«On n’a pas été écouté»: un réanimateur fait la leçon à Jean Castex

© AP Photo / Benoit TessierJean Castex
Jean Castex - Sputnik Afrique, 1920, 10.04.2021
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En visite dans un hôpital du Rhône, le Premier ministre a essuyé les critiques d’un anesthésiste-réanimateur. Ce dernier lui a notamment reproché d’avoir fait la sourde oreille aux mises en garde des soignants, avant la troisième vague.

Jean Castex a pu discuter avec les soignants de l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon, lors d’un déplacement dans le Rhône. Le Premier ministre a en particulier eu un échange avec un anesthésiste-réanimateur, qui ne redorera pas le blason de l’exécutif, souvent accusé de faire preuve d’arrogance voire de mépris.

Le médecin a en effet critiqué l’impréparation du gouvernement face à la troisième vague et a déclaré que les soignants avaient le sentiment de ne pas avoir «été écoutés». Il a fait savoir sa lassitude face à la pression qui pèse une nouvelle fois sur les hôpitaux.

«Le fait que ça soit déjà la troisième fois, il y a un effet de répétition avec une usure. Et comme c'était annoncé de longue date, c'est vrai qu'il y a un petit côté "on n'a pas été écoutés". C’est ressenti par beaucoup de personnel. Cette sensation d’être passé à côté de la possibilité de freiner l’épidémie avant une troisième vague», a-t-il expliqué au ministre.

Jean Castex lui a fait remarquer que la troisième vague «avait lieu partout», ce à quoi le spécialiste a acquiescé, précisant qu’il ne voulait pas «refaire l’histoire a posteriori».

D’autres soignants ont exprimé leur ras-le-bol auprès du Premier ministre, concernant notamment les rythmes de travail, les gardes d’enfants ou le travail de nuit, précise encore France 3.

Un gouvernement sourd?

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement est accusé de s’enfermer dans une tour d’ivoire depuis le début de la pandémie. Mais ce type de critique a ressurgi suite à l’instauration du troisième confinement. Certains reprochent en particulier à l’exécutif de ne pas avoir écouté les avertissements de ceux qui souhaitaient reconfiner en janvier.

Les propos d’Emmanuel Macron qui affirmait fin mars n’avoir «aucun mea culpa à faire, aucun remord, aucun constat d'échec», n’ont fait que jeter de l’huile sur le feu. Suite à cette sortie, plusieurs personnalités politiques ont d’ailleurs accusé le Président de faire preuve d’arrogance, à l’exemple d’Éric Ciotti ou d’Esther Benbassa sur Twitter.

Dans un entretien au Financial Times, Arnaud Montebourg a même estimé que cette attitude pourrait coûter la victoire au Président sortant en 2022, les Français lui préférant Marine Le Pen.

Accusés de se couper des réalités, le chef de l’État et son équipe se sont d’ailleurs heurtés à l’hostilité des soignants lors de nombreux déplacements, depuis le début de la crise. En octobre, Emmanuel Macron avait notamment eu un échange tendu avec le personnel de l'hôpital Fondation Rothschild, qui lui demandait plus de moyens.

Mais l’isolement du gouvernement a aussi des répercussions dans la sphère politique, comme l’a prouvé le vote des dernières mesures sanitaires à l’Assemblée. De nombreux législateurs estiment ainsi que l’exécutif exclut le parlement des débats sanitaires. Un exercice du pouvoir vertical que Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, qualifie même de «dérive autocratique», au micro de Sputnik

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