Le pharmaceutique en crise au Liban: 20% des officines ont fermé leurs portes

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médicaments  - Sputnik Afrique, 1920, 21.03.2021
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Gravement touché par la crise économique que subit le Liban depuis 2019, le secteur pharmaceutique sonne alarme: à l’heure actuelle plus de 600 des 3.000 pharmacies ont fermé pour cause de pénurie des médicaments, a confirmé à Sputnik le syndicat des pharmaciens.

Alors que les autorités libanaises tardent à adopter un mécanisme de rationalisation des subventions, les médicaments vitaux continuent à disparaître des rayons, constate auprès de Sputnik le chef de l'Ordre des pharmaciens libanais, Ghassan al-Amin, qui déplore la fermeture de 600 officines sur les 3.000 du pays.

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Les retards de plusieurs mois dans l'approbation des demandes de subventions par la Banque centrale ont privé des importateurs de la possibilité d'importer de nombreux médicaments ce qui a conduit à leur disparition du marché local.

Le propriétaire d'une petite pharmacie familiale dans la ville d'Amioun, dans le nord du pays, Jean Ojimi, a notamment raconté à Sputnik que face à la pénurie de médicaments, c’est de plus en plus difficile pour son entreprise de rester à flot.

D’après lui, la dexaméthasone, le lovenox et d'autres médicaments utilisés pour traiter les cas graves de Covid-19 ont disparu des pharmacies libanaises tout comme les médicaments pour le traitement de l'hypertension artérielle et des maladies cardiaques.

Pire encore, comme l’indique Ghassan al-Amin, la situation de l'approvisionnement en médicaments est aggravée par ceux qui les achètent au Liban à des prix subventionnés par l'État et les revendent cher à l'étranger, surtout en Irak et en Égypte.

«Certaines personnes ne se soucient pas de leur pays, elles ne se soucient que de leurs poches. Ils achètent des médicaments ici à des prix réduits et les vendent pour des dollars à l'étranger. Cela est assez répandu à petite échelle mais ces faits ont certainement eu lieu à plus grande échelle ce qui devrait faire l'objet d’un examen par les services de sécurité», a-t-il ajouté.

Un pays en crise

Depuis l'automne 2019, le Liban vit une profonde crise économique et politique. Deux gouvernements ont démissionné: celui de Saad Hariri sur fond de protestations et celui d’Hassan Diab après l'explosion qui a dévasté le port de Beyrouth. Fin septembre 2020, les autorités avaient prévu d'annoncer la composition d'un nouveau cabinet dirigé par Mustapha Adib. Mais ce dernier a annoncé le 26 septembre qu’il renonçait à former un gouvernement.

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Saad Hariri s’est vu confier une nouvelle fois le poste de Premier ministre à la fin du mois d’octobre, mais de fait, aucun compromis satisfaisant toutes les parties n’a pu être trouvé.

La crise économique est accompagnée d'une forte dépréciation de la livre libanaise au marché noir, qui a frôlé mardi 16 mars les 15.000 livres pour un dollar avant de remonter aux alentours de 11.000 livres. Le taux officiel est lui toujours de 1.507 livres pour un dollar. Ainsi la monnaie nationale libanaise a perdu près de 90% de sa valeur.

Les comptes en devises des déposants restent gelés depuis octobre 2019, tandis que les prix de nombreuses denrées alimentaires sont montés en flèche, de plus de 200% pour certaines. Selon l’Onu, 55% des plus de quatre millions de Libanais vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 3,84 dollars par jour, alors que 23% de la population vivent dans un extrême dénuement.

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