Plus de limitations sur les missiles de Séoul: encore un jeu de Washington contre Pékin?

© Sputnik . Maria Plotnikova / Accéder à la base multimédiaSéoul
Séoul - Sputnik Afrique, 1920, 24.05.2021
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Les dirigeants sud-coréen et américain ont convenu samedi à Washington que les limitations de création et d’utilisation des missiles d’une portée de plus de 800 km seraient levées pour Séoul. Quels seraient les dessous de cette décision?

Séoul pourra désormais créer et utiliser des missiles d’une portée supérieure à 800 km. La décision ad hoc a été annoncée à l’issue de la rencontre entre les dirigeants américain et sud-coréen ce week-end. Comme le rappelle à Sputnik Yang Uk, professeur adjoint à la Graduate School of Business Administration and National Defense Strategy, auprès de l’université Hannam, la décision de doter la Corée du Sud de la possibilité de développer des missiles balistiques a été prise sous Park Chung-hee (1962–1979). Or Washington, redoutant que Séoul ne s’engage dans la voie du développement de armes nucléaires, des limitations ont été introduites. D’abord, le feu vert a été donné pour 180 km, ensuite pour 300 km.

Une série d’événements, dont le naufrage de la corvette Cheonan, en 2010, connu sous le nom d’incident de Baengnyeong, ou le bombardement de l’île de Yeonpyeong cette même année, ont de nouveau soulevé la question du bridage: en 2012, elle a été relevée jusqu’à 800 km.

«Toutefois Washington redoutait qu’octroyer à l’allié la possibilité de développer indépendamment les armes de missiles pourrait torpiller la stabilité régionale, alors que les États-Unis soutenaient le statu quo». Ainsi, en dépit des insistances,ils ne se décidaient pas à changer quoi que ce soit, explique-t-il.

«Tout voir à travers le prisme de la confrontation avec la Chine»

Or, depuis la situation a évolué pour les États-Unis eux-mêmes, estime l’expert. «Et ils ont commencé à tout examiner à travers le prisme de confrontation avec la Chine. [...] On peut dire que les États-Unis ont admis que la sécurité régionale en Asie du Nord-Est est désormais hors du contrôle de Washington et ont décidé qu’il serait mieux de doter leur allié d’une position stratégique car la Corée du Nord perfectionne ses armements et les menaces militaires émanant de Chine ont considérablement grandi», poursuit le spécialiste. Lequel ajoute que pour le moment, il ne s’agit que d’une opportunité pour Séoul et que les menaces poussant le Sud à développer des missiles de portée moyenne ou intercontinentale n’existait pas.

«Continuation du THAAD»

Kim Dong-yup, professeur à l’Institut des problématiques de l’Extrême-Orient auprès de l’université de Kyungnam, estime pour sa part que le fait que la Corée du Sud a été dotée de l’opportunité de développer indépendamment des missiles balistiques peut être interprété comme le retour à la souveraineté.

«Mais en effet, les États-Unis qui n’ont plus d’argent, ni de forces pour cela, nous ont tout simplement remis cette tâche. L’objectif est de jeter un froid dans les relations entre la Corée du Sud et la Chine. En cela, à mon avis, ce n’est que la continuation du THAAD [Le Terminal High Altitude Area Defense, ce système de missiles antibalistiques américain, en service depuis 2008, ndlr]».
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