Fillon aurait demandé à un proche de Hollande de «taper vite» sur Sarkozy, dans l’affaire Bygmalion

© AP Photo / Christophe Ena Nicolas Sarkozy et Francois Fillon
 Nicolas Sarkozy et Francois Fillon - Sputnik Afrique, 1920, 11.03.2021
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En 2014, François Fillon aurait incité un proche de François Hollande à mettre la pression sur Sarkozy au sujet de l’affaire Bygmalion, relate l’émission Complément d'enquête qui revient sur ce déjeuner secret.

François Fillon aurait travaillé en sous-main à faire tomber Sarkozy dans l’affaire Bygmalion, rapporte Complément d'enquête, qui diffuse un document sur France 2 à sujet, ce 11 mars. Cet épisode de la guerre fratricide entre l’ancien Président et son Premier ministre se serait déroulé dans un célèbre restaurant parisien en 2014.

François Fillon aurait organisé un déjeuner dans le plus grand secret avec Jean-Pierre Jouyet, alors secrétaire général de l'Élysée de François Hollande. La discussion a vite tourné autour de l’affaire Bygmalion et des comptes de campagnes de 2012, assure le socialiste à Complément d'enquête. Une enquête préliminaire avait été ouverte peu de temps auparavant pour abus de biens sociaux dans ce cadre.

Sceptique quant aux pénalités payées par l’UMP après le rejet des comptes de campagne de Sarkozy, Fillon presse alors Jean-Pierre Jouyet d’agir.

«J’ai déjeuné avec Fillon le 24 juin. Il était quand même très choqué de ce qu’il voyait, très choqué de Bygmalion […] Fillon m’a dit texto: “Jean-Pierre, c’est de l’abus de bien social!” Il m’a dit “Tapez vite! Agissez! […] Si vous ne tapez pas vite vous allez le laisser revenir!”», affirme Jean-Pierre Jouyet à Complément d'enquête.

Un cabinet noir

Si François Fillon se montre si insistant, c’est qu’il est convaincu de l’existence d’un cabinet noir à l’Élysée, qui exerce «une main invisible sur la justice», précise encore Jean-Pierre Jouyet.
Interrogé par Complément d'enquête, François Hollande confirme que son secrétaire général lui a fait remonter l’information après ce déjeuner.

«Dans les batailles que la droite se livrait, elle pouvait penser que le pouvoir que j’exerçais pouvait intervenir. J’ai tout de suite répondu que ce fantasme-là n’avait pas sa place […] et que ce n’était pas à la justice de faire le choix entre les candidats de droite», explique-t-il.

François Fillon a pour sa part toujours nié que ce déjeuner ait eu lieu. Mais beaucoup à droite affirment le contraire, soulignant que la nouvelle est même parvenue aux oreilles de Sarkozy, actant la rupture entre les deux hommes forts de la droite.

«Il était fou de rage. Il m’a dit: “Tu te rends compte, il y a un Pierre Laval dans ce parti!” Il a été très dur», explique ainsi Jean-François Copé à Complément d'enquête.

Objet d’une longue bataille procédurale, l’affaire Bygmalion doit désormais passer devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procès doit s’ouvrir le 17 mars, mais pourrait être reporté.  Un renvoi a en effet été demandé à cause d’un cas de Covid parmi les avocats de Jérôme Lavrilleux, ancien directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, rapporte France info.

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