«Un grand soulagement»: accusé d’avoir traité un policier de «racaille de flic», Taha Bouhafs est relaxé

© SputnikTaha Bouhafs devant le tribunal de Créteil, le 11 mai 2021
Taha Bouhafs devant le tribunal de Créteil, le 11 mai 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 11.05.2021
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Interpellé lors d’une manifestation en juin 2019, Taha Bouhafs était poursuivi pour outrage et rébellion. Il a été totalement relaxé ce mardi 11 mai. Une victoire pour le journaliste et militant antiraciste qui assure qu’il ne compte pas en rester là. Sputnik était sur place.
«J’ai été relaxé de tous les chefs d’accusation qui pesaient sur moi».

Taha Bouhafs, journaliste militant antiraciste, fanfaronne comme à son habitude. Jugé le 10 mars dernier pour «outrage» et «rébellion» envers un policier, il vient d’être relaxé sur ces deux chefs d’accusation par le tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne), ce mardi 11 mai.

​Une décision ainsi motivée: «L’attitude adoptée par Taha Bouhafs relève de la résistance passive et non pas d’un acte de rébellion», selon l’AFP. Concernant le chef d’«outrage», le tribunal a considéré que Bouhafs n’avait «pas dit “racaille de flic” et que les propos énoncés ne pouvaient pas être outrageants» car la fonction du policier n’était «pas clairement identifiée» et ne pouvait donc «être connue de l'auteur».

«La justice a rendu une décision juste, malgré le fait que c’était un peu le monde à l’envers puisque j’ai été traîné dans les tribunaux sur le banc des accusés, alors que c’est moi qui suis la victime», avance Taha Bouhafs au micro de Sputnik.

Selon le jeune militant, cette affaire est avant tout symbolique: «C’est vraiment l’article 24 de la loi sécurité globale, c’est-à-dire que je filmais, un policier m’a demandé d’arrêter, j’ai refusé et j’ai été frappé. […] C’est exactement ce que l’on a dénoncé». Une vision que partage son avocat, Me Arié Alimi: «C'est le droit de la presse et le droit de l'information qui est aujourd'hui sauf», s’est-il félicité auprès de l'AFP.

Pour comprendre les événements, il faut remonter au 11 juin 2019 à Alfortville (Val-de-Marne). Ce jour-là, le journaliste couvrait pour le site d’information Là-bas si j’y suis, une manifestation de travailleurs sans papiers qui se déroulait devant la société Chronopost.

​Alors qu’il prend des images du piquet de grève, un premier policier en uniforme lui demande de reculer. Ce à quoi Taha Bouhafs rétorque: «Vous me poussez pas». Peu de temps après, la tension monte d’un cran lorsqu’un policier de la brigade anticriminalité, en civil, lui intime de cesser de filmer puis semble le pousser. S’ensuit alors un échange houleux avec le fonctionnaire de police: «Vous vous prenez pour un cow-boy? Vous vous croyez au-dessus de la loi?», s’exclame Taha Bouhafs, avant de crier: «Vous jouez les racailles, parce que c’est ce que vous êtes pour l’instant!». «C'est ça ce que tu dis, que je suis une racaille? [...] Fais attention à ce que tu fais», prévient l’agent de la BAC. Résultat des courses, l’activiste en rupture de ban de la France insoumise sera interpellé et se retrouvera avec une épaule déboîtée ainsi que dix jours d’incapacité total de travail.

«Aujourd’hui, j’ai encore mal à l’épaule. Je vais devoir me faire opérer, ce sont des séquelles physiques. Il y a aussi des séquelles psychologiques», détaille le journaliste militant.

Mais il prévient: «La bataille n’est pas finie». Et pour cause, avec son avocat Me Arié Alimi, Taha Bouhafs indique qu’ils «ont d’ores et déjà porté plainte pour faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique».

«Lors de mon audience, j’ai pu produire une vidéo qui montre mon interpellation du début à la fin et cela ne correspond en rien aux versions décrites par les policiers», affirme-t-il.

«Les policiers vont devoir s’expliquer sur leurs mensonges», menace Taha Bouhafs.

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