Soutenir «une économie sans vie» pour que les faillites arrivent «si possible après l’élection présidentielle»?

© Sputnik . Dominique Butin / Accéder à la base multimédiaUn restaurant fermé à Paris lors de la crise sanitaire du Covid-19 (archive photo)
Un restaurant fermé à Paris lors de la crise sanitaire du Covid-19 (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 25.03.2021
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Face à la flambée de l’épidémie, le gouvernement serre de nouveau la vis! Mais une partie de la population supporte de plus en plus mal les mesures anti-Covid. Ainsi 34% des Français jugent que ces restrictions causeraient un préjudice plus grand que l’épidémie. L’éditorialiste Alexis Poulin analyse ce rejet pour Sputnik.

Les Français au bout du rouleau? À l’issue du Conseil des ministres, mercredi 24 mars, Gabriel Attal a tenu à rappeler que «partout sur le territoire, l’épidémie accélère».

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Selon le site CovidTracker, le taux d’incidence s’élevait par exemple à 549 nouveaux cas pour 100.000 habitants en Île-de-France au 22 mars, contre 400 une semaine auparavant. Un taux dépassant très largement le seuil fixé par le gouvernement (250), mais également le pic de la «deuxième vague» (543). «Pour endiguer le virus, nous devons contraindre les déplacements et fermer certains établissements», a donc justifié le porte-parole du gouvernement. Dans une note adressée le 23 mars à l’ensemble des préfets de métropole et d’Outre-mer, c’est Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, qui a fait part de sa volonté de les voir serrer la vis. Dorénavant, les rassemblements de plus de six personnes sur la voie publique doivent être verbalisés.

Endiguer l’épidémie à tout prix

Si, d’un point de vue sanitaire, ces restrictions sanitaires peuvent se comprendre, elles sont pourtant de moins en moins bien acceptées. C’est ce qu’il ressort d’un sondage* réalisé par l’Ifop pour Sputnik, publié le 24 mars. Ainsi, 34% des personnes interrogées considèrent que le préjudice économique, social, psychologique et sanitaire lié aux restrictions est supérieur aux dégâts causés par l’épidémie. 26% déclarent qu’ils sont à peu près équivalents, quand 20% indiquent que les dommages provoqués par le virus sont plus importants que ceux qu’engendrent les mesures anti-Covid.

© SputnikSondage de l'Ifop pour Sputnik
Soutenir «une économie sans vie» pour que les faillites arrivent «si possible après l’élection présidentielle»? - Sputnik Afrique, 1920, 25.03.2021
Sondage de l'Ifop pour Sputnik

Des résultats qui n’étonnent guère l’éditorialiste Alexis Poulin, fondateur du média Le Monde moderne.

«Au bout d’un an de mesures liberticides, de restrictions des libertés: confinement, couvre-feu, attestation de sortie, on voit que l’épidémie est toujours là», déplore-t-il.

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D’autant plus que, selon lui, «les Français ne sont pas dupes». Ils ont conscience que ces nombreux dispositifs auront des conséquences économiques désastreuses.

Concernant le confinement du printemps dernier, le coût hebdomadaire en termes de perte d’activité s’élevait à 16 milliards d’euros, selon le cercle de réflexion iFRAP. Le confinement «allégé» de novembre 2020 a coûté 7,5 milliards d’euros par semaine.

«On est en train de soutenir une économie sans vie pour que les faillites n’arrivent pas en même temps que la crise sanitaire, mais plutôt après… Et si possible après l’élection présidentielle de 2022», affirme l’analyste politique.

D’après Alexis Poulin, des mécanismes tels que le chômage partiel «pourraient déboucher sur un chômage de masse, des plans sociaux en nombre et des situations encore plus précaires qu’aujourd’hui». Autant d’éléments qui l’incitent à formuler un constat sans appel: «Les Français n’ont plus confiance dans ce gouvernement

«Ils savent très bien qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour cette sortie de crise. Notamment les entrepreneurs, les restaurateurs ou encore les gérants de boîte de nuit, parce que les aides auront une fin et qu’il faudra payer», estime Alexis Poulin.

Ce rejet se retrouve d’ailleurs dans une enquête Elabe pour BFMTV, publiée mercredi 24 mars. Selon cette étude, les mesures gouvernementales sont perçues comme un savant mélange d’incohérence, d’inefficacité, de complexité et d’injustices…

Un mécontentement qui pourrait se traduire dans les urnes

Le sondage montre ainsi que 69% des sondés ne font pas confiance aux politiques qui gouvernent le pays, dont 33% qui n’ont «pas confiance du tout».

Alexis Poulin souligne que le gouvernement souffre de sa gestion «calamiteuse» de la crise sanitaire, en accusant en permanence «un temps de retard». Il en veut pour preuve les épisodes des masques, des tests, du lancement de la campagne vaccinale, ou encore de «l’incapacité de l’exécutif à mettre en place la stratégie “isoler, tracer, tester”».

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Reste que ces tâtonnements pourraient laisser des traces, électoralement parlant. Et ce, dès les prochaines élections régionales et départementales les 13 et 20 juin prochain… À condition qu’elles aient effectivement lieu, bien sûr! Le Conseil scientifique devrait rendre son rapport dimanche à Jean Castex. Le Premier ministre a d’ailleurs indiqué qu'il s'en remettrait «strictement à l'avis» de cette instance. Un camouflet à en croire Alexis Poulin: «Si on veut décaler les élections, cela veut dire que l’on est incapable de les organiser.» «C’est peut-être la faute du gouvernement, mais c’est aussi la faute de l’État français, la façon dont il est structuré qui le rend inutile dans sa grosseur, tout est superfétatoire», tance-t-il.

«La limite est atteinte je crois, le ras-le-bol est palpable. D’ailleurs, je pense que l’exécutif, comme la majorité, en est très conscient. Tout est extrêmement volatile. À l’image de l’occupation des soixante théâtres en France, prévient Alexis Poulin. Cela pourrait mener à un agrégat des luttes et à un refus total de la politique sanitaire.»

Or lors de la séance des questions au gouvernement du mercredi 24 mars, Jean Castex a indiqué que l’exécutif pourrait «être amené à durcir [les mesures sanitaires, ndlr] selon l’évolution de la pandémie».

 

* Ce sondage a été réalisé par l’Ifop pour la radio Sputnik par questionnaire auto-administré en ligne du 17 au 18 mars 2021 auprès d’un échantillon de 1.009 personnes, représentatif de la population de 18 ans et plus.

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