Pécresse a sorti des chiffres «du chapeau» à Paris pour plaider en faveur de la vidéosurveillance

© AP Photo / Laurent CiprianiValérie Pécresse
Valérie Pécresse - Sputnik Afrique, 1920, 09.06.2021
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Le président de l’Association nationale de la vidéoprotection a démenti les chiffres relayés plutôt par Valérie Pécresse pour saluer la contribution de la vidéosurveillance à l’élucidation des délits, les qualifiant de «sortis du chapeau en pleine campagne électorale».

Les déclarations de la présidente du Conseil régional d’Île-de-France Valérie Pécresse sur les effets positifs de la vidéosurveillance sur le taux d’élucidation des délits ont été passées au crible par 20 Minutes et Franceinfo.

Souhaitant défendre le recours à la vidéosurveillance pour lutter contre l’insécurité dans les transports, la candidate à sa réélection aux régionales, Mme Pécresse, s’est vantée le 1er juin auprès du Figaro d’avoir augmenté «de 20 à 30% le taux d’élucidation des délits» grâce aux caméras déployées dans les transports.

«Voilà la réalité des faits à opposer à ceux qui, à gauche, disaient: “ce sont les caméras Pécresse des femmes en détresse, ça ne marche pas!” Si on veut traiter les images, il faudra de l’intelligence artificielle pour repérer les comportements suspects. Aujourd’hui, 30% des délits sont repérés par vidéo.»

Des «сhiffres sortis du chapeau»

Pour retrouver les origines de ces informations, relayées par l’ancienne conseillère de Jacques Chirac, 20 Minutes a contacté Dominique Legrand, président de l’Association nationale de la vidéoprotection (AN2V), une organisation plaidant pour le développement des caméras dans l’Hexagone.

«Il est évident que la vidéosurveillance aide à la résolution des crimes et délits, mais il n’existe pas d’étude d’évaluation sur le sujet, car il est quasi-impossible d’affirmer que la vidéosurveillance est la seule cause de la résolution d’un méfait», a expliqué M.Legrand auprès du quotidien.

Sollicitées, toujours sollicitées par 20 Minutes, les équipes de Mme Pécresse ont assuré que les chiffres en question avaient «été présentés oralement» lors de la visite que la candidate aux régionales et Frédéric Péchenard, vice-président de la région chargé de la sécurité, avaient rendue le 22 avril au centre de coordination opérationnel de sûreté, se trouvant dans les locaux de la préfecture de police de Paris.

«C’est au cours de cette visite que le préfet de police de Paris, Didier Lallement, et le sous-directeur de la police régionale des transports ont présenté les chiffres de la vidéoprotection. De source préfectorale, un tiers des arrestations dans le métro est dû à la vidéoprotection et la vidéoprotection augmente le taux d’élucidation de 20 à 30%.»

Alors que la préfecture de police n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet auprès du quotidien, une source policière a démenti l’existence des chiffres évoqués par Mme Pécresse.

«Ces chiffres bien commodes me paraissent plutôt sortis du chapeau en pleine campagne électorale», a jugé Dominique Legrand de l’AN2V.

Reconnaissance faciale dans les aéroports?

Quant à l’utilisation de la reconnaissance faciale pour comparer les visages des passagers dans le fichier des personnes recherchées (FPR), le juriste spécialisé dans les données personnelles Arthur Messaud a tranché auprès de Franceinfo:

«Il s’agit seulement d’un dispositif d’authentification de l’identité. Les fichiers de personnes recherchées ne peuvent pas être utilisés pour de la reconnaissance faciale.»

Même si ce système de passage automatisé rapide aux frontières extérieures (PARAFE) est expérimenté dans les aéroports, il est utilisé sur la base du volontariat et vérifie si le visage d’une personne correspond à l’image dans son passeport.

Or, tout en souhaitant «un débat national sur l’utilisation de la reconnaissance faciale à l’entrée des transports en commun, pour repérer les terroristes recherchés», Valérie Pécresse avait estimé dans les colonnes du Figaro:

«Quand on prend l’avion, on l’utilise. Quand on prend le train ou le RER, non. C’est injustifiable d’être mieux protégé dans un avion que dans le train de banlieue, alors que le risque terroriste est actuellement si présent.»
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