«Qu’on foute en l’air ce putain de gouvernement!» La colère monte avec l’affaire des dîners clandestins

© AP Photo / Christophe EnaGabriel Attal
Gabriel Attal - Sputnik Afrique, 1920, 07.04.2021
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Le reportage de M6 montrant des dîners clandestins dans la capitale n’en finit pas de faire des remous. Le doute subsiste quant à la participation d’au moins un membre du gouvernement à ces soirées pour nantis qui passent mal auprès de l’opinion publique. Philippe Pascot, écrivain et soutien des Gilets jaunes, ne cache pas son exaspération.

Y a-t-il un scandale de nature à faire trembler le gouvernement dans l’affaire des soupers illicites? Trop tôt pour le dire, mais force est de constater que la polémique enfle en même temps que la colère monte. M6 persiste et signe. La chaîne assure disposer de sources confirmant qu’au moins un membre du gouvernement a participé à un des dîners chics montrés au public le 2 avril.

​Un peu plus tôt, Pierre-Jean Chalençon, collectionneur et propriétaire du Palais Vivienne situé dans le cœur de Paris, avait démenti des propos précédemment tenus en voix off dans le reportage de M6. «J'ai dîné cette semaine dans deux ou trois restaurants qui sont soi-disant des restos clandestins, avec un certain nombre de ministres», lançait-il.

Imbroglio Attal-Schiappa

Devant le tollé, Pierre-Jean Chalençon a notamment évoqué un «poisson d’avril» et a nié avoir partagé la table de ministres lors de ces repas illégaux du gotha parisien. Trop tard pour contrer la controverse.

​Au micro de Sputnik, l’essayiste pro-Gilets jaunes Philippe Pascot se dit «désespéré», «écœuré» et «très en colère»:

«Des gens qui nous font la morale n’en ont aucune. Il suffit de voir à quel point ils se contredisent entre eux.»

Il fait ici référence à la communication bancale du gouvernement sur l’affaire. Certes, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est monté au créneau et a parlé d’une rumeur qui «sape les fondements de la démocratie». Mais son intervention martiale s'est accompagnée d'un cafouillage de déclarations maladroites impliquant le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, et la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa.

​En février dernier, Pierre-Jean Chalençon disait connaître Gabriel Attal. Il assurait que le membre du gouvernement devait venir «dîner prochainement». Interrogé sur ce point alors qu’il se trouvait sur plateau de France 2 le 6 avril, Gabriel Attal a démenti: «Non j'ai découvert cette invitation avec cette vidéo.»

Problème: à peu près au même moment sur France Info, Marlène Schiappa livrait une tout autre version: «Je sais de source sûre et confirmée qu'il y a effectivement bien eu une invitation et que Gabriel Attal l'a refusée.» Il n’en fallait pas plus pour déclencher une vague de réactions indignées sur les réseaux sociaux et propager le doute.

«Le mensonge en politique est devenu la règle et la vérité une exception. Pire, ce sont ceux qui disent la vérité qui sont cloués au pilori», se désole Philippe Pascot.

En dehors du volet politique de l’affaire, Philippe Pascot s’insurge de voir ces images de serveurs sans masques, de menus gastronomiques… Alors que les restaurateurs n’ont plus le droit de travailler depuis six mois!  

​En outre, le contraste est saisissant avec le sort réservé à de nombreux Français. Ainsi, un petit groupe d’Héraultais a reçu une amende de 405 euros pour avoir consommé du rosé sur une plage lors du week-end de Pâques.

​Le mot-dièse #OnVeutDesNoms cartonne sur Twitter. Et des photographies d’invitations à ces agapes illicites pour privilégiés s’affichent de plus en plus sur les réseaux. C’est notamment le cas d’un carton invitant le présentateur de BFMTV Bruce Toussaint au bistrot chic L’Étage, situé à Deauville. Le 5 avril, c’est l’ancienne présentatrice de Fan de, Séverine Ferrer, qui publiait sur Instagram une invitation à un dîner clandestin.

