La Biélorussie prête à adopter des sanctions en réponse à celles de l’UE

Minsk - Sputnik Afrique, 1920, 06.06.2021
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Les autorités biélorusses ont annoncé avoir préparé une série de mesures qu’elles peuvent prendre en réaction aux restrictions imposées par l’Union européenne à la suite de l’escale imprévue d’un vol de Ryanair à Minsk.

Un projet de réponse biélorusse aux sanctions européennes est déjà prêt, mais la Biélorussie espère que l’Occident renoncera à l’idée de la sanctionner, a déclaré ce samedi 5 juin le Premier ministre biélorusse Roman Golovtchenko à la chaîne de télévision Belarus 1.

«Nous espérons que les têtes chaudes vont se calmer et évaluer, entre autres, les intérêts de leurs entreprises en Biélorussie […]. Nous sommes pour la paix dans la région, pour la politique de bon voisinage, nous voulons nouer des relations de partenariat égal. Nous avons tout fait pour atteindre cet objectif. Mais lorsqu’il s’agit du préjudice causé à nos entreprises, nous avons le droit de le compenser. Un ensemble de mesures est prêt qui doit répondre aux sanctions», a indiqué le Premier ministre.

Quelle peut être la riposte biélorusse?

La Biélorussie peut notamment renoncer aux technologies européennes et américaines au profit des technologies russes et asiatiques et imposer des restrictions à l’égard des produits de consommation courante occidentaux, selon M.Golovtchenko.

«Rien que la Chine peut remplacer 90% des technologies européennes et américaines. Il y a en outre des technologies russes, qui se développent activement».

Le Premier ministre a estimé que le préjudice porté à Minsk par les sanctions financières et commerciales de l’Occident ne dépasserait pas 3% du PIB national. «Mais nous n’allons pas nous taire et attendre qu’on nous porte ce préjudice», a-t-il ajouté.

Sanctions européennes

Le 4 juin, l’UE a formellement interdit aux avions biélorusses d’utiliser l'espace aérien et les aéroports de l'UE à partir du 5 juin et recommandé aux avions européens d’éviter de survoler la Biélorussie.

L'interdiction ne s'applique pas aux vols humanitaires, ainsi qu'aux atterrissages et vols d'urgence. Cette mesure s'inscrit dans le cadre des sanctions économiques contre la Biélorussie que les pays européens critiquent depuis l’atterrissage imprévu d’un avion de Ryanair à Minsk le 23 mai.

Après l’adoption des sanctions contre Minsk, l'Association du transport aérien international (IATA) a appelé l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) à ne pas faire l’amalgame entre la politique et les questions de la sécurité aérienne. «La sécurité aérienne ne doit jamais être politisée», a déclaré le président de l’IATA, Willie Walsh, dans un communiqué.

Incident de Ryanair

Le 23 mai, un Boeing 737-800 de la compagnie aérienne à bas prix Ryanair, qui effectuait le vol FR4978 Athènes-Vilnius, s’est posé en urgence à Minsk suite à une alerte à la bombe. Un MiG-29 a décollé pour escorter l’avion. Selon le commandant de l’armée de l’air du pays Igor Goloub, le chasseur devait aider l’avion de ligne à suivre le couloir aérien mis à sa disposition et à communiquer avec les aiguilleurs du ciel en cas d’explosion à bord.

L’alerte à la bombe s’est révélée fausse après l’atterrissage. Lors d’un contrôle d’identité, deux passagers du vol, le Biélorusse Roman Protassevitch et une Russe, Sofia Sapega, ont été arrêtés. M.Protassevitch est le fondateur d’une chaîne Telegram considérée comme «extrémiste» par Minsk. Il était recherché par la justice de son pays dans le cadre de plusieurs enquêtes pénales.

Bruxelles a accusé Minsk d’avoir détourné l’avion. Selon la Biélorussie, l’équipage a décidé de se poser à Minsk sans aucune contrainte, alors qu’il ne lui restait que deux minutes de vol jusqu’à Vilnius.

«Il pouvait ne pas suivre la recommandation des aiguilleurs du ciel, deux minutes plus tard il aurait quitté l’espace aérien biélorusse pour la Lituanie et cela serait devenu un problème pour les services aériens lituaniens – une bombe présumée à bord qui risquait d’exploser au-dessus de Vilnius», a noté M.Goloub.

Le 27 mai, le conseil de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a décidé de lancer une enquête pour établir les circonstances de l’incident.

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