Les géants de la Silicon Valley tels que Facebook, Twitter et YouTube se sont autoproclamés arbitres de la vérité sur des questions controversées qui méritent un large débat. Les récents événements liés à la pandémie de Covid-19 et à ses origines devraient suffire à remettre en cause le pouvoir que Big Tech s’est arrogé de limiter la liberté d’expression sous prétexte de lutter contre la «désinformation».
Anthony Fauci a depuis modéré son point de vue sur les origines du virus. Lorsqu’on lui a demandé s’il croyait toujours que le virus était un phénomène naturel, il a répondu: «Je ne suis pas convaincu de cela. Je pense que nous devrions continuer à enquêter sur ce qui s’est passé en Chine jusqu’à ce que nous découvrions au mieux de nos capacités ce qui s’est passé.»
Que signifie cette volte-face pour les petites mains qui contrôlent la liberté d’expression? François-Bernard Huyghe, responsable de l’Observatoire géostratégique de l’information, explique les enjeux de la censure que pratiquent les géants technologiques américains:
«Les Gafam se présentaient avant comme les champions de la liberté illimitée. Puis à partir de 2016, ils se sont trouvés mis en accusation d’être l’écosystème de toutes les fake news, parfois devant le sénat aux États-Unis. Progressivement, ils ont pris énormément d’engagements de lutter contre les contenus haineux, fake news et assimilés. Au moment de l’épidémie, on a assisté à l’explosion de ce que l’OMS a appelé "infodémie" parce qu’il va avoir une explosion de nouvelles fausses ou douteuses ou fantaisistes ou délirantes sur à peu près tout. Et l’origine de la pandémie était au centre de ces publications.»
Pour l’expert, une seule question sous-tend cette censure du débat autour du Covid-19 par les réseaux sociaux eux-mêmes:
«Où devons-nous mettre la limite entre une information qui serait dangereuse pour ceux qui la croient et qui serait visiblement antiscientifique, et une information qui repose sur les probabilités, l’hypothèse et la responsabilité? Parfois, c’est très troublant.»