Au lendemain de l'explosion à Natanz, Téhéran lance l’enrichissement d’uranium à 60%

© AP Photo / Heinz-Peter BaderDrapeau iranien
Drapeau iranien - Sputnik Afrique, 1920, 13.04.2021
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Deux jours après l’explosion sur le site nucléaire iranien imputée à Israël, Téhéran annonce son intention d’enrichir de l’uranium à 60%, rapporte IRNA. Cette déclaration survient alors que les différentes parties de l’accord sur le nucléaire iranien s’apprêtent à le sauver à Vienne cette semaine.

Alors que les négociations visant à sauver l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA) sont censées commencer cette semaine, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a annoncé la reprise par Téhéran de l’enrichissement d’uranium à 60%, informe l’agence de presse iranienne IRNA. D’après la chaîne de télévision du pays Press TV, le processus débutera le 14 avril.

Une annonce faite par le diplomate dans une lettre adressée au directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi. Dans la foulée, l’AIEA a confirmé à l’AFP avoir reçu la missive.

Qui plus est, M.Araghchi a annoncé le même jour que 1.000 nouvelles centrifugeuses seront installées sur le site de Natanz.

«L'Iran installera 1.000 autres centrifugeuses sur le site nucléaire de Natanz», a-t-il déclaré à Press TV.

Ces déclarations interviennent en pleine visite du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov arrivé ce mardi à Téhéran, et à l’approche de la reprise des négociations sur le JCPOA qui ne s’ouvriront que jeudi 15 avril, et non mercredi comme prévu initialement.

Quatre conditions

Selon l’agence de presse iranienne Tasnim, lors des pourparlers à venir, l’Iran posera aux participants quatre conditions en lien avec des sanctions. La première est la levée de toutes les mesures de rétorsion, qu'elles aient été introduites sous la présidence de Barack Obama ou de Donald Trump. Il ne s’agira donc pas seulement des sanctions en lien avec le nucléaire iranien. La deuxième concerne le processus qui ne doit pas être entrepris «étape par étape».

La troisième: les négociations à Vienne devront apporter des résultats sur le court terme ou elles seront suspendues, fait savoir l’agence de presse. Enfin, la quatrième: l'Iran devra «sans hâte» constater que les mesures de rétorsion ont été effectivement levées.

L’explosion de Natanz

Une explosion à l’usine iranienne d’enrichissement d’uranium Natanz s’est produite dimanche 11 avril. Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, cité par la télévision d'État, a accusé le 12 avril Israël d’avoir organisé le sabotage. Selon lui, les «sionistes» veulent «se venger» des «progrès» iraniens «en matière de levées de sanctions». Qui plus est, dans une lettre en date du 13 avril adressée au secrétaire général de l’Onu, M.Zarif qualifie les faits de «grave crime de guerre», relate Tasnim.

Téhéran - Sputnik Afrique, 1920, 13.04.2021
Après l’explosion de Natanz, Téhéran envoie un message aux USA sur leurs relations avec Israël
L’Iran n’est pas le seul pays à pointer l’État hébreu dans cette diversion. Le New York Times a en effet évoqué une explosion «délibérément planifiée», se référant à des responsables du renseignement américain restés anonymes qui ont confirmé le rôle d’Israël. Selon eux, l’incident pourrait empêcher l'Iran d'enrichir de l'uranium pendant des mois.

À noter que l'explosion de Natanz s’est produite moins d’une semaine après que la diplomatie américaine et l'Iran ont pris part aux nouveaux pourparlers à Vienne visant à relancer l'accord sur le nucléaire.

Paris veut une réponse coordonnée

La France a déjà réagi aux intentions de Téhéran d’augmenter l’enrichissement à 60%, évoquant «un développement grave» qu’elle condamne, d’après un communiqué de l’Élysée.

«Il s'agit d'un développement grave, que nous condamnons et qui nécessite une réponse coordonnée» de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni avec les États-Unis, la Russie et la Chine, indique la présidence française, citée par l’AFP.

L’accord sur le nucléaire iranien

L’accord de Vienne, officiellement connu comme plan d'action global conjoint (JCPOA), a été conclu en 2015 entre l'Iran et les six pays du groupe P5+1, à savoir les États-Unis (lorsque Barack Obama était Président et Joe Biden vice-Président), la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l'Allemagne. Le JCPOA prévoyant la levée des sanctions en échange de la limitation du programme nucléaire iranien n’a même pas duré trois ans. En mai 2018, le dirigeant américain de l’époque Donald Trump, qui avait qualifié le traité de «mauvaise affaire», a annoncé son retrait unilatéral et le rétablissement de sanctions à l’encontre de Téhéran.

l'ayatollah Ali Khamenei - Sputnik Afrique, 1920, 21.03.2021
«Nous ne faisons pas confiance à de simples promesses»: l’Iran évoque son éventuel retour dans le JCPoA
En 2019, soit un an après la sortie des États-Unis de l'accord, la République islamique d’Iran a annoncé une réduction progressive de ses obligations dans le cadre de JCPOA. Téhéran a alors renoncé aux restrictions en matière de recherche nucléaire, celles concernant le nombre de centrifugeuses, ainsi que le niveau d'enrichissement d'uranium. Qui plus est, fin 2020, l'Iran a adopté une loi intitulée «La mesure stratégique sur la levée des sanctions», selon laquelle l'intensification des activités nucléaires est prévue dans le but d’obtenir la levée des sanctions.

Conformément à cette loi, les scientifiques nucléaires iraniens ont déjà porté l'enrichissement d'uranium au niveau de 20%, bien que l'accord nucléaire le limite à 3,67%. Les capacités d'inspection de l'AIEA ont également été limitées depuis le 23 février. La loi prévoit l'utilisation de centrifugeuses plus puissantes.

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