​En attendant, Rémy Heitz, procureur de la République, a annoncé le 4 avril avoir saisi «la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne d'une enquête des chefs de mise en danger d'autrui et de travail dissimulé». Le but? «Vérifier si des soirées ont été organisées en méconnaissance des règles sanitaires et de déterminer quels en ont été les éventuels organisateurs et participants.»

Pas de «fourches» mais des rassemblements de masse

Pour Philippe Pascot, auteur entre autres de Mensonges d'État et Pilleurs d'État (éd. Max Milo), cette affaire révèle la réalité des gagnants de la crise. Elle souligne le fossé qui se creuse entre les nantis et le reste du peuple. L’écrivain met en avant le dernier classement Forbes des plus grandes fortunes de la planète. Un palmarès de tous les records. Jeff Bezos, patron d’Amazon, le fantasque créateur de Tesla, Elon Musk, ou encore le fondateur de LMVH, le Français Bernard Arnault, n’ont pas trop souffert de la crise. C’est le moins que l’on puisse dire!

​Le pécule cumulé des vingt personnes les plus riches de la planète atteint la somme colossale de 1.747,5 milliards de dollars. C’est bien plus que le PIB de l’Espagne (1.393 milliards de dollars en 2019). Et cette fortune a explosé de 62% en un an.

«Pendant ce temps-là, en France, l’exécutif ne veut rien entendre et maintient au 1er juillet l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage qui va pénaliser de très nombreux demandeurs d’emploi», tempête Philippe Pascot.

Ce dernier s’inquiète de «la direction que prend le monde». Il en appelle à «une réaction des peuples». Le 6 avril, de petits rassemblements ont eu lieu devant le domicile de Pierre-Jean Chalençon. La police a dispersés ces fâcheux avant le couvre-feu… Il faut dire qu'ils n’étaient pas invités.

​Si Philippe Pascot se réjouit de ces frémissements de révolte, il n’est pas d’accord avec un autre soutien des Gilets jaunes: l’avocat Juan Branco. Récemment invité de Sud Radio, ce dernier, interrogé sur sa volonté d’appeler à la révolution, a répondu ceci: «J’espère que les fourches vont sortir bientôt et que les Français vont se rendre compte de ce qu’ils ont la possibilité de faire de ces individus qui ne sont là que pour piller et que pour les écraser.» Pas de quoi convaincre Philippe Pascot:

«Je ne suis pas d’accord. Quand on sort les fourches, ce n’est jamais les vrais coupables qui en paient le prix.»

L’écrivain appelle plutôt à des rassemblements de masse: «Pas besoin de sortir les fourches si nous sommes des millions dans la rue.»

«Nous sommes des millions à souffrir»

L’affaire des dîners clandestins haut de gamme sera-t-elle l’étincelle qui allumera la contestation populaire? Philippe Pascot «l’espère». Et de poursuivre: «Il est temps de s’unir contre l’oppression de quelques-uns. Nous sommes des millions à souffrir, contrairement à eux. Et, pour le moment, on laisse faire. Il est temps de se réveiller.»

Comme de nombreux observateurs, le soutien des Gilets jaunes promet au gouvernement une rentrée sociale très chaude. Il en appelle notamment aux leaders syndicaux:

«J’espère qu’ils vont enfin se réveiller. Que les syndicats des camionneurs, des ambulanciers, des avocats, etc., s’allient tous ensemble et qu’on foute en l’air ce putain de gouvernement!»

Philippe Pascot regrette que l’exécutif fasse tout pour monter les Français les uns contre les autres. «Les citoyens doivent cesser de regarder leur voisin comme celui qui en profite et commencer à lever les yeux pour voir réellement qui tire parti de tout cela. Après les soignants qui seraient des feignants, dorénavant, on s’en prend aux enseignants. Il faut que cela cesse», conclut le soutien des Gilets jaunes.

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