Algérie: Qui est derrière le slogan «État civil et non militaire!»? La revue de l’armée du pays désigne les responsables

© Sputnik . Tarek HafidReprise des marches pacifiques du Hirak à Alger.
Reprise des marches pacifiques du Hirak à Alger. - Sputnik Afrique, 1920, 11.03.2021
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Après le Président Tebboune, la revue El Djeich de l’armée algérienne dénonce les pages Facebook qui mènent la propagande contre l’Algérie, dont «500 au Maroc, 150 en France et 20 en Israël». Dans le contexte de la reprise des marches du Hirak depuis le 22 février, le média pointe notamment les promoteurs du slogan «État civil et non militaire!».

Le 22 février a marqué le deuxième anniversaire du Hirak en Algérie, mouvement populaire qui a mis fin en avril 2019 à 20 ans de pouvoir de l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika. À cette occasion, des milliers d’Algériens ont repris les marches hebdomadaires du vendredi dans plusieurs villes du pays, scandant des slogans dont certains suscitent l’inquiétude de plusieurs observateurs politiques, notamment ceux dirigés contre l’Armée nationale populaire (ANP), dont le plus important est «État civil et non militaire!».

Lors de son entretien télévisé du 1er mars, Abdelmadjid Tebboune s’est longuement arrêté sur ce slogan, lancé il y a 15 ans, et scandé actuellement selon lui de manière parfaitement coordonnée par ceux qui ont suivi à l’étranger, en Afrique et en Europe, des formations, probablement dispensées par les organisations Canvas et Otpor, sur comment mener des révolutions pacifiques de couleurs. Il a par ailleurs accusé le Maroc de contrôler 98 sites Internet de propagande dirigés contre l’Algérie.

Dans son numéro de mars, la revue mensuelle de l’ANP, El Djeich (L’Armée), évoque à son tour le sujet devenu une vraie source d’inquiétude quant à la sécurité et la stabilité du pays, pointant également le rôle de centaines de pages Facebook au Maroc, en France et en Israël.

«Où se trouve cet État militaire»?

«Le nombre de pages Facebook à elles seules gérées à partir du Maroc, en vue d’attaquer l’Algérie et son armée, atteint plus de 500. En provenance de France, il est d’environ 150 et de l’entité sioniste quelque 20 pages», écrit El Djeich. «Ces mêmes pages font la promotion de publications d’autres pages qui attaquent le pouvoir et l’armée et répandent des fake news et des rumeurs».

Et de rappeler que la «dernière nouvelle en date, à titre d’exemple, est celle qui prétend l’envoi par l’Algérie de son armée pour participer à des opérations militaires hors des frontières nationales», sous l’égide de la France.

Ainsi, la revue de l’ANP se demande «où se trouve cet État militaire dont "El Ahrar [les hommes libres du Hirak, ndlr]" refusent l’existence et condamnent ses pratiques […]? Que signifie le fait que les ennemis historiques et éternels, dont les idéologies et objectifs diffèrent, s’unissent contre l’institution de l’Armée nationale populaire? Que signifient l’unification de leur discours, la similitude de leurs slogans et leurs revendications? Est-ce une pure coïncidence ou une action programmée et planifiée, derrière laquelle se cachent des parties ayant perdu des privilèges, des intérêts et acquis estimés à des milliards?»

«Surfer sur la vague du Hirak» 

Rappelant les affres de la décennie noire du terrorisme islamiste, El Djeich estime qu’il «n’est point surprenant de faire face aujourd’hui à des organisations terroristes islamistes solidaires avec le courant de gauche, les laïcs ou même les "Ahrar" qui veulent une démocratie oligarchique».

La revue de l’ANP, qui pointe également les sbires de l’ancien régime de Bouteflika dans la promotion du slogan «État civil et non militaire!», affirme que «cette mafia est pleinement consciente du rôle de l’armée […] dans la préservation de la sécurité du citoyen, la protection de la patrie […] et sa souveraineté». «C’est pourquoi elle a tenté de surfer sur la vague du Hirak et de porter un coup dur au lien fort unissant le peuple à son armée et au service des agendas étrangers qui vivent encore des illusions du passé», conclut-elle.

«Frapper et démembrer les armées nationales»

Dans un entretien accordé à Sputnik, le docteur Pierre Azar, expert en questions géopolitiques et économiques, est affirmatif: les tendances à la fracture, voire les affrontements entre les armées nationales et les peuples qui apparaissent actuellement dans certains pays, obéissent aux mêmes logiques que celles des événements du printemps arabe. Il assure que ce sont les mêmes acteurs internationaux qui sont à la manœuvre, à savoir «les puissances transnationales».

Ce sont «les grandes puissances de l'argent et de l'industrie que l'ex-Président des États-Unis Dwight Eisenhower a désignées dans son discours d'adieu comme le complexe militaro-industriel», ajoute-t-il, soulignant que «ce sont ces puissances […] qui tirent les ficelles des évènements sur la scène internationale en dehors de toute possibilité des États à influencer ou à contrôler leur cours».

Enfin, affirmant que les organisations terroristes comme Daech* sont une émanation directe de ces puissances transnationales, le Dr.Azar explique que «la méthode que ces dernières utilisent pour s'attaquer aux États est de frapper et de démembrer les armées nationales».

«Dans ce sens, les évènements qui se sont déroulés durant ce que l'on a appelé le printemps arabe ou ceux qui se passent en ce moment au Venezuela, en Algérie, en Libye, en Tunisie et au Soudan sont interconnectés et obéissent strictement à la même logique», soutient-il.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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