Une semaine après les annonces du gouvernement pour «freiner sans enfermer», les spécialistes alertent sur l’état de saturation des hôpitaux. La plupart réclament un confinement strict, au risque de se retrouver avec une situation similaire à celle de la première vague, avec un variant britannique qui s’avère plus contagieux.
«Hier, j'étais dans mon service aux urgences et j'ai cru être revenu un an en arrière», a déploré sur RTL le Pr. Frédéric Adnet, chef du service des urgences de l’hôpital Avicenne de Bobigny. «On est complètement saturés, il n'y a plus de place en réanimation», affirme-t-il, ajoutant qu’«on revit cet épisode traumatisant de la première vague».
Covid-19: le Pr Gilles Pialoux estime que l'épidémie est "hors de contrôle" en Ile-de-France pic.twitter.com/jZcuuAxXwI
— BFMTV (@BFMTV) March 23, 2021
Même constat pour le Pr. Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris et l’ancien directeur général de la Santé William Dab, qui ont tous les deux indiqué à BFM TV que «l’épidémie est hors de contrôle».
Confinement strict
De son côté, Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a évoqué des «chiffres particulièrement élevés» en termes d’hospitalisations et de réanimations. «Nous n’avions pas connu un nombre d’entrées aussi haut en 24 heures depuis la première vague», a-t-il alerté dans sa lettre adressée à ses collègues de l’AP-HP mercredi 24 mars.
"Les chiffres d’hier qu’il s’agisse des entrées en réa ou en hospitalisation conventionnelle sont particulièrement élevés. Nous n’avions pas connu un nombre d’entrées aussi haut en 24 h depuis la 1ère vague". Message de @MartinHirsch aux professionnels de l'AP-HP ce 24 mars matin pic.twitter.com/qbbu2hlJ1N
— AP-HP (@APHP) March 24, 2021
Pour le Pr. Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Georges Pompidou à Paris, avec un nombre insuffisant de vaccinés et sans lits supplémentaires, une seule solution se présente: un véritable confinement. Il regrette sur BFM TV qu’une telle mesure n’ait pas été décidée plus tôt: «plus on confine tôt, plus le confinement est court et efficace».
Qui veut être confiné ?
— 🇫🇷 🇪🇺 Pr Philippe Juvin, MD PhD (@philippejuvin) March 25, 2021
Personne. C’est terrible pour les libertés, l’emploi, l’économie, notre moral, nos enfants ...
Mais sans vaccination massive, ni auto-test, ni nouveaux lits, il n’y a malheureusement plus que le confinement si on veut espérer soigner tout le monde. https://t.co/eqODT6Q6sU
Pas de «mea culpa»
Alors, l’exécutif a-t-il attendu trop longtemps pour mettre en place ses nouvelles mesures, et sont-elles assez fortes? Ce jeudi 25 mars, lors du Conseil européen en visioconférence, Emmanuel Macron a affirmé ne rien regretter: «Nous avons eu raison de ne pas reconfiner la France parce qu'il n'y a pas eu l'explosion qui était prévue par tous les modèles». «Je n'ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d'échec», a-t-il insisté.
Après les mesures annoncées dans 16 départements, puis dans trois autres, le Président a promis de «nouvelles mesures à prendre dans les prochaines semaines», «face à la troisième vague qui monte toujours plus dans les hôpitaux». Alors que sept millions de Français ont déjà reçu au moins une dose du vaccin, il compte toujours sur l’objectif de 10 millions à la mi-avril et 30 millions d’ici à l’été.