Menu sans viande à l’école: une étude loue les bienfaits économiques et écologiques de l’initiative

© AFP 2023 ROMAIN PERROCHEAUUne cantine scolaire
Une cantine scolaire - Sputnik Afrique, 1920, 04.03.2021
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Un menu scolaire équilibré mais sans viande coûte moins cher aux collectivités et diminue le gaspillage alimentaire, constate Greenpeace suite à une polémique sur la disparition de la viande des cantines lyonnaises. Les pouvoirs publics assurent aussi que les plats végétariens n’entrainent pas de dégradation de la qualité nutritionnelle des repas.

Pour apporter ses arguments à la polémique sur le menu scolaire sans viande, Greenpeace France a publié une enquête, menée avec l'Association végétarienne de France (AVF), sur l’impact économique des repas végétariens servis dans les cantines.

Greenpeace et l'AVF ont sondé une vingtaine des 200 communes françaises qui proposent chaque jour une option végétarienne, ainsi que plusieurs collèges, lycées, un hôpital, un centre de détention et un établissement administratif.

«Option végétarienne dans les cantines»

91% des structures interrogées ont répondu que le repas végétarien coûte moins cher en matière première et en termes de budget local. Si bien qu’à Bègles, en Gironde, les économies réalisées ont même permis d'introduire 50% de produits bio. Seulement 6% affirment que ce type de repas est plus cher.

De plus, dans 85% des cas, l'introduction d’un menu végétarien diminue le gaspillage alimentaire. Elle permet même de proposer une montée en gamme de tous les menus grâce aux économies réalisées, souligne le rapport intitulé «Option végétarienne dans les cantines: la réalité du terrain».

«J’ai expliqué aux autres élus et aux éleveurs de ma commune que grâce aux menus végétariens à la cantine, les enfants allaient manger de la meilleure viande», indique Catherine Moulin, la maire de Faux-la-Montagne, dans la Creuse.

L’enquête a été menée du 7 décembre 2020 au 15 février 2021 auprès de 35 structures, dans 20 villes, communes et leurs regroupements, trois collèges, quatre lycées, cinq restaurants universitaires, un restaurant administratif, un établissement hospitalier et un centre de détention.

«Les élèves qui prennent le végé, en général mangent ce qu'on leur sert, ils ne jettent rien», résume Olivier Bouhier, chef de la cantine du lycée Nicolas Appert, à Orvault.

Le cas des cantines lyonnaises

La polémique autour des repas scolaires sans viande s’est enflammée fin février après l’annonce de Grégory Doucet, le maire écologiste de Lyon, de la disparition de la viande dans les cantines des écoles primaires de la ville à partir du 22 février. Selon l’édile, la mesure est temporaire, jusqu'aux vacances de Pâques, et prise pour des raisons sanitaires - pour servir plus rapidement les élèves et assurer la fluidité des repas. Le menu ne sera pas végane, il comprendra des œufs et du poisson.

Malgré toutes ces précisions, des opposants au maire ont tout de suite dénoncé une décision idéologique, et de nombreux éleveurs à Lyon se sont rassemblés pour protester contre la mesure. Ensuite, le menu unique végétarien a attiré les foudres de Gérald Darmanin, qui a dénoncé «la politique moraliste et élitiste» des Verts. Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture et de l’alimentation, a critiqué un choix «aberrant d'un point de vue nutritionnel» et «une honte d'un point de vue social». Olivier Véran a cependant déclaré qu’il n’était «pas choqué» par ces menus sans viande.

La polémique, est-elle stérile?

L’un des arguments employés contre le menu scolaire végétarien – c’est que les enfants issus des milieux précaires auront moins la possibilité de manger de la viande. Pour Greenpeace, cette déclaration est non-fondée. L’organisation cite ainsi le communiqué du ministère de l’Agriculture, daté déjà de 2013, selon lequel la consommation «de viande, jadis réservée aux catégories favorisées, est désormais plus importante dans le bas de l’échelle sociale» (ссылка).

«Plusieurs études ont démontré que ce sont les enfants issus des familles défavorisées qui consomment le plus de viande de mauvaise qualité. Introduire des menus végétariens équilibrés en restauration collective est donc une mesure forte en matière de santé publique et de justice sociale», indique Laure Ducos, chargée de campagne Agriculture et Alimentation chez Greenpeace France.

De plus, début 2020, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait noté qu’un «menu végétarien hebdomadaire en restauration scolaire, dès lors qu’il est équilibré, peut contribuer à la couverture de l’ensemble des besoins nutritionnels des enfants, sans entraîner à lui seul du fait de son introduction de risque de dégradation de la qualité nutritionnelle de leur alimentation».

«Non seulement la viande n’a rien d’indispensable pour composer un repas équilibré, mais elle est même surconsommée dans les cantines », remarque pour sa part l'Association végétarienne de France (AVF).

Selon AVF, ces réactions de la part des politiques relèvent «au mieux de l’idéologie, au pire de la défense à peine masquée d’intérêts économiques encore trop puissants». Car les études, menées en 2020 par l'Observatoire national de la restauration collective bio et durable, montrent que parmi les villes les plus engagées sur le bio, celles qui investissent le plus dans les menus végétariens sont aussi celles qui investissent le plus dans de la viande bio et locale.

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