Et si le plan de relance européen capotait? «Ce serait tout bon pour la France», estime François Asselineau

© AFP 2023 Geoffroy Van Der HasseltFrançois Asselineau
François Asselineau - Sputnik Afrique, 1920, 30.04.2021
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Annoncé en grande pompe, le plan de relance européen de 750 milliards d’euros sera-t-il réellement lancé? Neuf mois après, le doute est permis, alors que Bruno Le Maire a annoncé que les premiers paiements européens n’arriveraient en France qu’en septembre. Un capotage sur lequel table François Asselineau, président de l’UPR.

Signe de nervosité? Emmanuel Macron a de nouveau appelé ce 29 avril la Commission européenne à agir «très vite», «dès cet été», pour concrétiser le plan de relance de 750 milliards d’euros des 27 pays de l’UE, destiné à faire face à la crise du Covid-19. Deux jours auparavant, Bruno Le Maire demandait à ce que Bruxelles analyse les plans nationaux de relance «dès que possible» pour que l’Union européenne reste «dans la course» avec des États-Unis «en plein essor» et une croissance chinoise qui «est repartie». Arraché au forceps le 21 juillet 2020, cet accord européen n’a pas encore été mis en place, plusieurs pays ne l’ayant toujours pas ratifié.

La promesse du ministre de l’Économie que «l’argent européen arriverait au début de l’été, début juillet» se heurte donc à la réalité, contraignant le patron de Bercy à rétropédaler. Il a indiqué le 26 avril que les premiers financements européens seraient finalement crédités début septembre. Sur les 100 milliards d’euros du plan de relance français, Paris en attend 40 de Bruxelles. Le scénario catastrophe du blocage du plan de relance européen devient alors probable. Partisan du Frexit et président de l’UPR, François Asselineau s’en réjouit. Il s’en explique à Sputnik.

Lignes rouges –Jean-Baptiste Mendes reçoit François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine (UPR)

Le scénario du blocage, vraiment irréaliste?

C’est l’économiste Yves Perez qui a également envisagé cette hypothèse dans Valeurs actuelles, évoquant un plan qui risque de n’être qu’un «coup d’épée dans l’eau». Pour François Asselineau, «il ne ne faut pas du tout exclure» que la Pologne et la Hongrie «bloquent finalement le système», deux pays du groupe de Visegrád qui refusent depuis juillet 2020 que les aides européennes soient conditionnées au «respect de l’État de droit». Les 40 milliards d’euros dévolus à la France ne pourront être débloqués que lorsque les parlements des 27 pays membres auront ratifié le plan et donné «leur garantie souveraine à l’emprunt» de Bruxelles sur les marchés financiers:

«Il y aurait énormément de gens en France qui se scandaliseraient. Moi, je m’en réjouirais secrètement, avec ce que les Allemands appellent la schadenfreude –une joie maligne– parce que si ce système capotait, ce serait tout bon pour la France, puisqu’on ferait beaucoup mieux de faire une relance nationale, quitte à emprunter nous-mêmes sur les marchés financiers internationaux.»

Emmanuel Macron et Viktor Orban à Bruxelles en 2018 - Sputnik Afrique, 1920, 26.04.2021
La lenteur du plan de relance européen est-elle due à la Hongrie?
Selon lui, l’Union européenne ne fait donc pas la force, mais signe plutôt sa faiblesse. Il illustre son argumentation par la gestion par Bruxelles de la crise sanitaire ainsi que la course aux vaccins. Des petits pays comme Israël ou Singapour «font beaucoup mieux que les 450 millions de personnes de l’Union européenne», car il est «beaucoup plus efficace d’être petit, de savoir ce que l’on veut, de se battre pour son propre pays» que d’être en permanence impliqués dans «des compromis avec des États qui ont des intérêts opposés.»

Plan de relance, qui va payer?

On l’aura compris, le partisan du Frexit est résolument opposé à cet accord: «personne n’explique aux Français ce dont il s’agit» et d’où vient cette manne financière, selon lui. En réalité, la Commission européenne va devoir s’endetter auprès des marchés pour récolter les 390 milliards d’euros de subventions. «Il est prévu qu’elle les rembourse pendant trente ans, entre 2028 et 2058», déclare-t-il, en précisant que ces 390 milliards seront remboursés «au prorata des parts des pays dans le budget» de l'Union européenne.

​Après l’Allemagne, la France est le deuxième contributeur de l’UE, représentant 18% des contributions des États membres, atteignant ainsi 28,8 milliards d’euros en 2021. Si cette participation française était constante, cela signifierait que la France devrait rembourser pendant trente ans, 18% de 390 milliards d’euros, un chiffre estimé par François Asselineau environ à 78 milliards d’euros. Le rapport de Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances au Sénat et sénateur de Meurthe-et-Moselle, confirme approximativement ce chiffre, évoquant une échéance annuelle française de «2,5 milliards d’euros courants», ce qui résulterait d’un paiement de 75 milliards d’euros.

«Dans cette mécanique démentielle, les Français vont se faire plumer de l’ordre de 38 milliards d’euros, ils reçoivent 40, ils en paient 78 sans les intérêts, mais en plus en de ça, on dépense des sommes aussi monumentales pour se faire imposer des politiques à l’insu des Français.»

Un chiffre qui le scandalise d’autant plus que ces paiements sont théoriquement versés à chaque État membre en fonction de la dégradation de leur économie. «Il n’y a aucune raison pour que l’Italie ait deux fois plus de subventions que la France» – autour de 81 milliards d’euros– alors que Paris affiche un taux de croissance de -8,3%, relativement similaire au taux transalpin de -8,9%.

«La Pologne va être bénéficiaire, l’Italie va être bénéficiaire, puis il y en a un qui va être complètement plumé, c’est le coq gaulois.»
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