Sahel: l'intervention française ne devrait pas durer pour «demeurer légitime» selon Sarkozy

© Sputnik . Grigory Sysoev / Accéder à la base multimédiaL'ancien Président Nicolas Sarkozy
L'ancien Président Nicolas Sarkozy - Sputnik Afrique, 1920, 06.05.2021
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L'ancien Président Nicolas Sarkozy a estimé que pour «demeurer légitime» une intervention militaire comme celle menée par la France au Sahel ne devait pas se prolonger «au-delà de quelques années», dans un entretien au Point à paraître jeudi.

L'opération française Barkhane, lancée en août 2014 après l'opération Serval de 2013, est menée dans cinq pays (Tchad, Niger, Mali, Mauritanie, Burkina Faso) de la bande sahélo-saharienne, où sont déployés 5.100 soldats.

«Je ne crois pas qu'une intervention française puisse demeurer légitime quand elle se prolonge au-delà de quelques années», déclare M.Sarkozy. «5.000 soldats français sur un territoire grand comme dix fois notre pays ne peuvent assurer durablement la sécurité du Sahel», assure-t-il.

Selon lui, «la première intervention, au moment où des colonnes terroristes descendaient sur Bamako, s'imposait sans doute, mais nous n'avons pas vocation à rester indéfiniment. Car c'est en priorité aux pays africains concernés de mener, ensemble, ce combat».

L'ancien Président reconnaît «la grande complexité de ce sujet». Car «quand la France ne fait rien, elle est accusée d'inaction; et que quand elle intervient, elle est accusée d'ingérence».

Lui-même assume une nouvelle fois l'intervention militaire menée par Paris, Washington et Londres, sous l'ombrelle de l'Otan, en mars 2011 en Libye, dirigée par Mouammar Kadhafi, un «dictateur sanguinaire qui a déclaré qu'il allait faire couler des rivières de sang à Benghazi».

«Idriss Déby a été un allié de la France»

Interrogé pour savoir s'il aurait, comme Emmanuel Macron, assisté aux obsèques du dirigeant tchadien Idriss Déby, il assure qu'il se «serait sans doute posé la question» car «Idriss Déby a été un allié de la France, particulièrement précieux dans le combat contre le terrorisme djihadiste dans la région», même s'il reconnaît que «sa pratique interne du pouvoir au Tchad était plus que contestable».

Sur le génocide au Rwanda, M.Sarkozy dit «saluer la qualité» du rapport de la commission Duclert remis fin mars à Emmanuel Macron. Ce rapport accablant a conclu que si «rien ne vient démontrer» qu'elle s'est rendue complice du génocide, la France porte des «responsabilités lourdes et accablantes» dans la tragédie.

«La reconnaissance de la gravité extrême des erreurs, et dans certains cas des fautes qui ont été commises, est incontournable, inévitable et juste», a estimé M.Sarkozy, dénonçant «l'aveuglement dramatique d'un petit groupe au plus haut sommet de l'État: chef d'état-major particulier, cellule Afrique et le Président Mitterrand lui-même».
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