Et si la force Barkhane changeait de stratégie au Sahel?

© AFP 2023 MICHELE CATTANILes soldats de l'armée française faisant partie de l'Opération Barkhane
Les soldats de l'armée française faisant partie de l'Opération Barkhane - Sputnik Afrique, 1920, 02.03.2021
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Plus efficace que les aides financières serait de changer la stratégie de soutien des forces intérieures au Sahel. La première à assister les armées nationales pourrait être la force Barkhane qui se trouve déjà sur place, estime l’analyste Siaka Coulibaly dans une interview à Sputnik.

L’est du Burkina Faso est la région la plus exposée aux activités terroristes; elle subit des attaques constantes. Dans le cadre du projet de stabilisation de la région de l’est (STABEST), l’Union européenne, en réponse aux besoins des forces intérieures burkinabè, avait envoyé des équipements militaires d’une valeur d’un milliard de francs CFA.

Il s’agit de matériel de protection et d’intervention ainsi que de matériel tactique, 8 pickups, 80 motos, 2 ambulances, 2 camions d’allègement et 2 véhicules blindés destinés à parité au 34ème escadron de groupement mobile de Gendarmerie et à la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) de Fada N’Gourma.

«Le grand besoin se situe au niveau opérationnel»

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L’appui financier de l’Union européenne est fondamental pour accroître la capacité technique des forces de défense et de sécurités du Burkina Faso et celle de faire face au péril terroriste qui sévit dans le pays depuis plusieurs années, estime l’analyste Siaka Coulibaly dans une interview à Sputnik. Mais ce n’est pas le soutien financier qui serait le plus important dans la région.

«En réalité le grand besoin se situe au niveau opérationnel et technique plutôt qu’au niveau financier ou matériel, parce que déjà une loi de programmation a été adoptée en 2017 qui donne suffisamment de moyens financiers aux secteurs de la défense et au secteur de la sécurité.»

Le Burkina Faso et les autres membres du G5 Sahel sont soutenus par l’UE depuis bien longtemps, le Projet STABEST est suivi par l’agence belge de développement (Enabel) avec l’appui de la Police Fédérale Belge, en partenariat avec le ministère de la Sécurité, la gendarmerie et la police nationales du Burkina Faso.

La force Takuba est «intéressante à suivre»

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Les pays du Sahel ont besoin d’un encadrement technique de la part de la communauté internationale et de l’Union européenne souligne Siaka Coulibaly. D’après lui, des unités venues de ces pays devraient assister les forces de défense et de sécurité des pays du G5 Sahel y compris du Burkina Faso; c’est de cette forme de collaboration militaire dont la région sahélienne a besoin.

«En terme de formation et de soutien logistique, il faut que les armées nationales puissent être au premier plan mais soutenues en arrière par les unités que l’Union européenne pourrait déployer. Et c’est pour cela que la force Takuba qui a été mise en place récemment, pourrait être intéressante à suivre pour voir dans quelle mesure son appui pourrait améliorer le travail de l’armée nationale dans la lutte contre le terrorisme.»

Il y a un an, le 27 mars 2020, l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Estonie, la France, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni et la Suède avaient annoncé soutenir «politiquement la création d'une Task Force pour assister les forces armées maliennes dans la lutte contre les groupes terroristes et appuyer les efforts actuellement déployés par l'opération Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel».

Changement de stratégie pour la force Barkhane?

La France mène son opération Barkhane dans la région sahélienne depuis 2014, et c’est une région que le Président Macron suit de près depuis le début de son mandat. Le Burkina Faso, comme les autres membres du G5 Sahel, sont habitués à cet appui mais Siaka Coulibaly est persuadé qu’il y a des moyens plus efficaces d’aider à lutter contre le terrorisme au Sahel.

«Ce qu’il faudrait en plus maintenant c’est déployer la force Barkhane en appui des armées nationales notamment du Niger, du Mali et du Burkina Faso de manière opérationnelle. Au lieu que la Barkhane aille directement combattre les terroristes, elle pourrait soutenir les unités des armées nationales des pays de la ligne de front à faire face à ces groupes armés terroristes.»

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Ce changement stratégique pourrait être plus payant dans le temps et plus efficace, estime l’analyste. En plus de l’appui financier et de l’appui technologique il serait très important que les unités spécialisées, en particulier la force Barkhane qui est dans la région depuis des années, assistent de façon rapprochée les unités des armées nationales qui luttent contre le terrorisme.

«Tant que les armées nationales ne seront pas très impliquées dans le travail d’éradication du terrorisme et laisseront cela aux forces extérieures, il y aura toujours des difficultés du [fait du] contexte et du milieu, du terrain.»
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