Aisha Musa El-said: «Les femmes soudanaises ne sont pas loin de diriger» le pays - exclusif

© Photo Archive personnel d'Aisha Musa El-saidAisha Musa El-said, membre du Conseil de souveraineté du Soudan
Aisha Musa El-said, membre du Conseil de souveraineté du Soudan - Sputnik Afrique, 1920, 24.03.2021
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Aisha Musa El-said, l’une des deux femmes faisant partie du Conseil de souveraineté du Soudan, explique dans un entretien exclusif à Sputnik pourquoi elle voit son pays être bientôt dirigé par les femmes et quels combats celles-ci mènent «durant toute la vie dès l'enfance et jusqu’à la mort».

Sputnik - Vous vous battez pour les droits des femmes depuis de nombreuses années, comment cela se reflète-t-il dans votre travail au Conseil de souveraineté du Soudan?

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Aisha Musa El-said - Mon long combat pour les droits des femmes a aidé à construire celle que je suis à présent. Très jeune, j’ai rejoint l’organisation pionnière de l’«Union des femmes soudanaises» dirigée par Fatma Ahmad Ibrahim et d’autres femmes. Travailler avec un tel groupe a été un plaisir et en faire partie m’a permis de rejoindre plus tard l’équipe des rédacteurs en chef du premier magazine féminin au Soudan «Sawt al Mara’a» (Voix des femmes). Tout ceci m’a amenée à être recrutée pour la mission de ma vie: les femmes. La majeure partie du travail que nous avons accompli pendant les vacances scolaires était pour les femmes et les enfants des zones rurales. Nous avons vu ce que pouvait être la négligence, en plus de la dureté de la vie, ces femmes ont souffert pour offrir à leurs familles une vie décente.

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Aisha Musa El-said: «Les femmes soudanaises ne sont pas loin de diriger» le pays - exclusif  - Sputnik Afrique, 1920, 24.03.2021
Aisha Musa El-said, membre du Conseil de souveraineté du Soudan

Ainsi, connaître les personnes pour lesquelles vous vous battez et reconnaître leurs besoins aide à comprendre ce qui est nécessaire dans les limites des ressources disponibles. Ça a été un combat contre l'ignorance, la maladie et la pauvreté.

Maintenant que je peux décider, mon objectif reste de donner une vie meilleure pour les femmes de toutes les villes, villages et zones négligées. Parfois, ça pourrait être juste du soutien, des conseils et des encouragements pour remonter le moral et sensibiliser à ce qui pourrait être fait. Cela équivaut à de petits projets qui mènent à une vie meilleure. Aussi en guidant les autorités compétentes vers les zones plus fragiles pour résoudre leurs problèmes.

Sputnik - Quel est le plus grand défi auquel les femmes africaines sont confrontées aujourd'hui?

Aisha Musa El-said - Elles sont traitées comme étant «à part». Je considère cela comme un symptôme de racisme, ce qui a toujours été l’un de nos problèmes. Toutes les femmes du monde souffrent du même mal, celui d’être traitées comme des «femelles». C’est évident dans l’absence d'égalité et d'équité des femmes par rapport aux hommes dans tous les domaines, durant toute la vie dès l'enfance et jusqu’à la mort.

Dans ces sociétés patriarcales, les femmes africaines luttent contre les mêmes problèmes que toutes les autres femmes du monde. Cependant, l'Afrique est un continent au patrimoine traditionnel fort qui voit certains rôles et attentes pour les sexes. Ce rôle des sexes rend difficile la rupture des tabous. Ces tabous sociaux et traditionnels dissuadent les femmes de progresser vers l'accomplissement et l'émancipation.

Sputnik - Que doivent faire les femmes d'aujourd'hui pour que leur chemin soit exempt d’injustices?

Aisha Musa El-said - Trouver le chemin de l'éducation. Il faut leur faire comprendre que les tabous sociaux sont créés par les hommes et peuvent être brisés. Elles doivent être traitées comme capables et dignes de confiance, elles n’ont pas besoin d’un protecteur au-dessus d’elles. Tout cela devrait faire partie de leur éducation, entre la maison et l'école.

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Sputnik - Quelles sont vos principales priorités pour aider et assister les femmes soudanaises?

Aisha Musa El-said - Je crois que l'éducation est la base de la vie que nous recherchons. L’école pour celles qui débutent, une éducation pour les adultes qui l’ont quittée et des activités pour les plus âgées.

Sputnik - Pouvez-vous imaginer qu'un jour le Soudan puisse être dirigé par une femme?

Aisha Musa El-said  - Bien sûr. Avec deux femmes membres du Conseil de souveraineté, ça a été une avancée positive. Les femmes soudanaises ne sont pas loin de diriger le Soudan et… elles en sont absolument capables. Je ne pense pas que ça se produise immédiatement, mais avec une augmentation des plaidoyers et du soutien au niveau national et international pour aboutir à des ententes qui encouragent la participation des femmes, ça arrive.

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