«Monsieur le garde des Sceaux, réveillez-vous!»: les policiers en colère contre Dupond-Moretti

© AP Photo / Francois MoriÉric Dupond-Moretti
Éric Dupond-Moretti - Sputnik Afrique, 1920, 20.05.2021
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Éric Dupond-Moretti a été critiqué par plusieurs responsables syndicaux lors du rassemblement en soutien aux forces de l’ordre. Ceux-ci lui reprochent une forme de laxisme et de complaisance à l’endroit des délinquants.

Deux semaines après le meurtre du brigadier Éric Masson, la colère des policiers semble s’être arrêtée sur le grade des Sceaux. Éric Dupond-Moretti a en effet été ciblé par plusieurs représentants syndicaux, lors d’une manifestation policière devant l’Assemblée nationale, qui a réuni 35.000 personnes, selon les organisateurs.

Les porte-parole syndicaux ont appelé la justice à seconder plus activement le travail des forces de l’ordre, par une réponse pénale à la hauteur. Olivier Varlet, secrétaire général d’UNSA Police, a notamment appelé à «frapper pénalement les petites frappes», demandant au garde des Sceaux de sortir de sa léthargie.

«La victime doit redevenir la priorité de la chaîne pénale […]. Il y en a assez des réformes pour le droit des auteurs, le droit des délinquants et le droit des voyous! Monsieur le garde des Sceaux, réveillez-vous!», a ainsi lancé le responsable syndical à la tribune.

Éric-Dupont Moretti, surnommé «acquitator» du temps de sa carrière d’avocat, a encore été attaqué sur sa supposée complaisance vis-à-vis des délinquants incarcérés. Le ministre avait notamment été acclamé par les détenus de Fresnes, lors de son premier déplacement officiel.

Interrogé par BFM TV sur ce déplacement, le garde des Sceaux avait par la suite précisé être «le ministre des prisonniers». Une petite phrase qui n’est pas passée inaperçue chez les syndicats de policiers, comme l’a rappelé à la tribune Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d’Alliance Police nationale.

«Quand on peut sans risques s’attaquer aux policiers, il est encore plus simple de s’attaquer aux citoyens. Que penser du message du garde des Sceaux qui déclare: "Je suis le ministre des prisonniers"», a ainsi déclaré le responsable syndical.

Le ministre de l’Intérieur hué

Éric Dupond-Moretti n’a cependant pas été le seul ministre pris à partie, puisque Gérald Darmanin, venu signifier son soutien aux forces de l’ordre, a essuyé quelques huées.

Plusieurs autres personnalités politiques se sont également rendues sur place, comme l’eurodéputé vert Yannick Jadot et Jordan Bardella, vice-président du RN. Le polémiste Éric Zemmour a également fait une apparition remarquée.

Le rassemblement n’a cependant pas conquis du côté de LFI, le parti annonçant dans un communiqué ne pas souhaiter se rendre aux manifestations. Ce 19 mai, Jean-Luc Mélenchon a pour sa part dénoncé une «manifestation au caractère ostensiblement factieux», lors d’une conférence de presse.

Réponse pénale

La vague d’indignation provoquée par le meurtre d’Éric Masson a poussé le gouvernement à recevoir plusieurs syndicats de police le 10 mai. L’exécutif tente notamment de réagir en matière de réponse pénale. Jean Castex a ainsi promis de porter à 30 ans la peine de sûreté pour les condamnées à perpétuité ayant commis un crime contre un policier ou un gendarme.

Cette proposition doit désormais faire l’objet d’un amendement au projet de loi «pour la confiance dans l’institution judiciaire» d'Éric Dupond-Moretti. Un texte que le garde des Sceaux a justement défendu le 18 mai devant l’hémicycle, adressant au passage quelques piques aux syndicats de police. Le ministre a ainsi dénoncé les «attaques incessantes et l’instrumentalisation nocive» dont la justice fait selon lui l’objet, rappelant que «police et justice sont dans la même barque républicaine».

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