation et les visées qui les animent.

«97% des rumeurs viennent de l’étranger»

«J’ai été peiné de voir des personnes sans foi ni loi, qui se réclament de la religion musulmane alors qu’ils en sont loin, diffuser des mensonges: il n’est pas malade, il est mort et il est à la morgue, il a été tué par balles lors d’un attentat», déplore le Président, soulignant que «ces personnes sans morale ni retenue ont tenté avec les mensonges les plus déroutants de démoraliser et de tétaniser le peuple quant à l’avenir de son pays».

«Certes, je suis passé comme tous les malades par une période délicate, mais je suis en bonne santé et en voie de rétablissement total», affirme-t-il.

Évoquant ceux qui tirent les ficelles derrière ces rumeurs qui visent la stabilité du pays, le chef de l’État algérien informe que «nous savons que 97% de ces ragots viennent de l’étranger et vous savez bien qui les diffusent». «Il y a environ 98 sites Internet qui sont dirigés par nos voisins [le Maroc, ndlr] et qui diffusent les rumeurs à partir de la France et de l’Espagne».

Abdelmadjid Tebboune - Sputnik Afrique, 1920, 20.02.2021
La présidente du Forum Cœur d’Algérie évoque les ambitions du Président Tebboune
En effet, début février, le ministre algérien de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a affirmé dans un entretien accordé au quotidien El Massa que les services de renseignement marocains avaient «recruté des centaines d’agents dans le monde virtuel [notamment des Algériens, ndlr] pour attaquer l’Algérie», précisant que «nous connaissons bien leurs localisations grâce à la technologie moderne et leur mode d’action méthodique et coordonné».

«L'ANP est mon plus fort soutien»

Concernant les rumeurs faisant état d’un conflit avec l’état-major de l’armée qui, selon ces sites, le pousserait à la démission, le Président algérien, également chef suprême des Forces armées et ministre de la Défense nationale, affirme que «l’ANP est mon plus fort soutien».

«L'Armée nationale populaire a atteint un niveau de professionnalisme qui la tient à l'écart de la politique», ajoute-t-il, soulignant que «c’est une armée disciplinée qui protège la patrie, la Constitution et les frontières et applique scrupuleusement les instructions du Président de la République».

Dans le même sens, en réponse à ceux qui, selon lui, cherchent à briser l’union sacrée entre le peuple algérien et son armée, le Président Tebboune souligne que «sans l’ANP, les terroristes auraient pu infiltrer les marches populaires du Hirak». «Ce sont l'Armée et les services de sécurité qui veillent à protéger le peuple pour qu'il puisse s’exprimer librement».

Quid des rumeurs suscitées par les propos de Macron?

Lors d’une conférence de presse donnée le 16 février en marge du sommet du G5 Sahel, Emmanuel Macron avait affirmé que «lors de ce sommet de N’Djamena, nous avons eu clairement un premier signe de réengagement de la nouvelle administration américaine […]. Nous avons également eu confirmation d’un réengagement algérien et marocain».

«Je me félicite car il est important pour la stabilité de la région», a-t-il ajouté. «J’ai eu plusieurs discussions avec le Président Tebboune sur ce sujet. Il est extrêmement conscient du sujet sécuritaire et conscient aussi de l’importance du sujet sahélien pour son pays», a ponctué le chef de l’État français.

Ainsi, les déclarations de Macron ont été interprétées comme un signal de la part des autorités algériennes pour engager des troupes de l’ANP dans la Force G5 Sahel sous commandement français, ce qui a provoqué un tollé dans le pays.

Face également à ces rumeurs, Abdelmadjid Tebboune est catégorique: «l’ANP ne sera pas envoyée à l’étranger. Notre mission étant d’aider nos voisins à surmonter les étapes difficiles et les crises qu’ils traversent».

Et d'ajouter que l’Algérie «œuvre actuellement à retrouver ses forces et son leadership au plan régional, dans le respect de la souveraineté d’autrui, sans renoncer à sa souveraineté et à ses positions [notamment concerant les causes sahraouie et palestinienne, ndlr]».

«L’Algérie n'est sous le protectorat d'aucun pays», précise-t-il, estimant qu’il «existe un seul pays [le Maroc, ndlr] dans la région qui applique ce qu’on lui dicte».

La nouvelle Constitution algérienne adoptée en décembre 2020 dispose que le Président n’a le droit de décider d’envoyer des troupes de l’ANP à l’étranger, dans des opérations de maintien de la paix sous l’égide de l’Onu ou de l’UA, que si seulement il a l’accord des deux tiers du Parlement.

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