La pandémie a creusé l’écart entre riches et pauvres: les milliardaires se sont enrichis partout

© AP Photo / Cliff OwenJeff Bezos
Jeff Bezos - Sputnik Afrique, 1920, 07.07.2021
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La pandémie de Covid-19 a vu s’enrichir les grandes fortunes mondiales au détriment des populations les plus pauvres, selon un rapport de l’Onu. L’apparition de certains nouveaux milliardaires est même directement liée au virus.

Un rapport de l’Onu publié mardi 6 juillet alerte sur les conséquences du coronavirus sur les inégalités de revenus au niveau mondial. Depuis le début de la crise sanitaire, entre 119 et 124 millions de personnes ont basculé dans la pauvreté, et quelque 255 millions ont perdu leur emploi à temps plein. Pendant ce temps, Elon Musk (Tesla, SpaceX) et Jeff Bezos (Amazon) se disputaient la place d’homme le plus riche du monde, avec des fortunes dépassant les 200 milliards de dollars.

L’Inde, brutalement touchée par le virus, a vu s’élever quelques ultra-riches. À l’instar des patrons de la Tech américaine, ils ont vu les actions de leurs entreprises grimper de plusieurs centaines de pourcents, note CNN. Le premier confinement dans le pays, entre avril et mai 2020, avait résulté en la perte d’environ 100 millions d’emplois, dont 15 millions restent encore vacants aujourd’hui.

Le même constat est dressé en Chine, où l’inégalité ne cesse de progresser depuis 40 ans, souligne le Guardian. Alors que 600 millions de Chinois vivent avec moins de 1.000 yuans par mois, soit 130 euros, le magnat des bouteilles d’eau, Zhong Shanshan, se targue de quelque 66,9 milliards de dollars, d'après l’estimation du Bloomberg Billionaire Index.

En France

Dans l’Hexagone, les critiques se sont concentrées sur le patron de LVMH Bernard Arnault, en témoigne l’action de l’association Attac samedi à Paris contre «l'enrichissement indécent des milliardaires pendant la crise sanitaire». En avril 2020, l’homme a été brièvement le plus riche du monde. «Les crises nous rendent plus forts», avait-il déclaré en annonçant ses résultats financiers.

Pendant la pandémie, les 10 plus riches familles françaises comme les Bettencourt (L’Oréal), Wertheimer (Chanel), Pinault (Kering) ont vu leur patrimoine grimper de 37% en moyenne, selon Challenges. De 51 milliardaires en 2011, la France en compte désormais 109, dont 14 nouveaux rien que durant la crise.

En termes d’inégalités, la France se situe en milieu de tableau, dominée par les Scandinaves. Elle fait bien mieux que les pays riches anglo-saxons (États-Unis, Grande-Bretagne) grâce à ses «services collectifs», et se situe juste derrière l’Allemagne et la Suisse, indique l’Observatoire des inégalités.

Les milliardaires du coronavirus

Si certaines fortunes se sont faites grâce à l’explosion des services en ligne en période de confinement, comme celle du patron d’Amazon, d’autres sont directement liées au Covid-19. C’est notamment le cas des PDG de Moderna (le Français Stéphane Bancel) et de BioNTech, deux fabricants de vaccin qui ont chacun gagné plus de quatre milliards de dollars, selon un rapport de l’association People’s Vaccine Alliance.

«Ces vaccins ont été financés par des fonds publics et devraient être avant tout un bien public mondial, et non une opportunité de profit privé. Il est urgent de mettre fin à ces monopoles afin de pouvoir augmenter la production de vaccins, de faire baisser les prix et de vacciner le monde entier», accuse Anna Marriott, gestionnaire de la politique de santé au sein d’Oxfam.

Malgré le dispositif Covax piloté par l’OMS, les pays les plus défavorisés ont plus de difficultés à s’approprier des doses. D’après une étude publiée lundi 5 juillet dans la revue Nature, ces derniers ne seront entièrement vaccinés qu’en 2023. Mardi, l’OMS a alerté sur ces inégalités d’accès, évoquant une pandémie «à deux vitesses».

Impôt mondial

De plus, nombre de milliardaires cités, en particulier américains (Jeff Bezos, Elon Musk, Michael Bloomberg, George Soros), paient peu ou pas d’impôts, de manière parfaitement légale. Cela a fait réagir Joe Biden, lequel a fait part de sa volonté de taxer les plus riches pour financer son plan d’investissements dans les infrastructures.

Désormais, l’une des pistes envisagées est la création d’un impôt mondial plancher sur les sociétés de 15%, encouragé par 130 pays. Une mesure similaire pourrait être prise au niveau européen, peut-être déjà sous la présidence européenne de la France au premier semestre 2022. Reste à convaincre l’Estonie, la Hongrie et l’Irlande, encore opposés à cette initiative, puisqu’un vote à l’unanimité est nécessaire pour modifier la fiscalité de l’UE.

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