«Je n’avais jamais vu ça»: les gendarmes cassent à coups de hache des appareils des organisateurs du «teknival» de Redon

© AFP 2023 LOIC VENANCE L'évacuation de la fête sauvage à Redon, le 19 juin 2021
 L'évacuation de la fête sauvage à Redon, le 19 juin 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 22.06.2021
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Les organisateurs de la fête sauvage de Redon évacuée ce week-end envisagent de porter plainte suite à la destruction brutale de leur matériel de sonorisation, assez coûteux, par des gendarmes et des CRS à coups de haches et de tonfas.

Un «teknival» qui a eu lieu à Redon, en Bretagne, dans la nuit du 18 au 19 juin, a été évacué par les forces de l’ordre. Le rassemblement avait été interdit par un arrêté préfectoral daté du 17 juin «face aux risques d’ordre public et sanitaire que représente ce type de regroupement». Mais si les organisateurs sont habitués aux évacuations de ces fêtes interdites, ils s’indignent de la méthode adoptée cette fois par les forces de l’ordre.

Suite à l’évacuation musclée, plusieurs blessés ont été constatés. De plus, les organisateurs révèlent d’importants dégâts matériels: les gendarmes et les CRS ont détruit leurs appareils de sonorisation à plusieurs milliers d’euros.

«Le seul but, c’était de détruire»

Victor Lacroix, représentant de l’association Media’Son connue dans l’organisation des événements festifs, indique à Ouest-France que «les gendarmes ont agi avec des tonfas, des haches et des masses».

«On n’a eu aucun dialogue. Le seul but, c’était de détruire. Je n’avais jamais vu ça. Ni en France, ni même en Europe», s’indigne-t-il auprès de 20 minutes.

​Selon l’avocate des organisateurs Marianne Rostan, l’action des forces de l’ordre s’est déroulée en toute illégalité.

«Cela fait des années que je les défends. C’est la première fois que je vois ça […]. Seules les saisies sont autorisées. La destruction des biens ne peut avoir lieu que sur ordre du procureur, et uniquement s’ils sont considérés comme dangereux», avance l’avocate auprès de 20 minutes.

De son côté, le procureur de la République de Rennes a fait savoir au même média «qu’aucune instruction […] n’a été donnée au-delà» de la saisie de certains biens. Quant au ministère de l’Intérieur, le 19 juin, jour de l’évacuation, il avait informé de la «saisie provisoire des matériels utilisés, notamment les appareils de sonorisation». Aucune mention de destructions possibles n’y est ajoutée.

Le préjudice

Selon le parquet, la liste des biens confisqués inclut «une platine, trois tables de mixage et trois amplificateurs».

Les organisateurs estiment le préjudice entre 100.000 et 200.000 euros. «Pour un ordinateur portable et un contrôleur, il faut compter entre 1.000 et 2.000 euros. Un ampli, ça vaut 1.000 euros pièce. Ils en ont détruit des dizaines», détaille Lacroix auprès de Ouest-France. De plus, une partie du matériel, ainsi que les groupes électrogènes, avaient été loués.

«C’est détruire pour détruire», avancent les organisateurs auprès de 20 minutes alors qu’ils envisagent de porter plainte pour dégradations.

Les gendarmes dénoncent «une déferlante de violences»

Si les gendarmes locaux ainsi que la préfecture de l’Ille-et-Vilaine n’ont pas voulu s’exprimer au sujet de la dégradation de ce matériel, les forces de l’ordre évoquent «une déferlante de violences» à leur encontre.

Ainsi, la lieutenant-colonel Maddy Scheurer, porte-parole de la Gendarmerie nationale, a déclaré le 19 juin sur Europe 1 que les gendarmes avaient été victimes de jets de projectiles en tout genre qui avaient «a minima l’intention de blesser dans nos rangs, voire davantage».

Environ 1.500 personnes ont participé à cette rave party organisée en hommage à Steve Maia Caniço, mort en 2019 en pleine intervention policière lors de la fête de la musique à Nantes, malgré l’interdiction formulée par les autorités.

Le rassemblement a été définitivement évacué le 19 juin, le deuxième jour de la rave party. La veille, dans la nuit du 18 au 19 juin, d’importants affrontements avaient éclaté. Au total, une dizaine d’interpellations a eu lieu d’après les gendarmes. Six blessés légers parmi les forces de l’ordre ont été constatés. Un participant de 22 ans a eu la main arrachée dans des circonstances qui restent à déterminer.

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