L’UE et les États-Unis «ne manquent pas d'air»: Dmitri Medvedev évoque le niveau de tensions inédit avec la Russie

© Sputnik . Dmitri Astahov / Accéder à la base multimédiaLe premier ministre russe Dmitri Medvedev
Le premier ministre russe Dmitri Medvedev - Sputnik Afrique, 1920, 01.06.2021
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À l’approche du premier sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden, Dmitri Medvedev, chef du parti au pouvoir Russie unie et ex-Président du pays, constate que les relations entre la Russie, l’UE et les États-Unis se sont «considérablement détériorées» et sur certains points sont même pires qu’à l’époque de la guerre froide.

À deux semaines du premier sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden, l’ancien Président, ex-chef du gouvernement russe et actuel président du parti au pouvoir Russie unie, Dmitri Medvedev, revient sur les relations entre Moscou, Bruxelles et Washington dans une interview au journal russe Kommersant. Il déplore un niveau de tensions inédit.

«Ces dernières années, ces relations [entre la Russie, l’Union européenne et les États-Unis, ndlr] se sont considérablement détériorées. Et ce n'était pas de notre initiative. Je considère que c’est mauvais, qu'en termes économiques, tout le monde a beaucoup perdu. C’est mauvais pour la situation générale dans le monde», constate-t-il.

Dmitri Medvedev, adepte des nouvelles technologies et fan de musique rock, fait preuve d’un certain optimisme. La détérioration des relations russo-occidentales doit être traitée «sans fatalisme». «Tout peut revenir», assure-t-il.

«Nous avons besoin de relations stables, bonnes, de bon voisinage et bénéfiques pour tous avec l’UE et les États-Unis. […] Il nous faut d’autres principes de coopération qui soient normaux et durables. J’espère que cela arrivera notamment grâce à l’activité russe internationale», a-t-il indiqué.

Sur la réunion de Poutine et Biden

D’après Dmitri Medvedev, la première réunion en tête-à-tête entre Vladimir Poutine et Joe Biden prévue en juin, sera «au minimum» une occasion de «discuter les thèmes les plus compliqués et conflictuels».

La rencontre entre les Présidents russe et américain est fixée au 16 juin à Genève, mais les deux parties restent réservées. Le Président russe pourrait évoquer les questions du contrôle des armements et de la stabilité stratégique en évitant celle des sanctions. La Maison-Blanche a fait savoir que Biden parlerait de la situation en Ukraine et en Biélorussie.

Sur les tensions avec l’Occident

Dmitri Medvedev, nommé vice-président du Conseil de sécurité russe après sa démission de la tête du gouvernement en 2020, évoque la fatigue due aux tensions avec les pays européens et Washington.

«Il n’y a pas que quelques personnes qui en ont assez de la confrontation. Je vais vous dire plus: nous sommes tous fatigués de la confrontation. Qui l'aime? Personne. Moi non plus je n'aime pas ça. Je suis sûr que le Président ne l'aime pas, et mes autres collègues ne l'aiment pas non plus», insiste-t-il.

D’après lui, dans le cas de la Crimée, les États-Unis et les pays européens auraient pu se comporter différemment. Suite à la réintégration de la Crimée à la Russie en 2014, qui est considérée par l’Occident comme une annexion du territoire ukrainien, l’UE et les États-Unis ont accusé la Russie d’ingérence et introduit une série de sanctions.

«L'Occident […] aurait pu se comporter d’une manière beaucoup plus nuancée et intelligente: ne pas détruire ses relations avec nous et en même temps déclarer certaines de ses préoccupations. Mais ils ont tout détruit, ont coupé les ponts», déplore-t-il.

Des partenaires qui «ne manquent pas d'air»

«Malheureusement, nos partenaires occidentaux ne manquent pas d'air à cause de leur pouvoir, surtout depuis l’effondrement du Pacte de Varsovie. C’est vrai. En effet, auparavant aucun pays n’avait tenté d’amener la confrontation avec notre pays à un tel niveau», a indiqué Medvedev.

De plus, «sur certains points», les relations avec l’Occident sont actuellement pires qu’à l’époque de la guerre froide, assure-t-il.

«[Auparavant, à l’époque soviétique, ndlr] aucun pays n'avait jamais pensé à couper toutes les voies de communication. Mais qu'ont fait nos partenaires, par exemple, dans l'Union européenne ou aux États-Unis? Ils ont commencé à imposer des sanctions individuelles», regrette l’homme politique russe.

«Et même l'expulsion de diplomates, qui s'intensifie actuellement, n'avait pas été pratiquée à un tel point auparavant. Oui, il y a eu des cas similaires, mais jamais en pareille mesure», s’étonne-t-il.

Ces derniers mois, la Russie a fait face à une vague d'expulsions de ses diplomates par des pays européens, notamment par la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne, l’Italie. En avril, des fonctionnaires tchèques ont désigné des agents russes comme responsables d'explosions dans des dépôts d'armes en 2014. Les États-Unis ont eux aussi expulsé des diplomates russes suite à des accusations sur une implication russe dans les élections américaines.

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