Pour Véran, ce n'est pas parce qu'une soignante pleure en vidéo que c'est un mouvement massif

© AFP 2023 LOIC VENANCEUne infirmière prépare une injection
Une infirmière prépare une injection - Sputnik Afrique, 1920, 21.07.2021
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Les témoignages des professionnels de santé qui refusent le vaccin et qui prennent la décision de démissionner ou dénoncent un chantage s’accumulent. Olivier Véran est toutefois certain que l’on ne peut parler d’un mouvement d'ampleur, car «il y a énormément d’élan vaccinal».

Depuis les annonces d’Emmanuel Macron sur l’obligation vaccinale des soignants, certains ont opté pour la démission alors que le système de santé souffre d’une insuffisance de personnel. Le ministre de la Santé a toutefois déclaré ne pas croire à leur départ massif.

«Je n'y crois pas! Il y a énormément d’élan vaccinal [au sein des soignants]. Ce n'est pas parce que vous voyez un infirmier ou une aide-soignante qui fait une vidéo pour dire, en pleurant, qu'elle va quitter son boulot parce que le vaccin elle en a peur que ça veut dire que c'est un mouvement collectif», a fait savoir Olivier Véran.

L’obligation semble avoir laissé peu de professionnels de la santé indifférents, lesquels ne se montrent pas unanimes. Une partie lance des appels à l’immunisation, tandis qu’une autre exprime son mécontentement et explique son refus de se faire vacciner.

Ils fustigent une violation des droits et la privation de libre choix et évoquent le manque de recul et d’études sur les effets de ces médicaments à long terme. C’est le cas d’une aide-soignante d'une maison de retraite à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), qui dénonce «une dictature»:

«Je suis prête à démissionner, à changer de voie, pour ne pas faire le vaccin», a-t-elle annoncé auprès du magazine Challenges.

La vidéo à laquelle le ministre de la Santé fait probablement référence montre une aide-soignante qui sanglote en se disant «en détresse». Elle affirme ne pas vouloir se faire vacciner et ne pas savoir «ce que [sa] vie va être demain».

Une infirmière, en arrêt maladie depuis plusieurs mois, a déclaré sur TikTok rendre sa blouse pour les mêmes raisons.

«Un chantage»

Selon une aide-soignante travaillant à la résidence de l'Abbaye, à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), il s’agit d’un «chantage». Auprès de France Bleu, cette mère de deux enfants fait part de ses hésitations face au licenciement et au chômage. Cependant, elle écarte l’idée de «se faire injecter un produit dans lequel elle n’a pas confiance».

L’incohérence entre les décisions gouvernementales actuelles et celles prises au début de l’épidémie a été pointée par une infirmière de l’hôpital gériatrique des Charpennes, à Villeurbanne (Rhône), auprès du Monde. Elle se souvient que le personnel soignant était contraint de «venir travailler même si on avait le Covid».

Si sa hiérarchie ne veut «pas voir l’hôpital “engorgé”», elle s’est demandé pourquoi ne pas plutôt investir «dans des soignants et des lits», surtout en sachant que le variant Delta n’entraîne pas pour l’heure une saturation des établissements.

Des syndicats en colère

Outre ces cas personnels, plusieurs syndicats s’y opposent. Le syndicat FO du CHU de Clermont-Ferrand dénonce la culpabilisation du personnel soignant, rendu responsable de la transmission du virus:

«C’est ce même gouvernement qui affirmait que le masque ne servait à rien alors que nous réclamions des protections pour travailler, qui a imposé aux personnels de venir travailler en étant positif au Covid-19, qui refuse la reconnaissance systématique en maladie professionnelle aux agents malades du Covid-19», a-t-il martelé auprès de Franceinfo.

La Fédération SUD Santé Sociaux est sur la même longueur d’onde et rappelle que «la vaccination, quand elle existe, ne figure pas parmi les préconisations systématiques de prévention des maladies nosocomiales».

Au surplus, les soignants vivent depuis un an et demi dans des conditions de surcharge et de pression. Le chef de la réanimation à l’hôpital Lariboisière a déclaré le 12 juillet sur RMC que «40% du personnel infirmier de son service avait donné sa démission entre septembre et décembre».

En cause, l’absence d’amélioration des conditions de travail malgré des vagues épidémiques meurtrières. Il a alerté sur «une catastrophe sanitaire à venir pour le nord de Paris», car la réduction du personnel est associée à la suppression de lits et à l’augmentation de charge sur les soignants.
Futures sanctions

L’obligation vaccinale concerne près de 1,5 million de personnes. À partir du 15 septembre, les professionnels de santé non vaccinés ne pourront plus travailler et ne seront pas payés.

Leur contrat de travail sera suspendu pour quelques semaines, le temps de se mettre en conformité, une «première étape» avant «une mise à pied», voire «un licenciement» s’ils persistent dans leur refus, a déclaré Élisabeth Borne sur LCI.

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