Levée de boucliers contre les propos de Mélenchon qui s’attend à un «incident ou un meurtre» avant la présidentielle

© AFP 2023 LUDOVIC MARINJean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon - Sputnik Afrique, 1920, 07.06.2021
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Politiques, avocats et proches de victimes… Nombreux sont ceux qui ont condamné les propos «complotistes» de Jean-Luc Mélenchon qui prédisent la survenue d’un «grave incident ou un meurtre» peu avant la présidentielle, citant l’exemple de 2012 et 2017. La justice pourrait être saisie si le chef insoumis ne retire pas ses propos.

Le dernier dérapage du chef de file des Insoumis n’a laissé personne indifférent dans le monde politique. En toute certitude, il a prédit un «grave incident ou un meurtre» peu avant la présidentielle, et «tout ça c’est écrit d’avance», a lancé le député insoumis ce dimanche.

Au lieu de se justifier, le chef de La France insoumise (LFI) a choisi de suivre le principe de «la meilleure défense est l’attaque», en évoquant un article du Figaro de 2017 sur les attentats en pleines campagnes présidentielles.

Sur Twitter, M.Mélenchon est passé à l’offensive: «Les complotistes anticomplotistes sont de sortie. Ils nient que les assassins font leur coup au moment qui fait parler d’eux. Propos ineptes. À moins que ce soit pour les couvrir.»

«Complotistes» et «honteux»

Sans surprise, cette intervention a provoqué nombre de critiques parmi les politiques, avocats de victimes et membres du gouvernement.

Sur BFM TV/RMC, Marlène Schiappa a qualifié ces propos de «honteux», dénonçant «un mélange de paranoïa et de complotisme».

Une autre membre du gouvernement, la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et de l'Engagement Sarah El Haïry, a écrit sur Twitter que «les masques tombent une fois de plus». Pour elle, M.Mélenchon est un «irresponsable politique qui salit ceux qui sont tombés face aux terroristes».

«Je suis scandalisé. Au nom d’une stratégie présidentielle, Jean-Luc Mélenchon en est à tenir des discours nauséabonds, extrêmement vicieux. Comment peut-il nier à ce point la gravité des problèmes d’islamisme ou de sécurité qui sont actuellement posés à la société française? En ce qui concerne sa référence aux meurtres de Mohammed Merah, je suis totalement sidéré et je pense à cet instant à l’extrême douleur des familles de victimes», a déclaré à La Dépêche du midi le maire de Toulouse où le terroriste a sévi en 2012.

Sur Sud Radio, le président du groupe MoDem à l'Assemblée nationale, Patrick Mignola, a également dénoncé des «propos choquants pour les victimes» des attentats de 2012 et 2017 mentionnés par Mélenchon et «cyniques» car «pas dénués d'arrière-pensées».

«Islamogauchiste, complotiste... Dans quel cul de basse fosse finiront cet homme et son mouvement?», a tweeté pour sa part Robert Ménard, édile de Béziers.

Les attentats dont Mélenchon a parlé

Dans son discours, le leader insoumis a appuyé ses propos controversés en évoquant trois attaques:

  • L'affaire Paul Voise ou «Papy Voise», du nom d’un retraité agressé dans son habitation à Orléans. Le 18 avril 2002, deux individus ont tenté de le rançonner, puis l’ont roué de coups et incendié sa maison avant de prendre la fuite.
  • Entre le 11 et le 19 mars 2012, sept personnes, dont trois militaires et quatre civils, ont perdu la vie dans une série d'attentats attribués à Mohamed Merah, à Toulouse et Montauban.
  • L’attentat sur les Champs-Élysées ayant eu lieu le 20 avril 2017 en pleine campagne présidentielle. L’islamiste Karim Cheurfi a tiré avec un AK-47 sur un fourgon de police, tuant le conducteur, Xavier Jugelé, et blessant deux autres policiers avant d’être abattu.

«Ça a été Merah en 2012, ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs-Élysées. Vous vous rappelez de tout ça, c’était la dernière semaine. Avant, on avait eu Papy Voise dont plus personne n’a entendu parler après. Donc tout ça c’est écrit d’avance. Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau, nous aurons l’événement gravissime qui va une fois de plus permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile. Voilà», a-t-il déclaré ce dimanche.

Des proches de victimes parlent

Me Patrick Klugman, avocat de Samuel Sandler, dont le fils et les deux petits-fils ont été tués par Mohamed Merah, a prévenu lundi sur Twitter qu'il saisirait la justice si M.Mélenchon ne retirait pas ses propos.

Latifa Ibn Ziaten, dont le fils militaire a été tué par Mohammed Merad, les a jugés dimanche «inadmissibles», dans un tweet relayé notamment par le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure.

«Ce sont les propos de quelqu'un qui a perdu tout sens des réalités et de la noble politique», a dénoncé sur Franceinfo Albert Chennouf-Meyer, le père d'un militaire tué par Merah.
LFI au créneau pour le défendre

Clémentine Autain, tête de liste LFI aux régionales en Île-de-France, a exprimé sur CNews sa «solidarité profonde avec les victimes notamment de l'attentat de Mohamed Merah».

Jean-Luc Mélenchon «n'est pas complotiste», a-t-elle assuré. Mais «d'autres ont volontairement mal compris et déformé ses propos», qui étaient «ramassés» dans «une émission d’une heure», a-t-elle ajouté, assurant que Jean-Luc Mélenchon «ne minimise pas ces attentats».

En défendant le chef de son parti, elle n’a pas manqué de lancer une pique contre le Rassemblement national, dont la présidente Marine Le Pen «distille un venin qui divise le pays».

«La croisade anti-Mélenchon se poursuit», a renchéri pour sa part le numéro deux de LFI Adrien Quatennens sur Twitter, assurant que le leader du mouvement «dénonçait l'instrumentalisation, prévisible, écrite d'avance, de tels événements en période électorale.»
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