Au Mali, l’armée française aurait frappé des civils lors d’au moins trois bombardements depuis 2020, révèle Mediapart

© AFP 2023 DAPHNE BENOITL'opération Barkhane
L'opération Barkhane - Sputnik Afrique, 1920, 28.06.2021
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Alors que le retrait progressif de la force Barkhane a été annoncé, Mediapart revient sur trois de ses frappes qui auraient fait des victimes parmi les civils depuis 2020, remettant en question ses règles d’engagement.

Dans une enquête publiée ce lundi 28 juin, Mediapart met en lumière trois frappes de l’opération Barkhane, toutes au Mali, qui auraient totalisé des dizaines de victimes civiles. S’appuyant sur l’avis de chercheurs et témoins, le média s’interroge sur les règles d’engagement de l’armée française, à savoir si elle procède à des «frappes signatures».

Ce type de frappe vise une personne ou un groupe de personnes dont l’identité est inconnue mais dont les «activités observées depuis le ciel semblent correspondre à un profil considéré comme suspect», décrit l’ONG Amnesty International, laquelle dénonce un «risque de priver des personnes de la présomption de statut civil et de mener à des attaques directes contre des civils».

Victimes civiles

Mediapart cite d’abord une frappe au camp de Fatawada, le 7 février 2020. Par coutume religieuse, des personnes ont enterré des djihadistes tués la veille «lorsqu’un drone de Barkhane les a bombardés, tuant entre une douzaine et une trentaine de civils qui étaient présents». Ces faits ont été rapportés par des témoins oculaires dans une enquête du site Sahelien, lequel mentionne de son côté 43 civils tués par l’armée française au Mali depuis 2018.

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Plus médiatisée, la frappe au village de Bounti, le 3 janvier 2021, aurait tué 22 personnes, dont 19 civils participant à un mariage. C’est ce qu’a conclu le rapport de la MINUSMA, la mission de l’Onu au Mali. L’armée française l’a contesté, mettant en cause sa méthodologie et les témoignages qui ont conduit à ces conclusions.

Enfin, le 25 mars 2021, cinq à six jeunes à moto ont été tués à Talataye, identifiés à tort comme des djihadistes alors qu’ils étaient partis chasser, affirme Mediapart sur la base de témoignages d’élus locaux. Contacté par le média à propos de cette frappe et de ses règles d’engagement, le ministère des Armées a évoqué le secret de la défense mais a assuré ne pas faire usage de «frappes signatures».

Usage de drones

Ces méthodes, déjà pratiquées par les États-Unis notamment, remettent en cause l’usage de drones armés, utilisés par l’armée française depuis 2019, que ce soit pour identifier des cibles ou effectuer des frappes. Un rapport de l’Onu publié en mars a notamment averti sur l’attaque d’un drone militaire autonome en Libye ayant ciblé des militaires, mais sans ordre direct.

Depuis plusieurs années, des ONG comme Human Rights Watch, mais aussi l’Onu depuis 2017, souhaitent mettre en place un instrument juridique contraignant pour encadrer l’usage de drones militaires, en particulier ceux dotés d’un logiciel d’intelligence artificielle.

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