Des dizaines de milliers d’emplois menacés à Roissy-Charles-de-Gaulle: «c’est une catastrophe sociale qui se prépare»

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Manifestation 18 mars  2021 à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle - Sputnik Afrique, 1920, 18.03.2021
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Un millier de salariés ont battu le pavé de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle pour manifester ce mardi. En cause, les 20.000 à 30.000 emplois qui seraient menacés du fait de la baisse d’activité du transport aérien. Pour les syndicats, la crise sanitaire n’est qu’un «prétexte» afin de «dégraisser les effectifs». Sputnik était sur place.
«C’est un tsunami de plans sociaux, c’est proprement scandaleux quand on sait que le gouvernement a donné des milliards d’euros à Air France et qu’ADP [Aéroport de Paris, ndlr] a contracté des prêts.»

Fabrice, un militant Force ouvrière, est en colère. Comme lui, un millier de personnes ont décidé de participer à la marche pour l’emploi, à l’appel de l’intersyndicale aéroportuaire ce mardi 18 mars. Et pour cause, de nombreux postes sont menacés à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.

​Une situation consécutive au ralentissement de l’activité du transport aérien. Le groupe ADP a en effet annoncé le 16 mars dernier une baisse du nombre de passagers de 82,7% sur un an. Le gestionnaire des aéroports parisiens a ainsi subi une perte financière de 1,17 milliard d’euros en 2020. Un vaste plan de départs volontaires a d’ailleurs été lancé afin de réduire ses effectifs de 11%.

Des difficultés qui n’ont pas non plus épargné Air France. La compagnie aurait donc, selon les syndicats, «pris la décision de renégocier tous ses contrats avec la sous-traitance» mais également de supprimer 8.500 postes. Autant de décisions qui pourraient avoir des effets délétères.

Le secteur aérien en grande difficulté

Comme l’explique Laurent Dahyot, secrétaire général adjoint de la CGT Air France, le plan de licenciements mené par la compagnie aérienne a une conséquence directe sur les sous-traitants.

En effet, Air France est l’un des principaux donneurs d’ordres de la plateforme Roissy-Charles-de-Gaulle.

«Un poste supprimé chez Air France, cela engendre la disparition de quatre postes en moyenne dans la sous-traitance. On arrive facilement à la suppression de 30.000 postes», détaille Laurent Dahyot au micro de Sputnik.

Le syndicaliste fustige également le fait que la «crise économique est un effet d’aubaine» pour les différents patrons de la plateforme aéroportuaire. Une sentiment partagé par Fabrice:

«Le gouvernement et les patrons tirent parti de la crise du Covid-19 pour régler les questions sociales. Ils en profitent pour dégraisser. La justification de la pandémie et de l’arrêt du trafic leur sert de prétexte. Tout le monde sait bien, eux les premiers, que le trafic va reprendre», déplore le militant FO.

Il en veut d’ailleurs pour preuve l’achat d’un aéroport en Inde par ADP, «alors qu’ils annonçaient le chômage partiel pour l’ensemble des collègues».

«Il y en a certains qui accumulent des richesses»

«C’est une honte, un scandale, ce qui se passe […]. Ce sont les salariés qui payent l’addition», tonne Fabrice.

Présent à la manifestation, Alexis Corbière, député LFI de la Seine-Saint-Denis, confie à Sputnik être inquiet car «le bassin d’emploi en Seine-Saint-Denis va être impacté».

«C’est une catastrophe sociale qui se prépare […]. Il ne faudrait pas que, dans l’inquiétude générale par rapport aux vaccins, on ne voie pas ces nombreux plans de licenciements qui sont en cours alors qu’il y a aussi des profiteurs du Covid-19», dénonce le parlementaire.

Air France - Sputnik Afrique, 1920, 06.02.2021
«On se contente de subir»: un pilote d’Air France décrit son quotidien pendant la pandémie
Un constat renforcé par les différentes aides proposées par le gouvernement à destination notamment d’Air France. Si le secrétaire général adjoint de la CGT ne remet pas en cause la réalité des difficultés que traverse le secteur aérien, «on a bénéficié d’une aide historique de la part de l’État même si ce sont des prêts bancaires, c’est à hauteur de 7 milliards», rappelle-t-il. En outre, la direction a «économisé un milliard sur les salaires par rapport au chômage partiel» et «on n’en voit pas la couleur», constate Laurent Dahyot.

Une hérésie pour Alexis Corbière. Selon le député, «toutes les aides publiques qui sont apportées devraient être conditionnées au fait que l’on ne licencie pas».

«Personne ne doit perdre son emploi et voir ses conditions de rémunérations dégradées […]. Dans cette période [de crise sanitaire, ndlr], il y en a certains qui accumulent des richesses et d’autres qui dégustent particulièrement. La crise n’est pas la même pour tout le monde», assène Alexis Corbière.

Pour tenter de remédier à cela, l’intersyndicale souhaite notamment la mise en place d’un plan de sécurisation de l’emploi, la suppression du versement des dividendes aux actionnaires pour les années 2019 et 2020, ou encore la nationalisation d’Air France et d’ADP et l’intégration des entreprises sous-traitantes chez les donneurs d’ordres.

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