Un mineur de 13 ans enlevé par Boko Haram raconte l’enfer qu'il a vécu – exclusif

© SputnikMineurs enlevés par Boko Haram au Tchad, Abdelkadri Aboukar Kallah ( à gache) livre son histoire.
Mineurs enlevés par Boko Haram au Tchad, Abdelkadri Aboukar Kallah ( à gache) livre son histoire. - Sputnik Afrique, 1920, 11.05.2021
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Enlevé à l’âge de 13 ans par Boko Haram, Abdelkadri Aboukar Kallah a été captif pendant trois ans des terroristes et a réussi à s’enfuir en 2018. Le garçon comptait parmi neuf mineurs enlevés ce jour-là. Il livre son histoire à Sputnik.

Il avait 13 ans le jour où son village natal de Boudou Gandja, se trouvant dans le département de Kaya dans l’ouest du Tchad, a été attaqué par des membres du groupe terroriste Boko Haram*, qui a prêté allégeance à Daech*. Ce jour terrible, Abdelkadri Aboukar Kallah a perdu ses parents. Ils ont été fusillés devant ses yeux, et d’autres adultes ont été égorgés à coup de machette. À la fin de cette opération, le garçon a été enlevé avec d’autres mineurs dans la forêt où les terroristes étaient basés.

«Dans un premier temps, ils ont attaqué notre village tout entier en brûlant des maisons et en égorgeant des adultes et des vieillards. Nous étions neuf jeunes qui ont été emmenés avec eux dans la forêt. Je me sentais très mal, mais nous n’avions pas le choix.»

«Avec eux le paradis est garanti»

Enlevé en 2015, le jeune homme a passé presque trois ans avec Boko Haram avant de pouvoir s’échapper. Il avoue qu’au début il a fallu réapprendre à vivre avec les nouvelles règles imposées par les terroristes et résister tous les jours au lavage de cerveau.

«Les membres de la secte [Boko Haram, ndlr] nous ont expliqué qu'avec eux, le paradis est garanti et qu’il ne fallait pas suivre la voie de Satan. Pour eux, tous ceux qui sont en dehors de leur secte sont considérés comme des mécréants, des ennemis.»

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«S’adapter à leurs idéaux»

La vie quotidienne était très difficile, leurs nouvelles occupations n’avaient rien à voir avec la vie normale qu’ils avaient l’habitude de mener dans leur village natal. Aboukar Kallah certifie qu’il n’a pas été forcé à tuer, mais il y avait d’autres ordres durs à exécuter.

«Nos principales occupations étaient le prêche, l'entraînement aux fusils et aux stratégies d'attaque. Le plus dur c'était les stratégies d'attaque et puis de s'adapter à leurs idéaux.»

Libération soudaine

Après presque trois ans passés aux côtés des terroristes, ces jeunes garçons n’avaient plus d’espoir de s’enfuir et de revenir un jour chez eux. Mais ils ont eu de la chance – un repenti les a embarqués en fuyant le groupe.

«Je me suis libéré grâce à un repenti, qui voulait regagner la région où se trouvait mon village, c’est grâce à lui que je suis revenu. Grâce à lui, j’ai pu regagner ma famille et mon village natal.»

Il vit depuis quatre ans dans son village et voyage de temps en temps dans la région du lac Tchad pour voir des membres de sa famille. À 19 ans désormais, il rêve de se réaliser pleinement dans la vie.

«Mon plan pour l'avenir est d'avoir une activité professionnelle et plus particulièrement dans l'entrepreneuriat.»

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L’interview a été réalisée en langue kanembou avec l’aide de Mamadou Mahamat Souleymane, coordinateur provincial du Conseil national de la jeunesse du Tchad (CNJT) du Lac et chercheur au Centre d'études pour la prévention de l'extrémisme (CEDPE).

D’après M.Souleymane, depuis 2015, ont été décomptés entre 300 et 400 enlèvements de civils dans la région du lac Tchad. La situation a nettement changé, car il y a eu la mise en place des Comités de veille et de défense, et plusieurs campagnes de l’armée tchadienne ont «un peu réduit l’incursion de Boko Haram». En 2021, il y a eu plusieurs enlèvements, quatre attaques ont été signalées.

*Organisations terroristes interdites en Russie.

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