Macron veut «clarifier la place de la Turquie dans l'Otan»

© Sputnik . Sergueï Gouneïev / Accéder à la base multimédiaEmmanuel Macron
Emmanuel Macron - Sputnik Afrique, 1920, 24.03.2021
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Dans un contexte de profonds désaccords entre la Turquie et la France, Emmanuel Macron appelle au sein de l’Otan à une position plus ferme vis-à-vis de Recep Tayyip Erdogan. Il dénonce également une «politique de mensonges» suite aux accusations d'islamophobie formulées par son homologue turc.

Dans une interview diffusée mardi 23 mars sur France 5 dans le cadre de l'émission «C dans l'air» consacrée au Président turc, Emmanuel Macron a exprimé son désaccord avec certains choix politiques de l’administration turque.

«Nous avons besoin de clarifier la place de la Turquie dans l'Otan. Normalement, entre alliés, il n'est pas possible de faire plusieurs choses que la Turquie a faites ces derniers mois», a estimé Emmanuel Macron lors d'une interview.

«Je l'ai condamné au sein de l'Otan. J'ai agi en tant que nation. Nous avons agi en tant que nation et nous avons fait un travail conséquent de conviction des autres Européens pour que l'Europe ait une voix beaucoup plus ferme, parce qu'il y avait beaucoup de complaisance », a-t-il lancé à propos de la Turquie.

Le volet libyen

Le Président français considère la situation en Libye comme la plus symptomatique du problème. Malgré des accords conclus en janvier 2020 à Berlin, «la Turquie n’a pas tenu sa parole» et y a envoyé des combattants étrangers et son armée.

«Je mets beaucoup de pression pour qu’on ait maintenant un retrait », a-t-il conclu.

À part de volet libyen, la Turquie et la France s’opposent sur plusieurs dossiers comme la Syrie et la Méditerranée orientale.

«Une politique de mensonges»

L’autre source de tensions est la position ferme de la France à l’encontre de l’islamisme, de la lutte contre le séparatisme, ainsi que contre l’instrumentalisation des mosquées. La question est passée à un autre niveau suite à la décapitation de Samuel Paty en octobre 2020.

Après un discours de Macron dans lequel il avait réitéré son engagement envers les principes de laïcité et liberté de parole, plusieurs pays musulmans l’avaient accusé d’islamophobie, la Turquie notamment, et avaient appelé à boycotter les produits français. Le Président turc était allé jusqu'à s'interroger sur la «santé mentale» de son homologue français.

«Il y a eu à l'automne dernier [en Turquie, ndlr] une politique de mensonges. Des mensonges d'État relayés par les organes de presse contrôlés par l'État turc», a renchéri le Président français mardi dans «C dans l'air».

​Des fake news ont été ensuite relayés par certaines grandes chaînes contrôlées par le Qatar, selon lui.

«La France a subi pendant plusieurs semaines une offensive en règle politico-religieuse menée par des pays de la région, relayée par des organes de presse, des organes d'influence qui irriguent dans tout le Maghreb, le Mashrek [Moyen-Orient arabe, y compris l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Palestine, ndlr] en Afrique et en France», a-t-il martelé.

«On m'a fait dire des choses que je n'ai jamais dites. Je soutiens les caricatures contre le Prophète? Je n'ai jamais dit cette phrase», a-t-il conclu.

Selon la journaliste Caroline Roux, qui a mené l’interview, l’Élysée était très préoccupé par le «message haineux» des pays musulmans. Invitée sur France Inter le 23 mars, elle a noté qu’en Europe Macron exerce une sorte de «leadership» pour montrer qu’il faut «fixer des limites» à la Turquie.

 

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