«Rien de répréhensible»: des députés s’expliquent sur leurs dîners dans un club parisien

© Photo Pixabay / TerriCAu restaurant
Au restaurant - Sputnik Afrique, 1920, 29.04.2021
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Alors que les restaurants sont fermés depuis six mois et que la polémique des «dîners clandestins» organisés par M.Chalençon s’apaise, Le Monde révèle la tenue de repas «haut de gamme» dans un club parisien auxquels auraient participé plusieurs députés et chefs d’entreprise, dont le chef du groupe LR à l’Assemblée Damien Abad.

Plusieurs élus, fonctionnaires, chefs d’entreprise et même des journalistes auraient participé à des dîners d’affaires dans le luxueux club d’affaires parisien TP90, informe Le Monde dans son édition du 22 avril.

Selon le quotidien, le «restaurant d’entreprise» de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) a accueilli Damien Abad (chef du groupe LR à l’Assemblée) et Aurélien Pradié (député LR du Lot), mais aussi Alice Lefort (conseillère auprès du cabinet de la présidence de la République), Karine Grossetete (directrice des affaires publiques de la SNCF), Jean-Christophe Tortora (président du quotidien La Tribune) ou encore Muriel Pénicaud (ancienne ministre du Travail et représentante de la France auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques).

Le club, installé au dernier étage d’un immeuble luxueux de l’avenue des Champs-Élysées, dispose d’une terrasse avec vue sur la tour Eiffel. Les repas sont préparés par le chef étoilé Michel Sarran, juré star de l’émission Top Chef.

«Rien à me reprocher»

Contacté par Le Progrès ce 29 avril, M.Abad dénonce «l’amalgame qui peut être fait, alors qu’il n’y a rien de répréhensible». Le parlementaire reconnaît sa présence le 10 février à «un déjeuner de travail avec moins de six personnes, où nous étions à distance, et au cours duquel nous avons respecté les gestes barrières».

«C’était hors confinement et hors période de couvre-feu», souligne l’élu qui rejette le terme de dîner clandestin.

«Je n’ai rien à me reprocher», renchérit-il.

«Rien à voir avec un repas étoilé»

Aurélien Pradié, élu LR du Lot, figure aussi sur la liste des participants aux dîners du club d’affaires. Joint par La Dépêche le 27 avril, il confirme sa participation le 30 mars à un rendez-vous de travail organisé par la FNTP, mais précise qu’elle a eu lieu au siège administratif de la fédération et non au TP90.

«C'était un échange de deux heures qui a eu lieu en fin d'après-midi en présence du Président de la Fédération du bâtiment. Nous avons parlé de la LGV et des investissements concernant les travaux routiers, puis nous avons mangé debout, dans la salle de réunion, des plateaux-repas emballés de plastique qui n'avaient rien à voir avec un repas étoilé», assure le député.

Le service de communication de l’élu souligne auprès de La Dépêche que le député a bien assisté à «une réunion de travail au siège de la FNTP, mais pas dans le lieu indiqué». Le rendez-vous s’est tenu au siège de la FNTP, et non dans le club d’affaires TP90.

«Un dîner de travail autour des sujets économiques et sociaux»

Toujours selon Le Monde, le 18 janvier l’ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud a participé à un dîner dans le club d’affaires. Contactée par le quotidien, son attachée de presse avance «un dîner de travail autour des sujets économiques et sociaux».

Le Monde ajoute que le dîner a été organisé entre 20 heures et 22 heures, alors qu’à ce moment le couvre-feu était en vigueur à 18 heures. L’ancienne ministre n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet.

Réunions en toute discrétion

Joint par Le Monde, un lobbyiste parisien dont le nom n’a pas été divulgué affirme que ce genre de réunions est pratiqué pour garder la discrétion des échanges et que c’est une alternative aux visioconférences où il y a un risque de piratage informatique.

«Le gouvernement incite à organiser des visioconférences, mais dans ce cas, il y a un risque de captation d’images ou de son et les participants à ce genre d’échanges tiennent à leur discrétion. C’est pourquoi ils continuent de se voir dans ces clubs ou dans des salons loués dans des palaces», confie au Monde le lobbyiste.

Le chef étoilé, Michel Sarran précise pour sa part au Monde que de tels repas n’ont rien d’illégal ni de clandestin:

«Ce sont des repas où l’on sert avec le protocole qui est d’usage dans la restauration collective concernant les clubs, c’est-à-dire quatre par table, avec un espacement».

Même argument du côté de la représentante de la FNTP Sophie Cahen: «Depuis le début de la crise sanitaire, huit versions du protocole sanitaire élaborées […] ont été appliquées suite à chacune des recommandations gouvernementales. C’est ainsi que les déjeuners et les dîners de travail que nous avons organisés cette dernière année avec l’ensemble de nos parties prenantes (adhérents, élus, membres des cabinets ministériels, fonctionnaires, journalistes, représentants d’organisation professionnelle) l’ont été conformément aux recommandations sanitaires en vigueur».

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