Accord sur le nucléaire iranien: la diplomatie russe fournit de nouveaux détails sur les pourparlers

© Sputnik . Aleksandr Natrouskine  / Accéder à la base multimédiaAmbassadeur russe Mikhaïl Oulianov
Ambassadeur russe Mikhaïl Oulianov - Sputnik Afrique, 1920, 03.08.2021
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Les pourparlers sur le Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien ne pourront reprendre qu’après le 5 août, mais la Russie ne voit pas d’alternative à l’accord initial, selon l’ambassadeur russe auprès des organisations internationales à Vienne.
Les négociations des participants au Plan d’action global commun (PAGC, ou JCPoA en anglais, aussi connu sous le nom d’accord de Vienne) sur le programme nucléaire iranien ne devraient recommencer qu’après la passation de pouvoir au nouveau Président iranien le 5 août, a annoncé l’ambassadeur russe auprès des organisations internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov, dans une interview au journal russe Izvestia.
«“Après le 5 août”: c’est le seul repère, qu’on connaît aujourd’hui. Ensuite la décision sera prise par les autorités iraniennes», a indiqué le diplomate russe en commentant les différentes versions de dates de la reprise des pourparlers sur l’accord nucléaire iranien, suspendues depuis le 20 juin dernier.

«Pas d’alternatives» malgré «plus d’incertitudes»

Cette pause après la sixième session des négociations du JCPoA, liée à l’agenda politique iranien, aussi bien que des nouvelles sur le développement continu par Téhéran de son programme nucléaire, ont suscité des discussions chez plusieurs parties impliquées quant à l’actualité et l’applicabilité de l’accord, a confirmé M.Oulianov.
La Russie ne voit pas cependant d’alternative à l’accord de Vienne comme instrument international pour encadrer les activités nucléaires de l'Iran en échange de la levée de sanctions internationales.
«De notre point de vue, il n’y pas d’alternative au rétablissement du Plan d'action conjoint dans sa variante initiale. Toutes les discussions sur une option de tout relancer à partir de zéro, de mettre en place un nouvel accord, c’est de la science-fiction», a lancé l’ambassadeur russe.
M.Oulianov a en même temps souligné que le temps ne jouait pas en faveur de tous les acteurs de ce dossier.
«L’un des facteurs qui nous dictent la nécessité de ne pas retarder avec la reprise des pourparlers est que l’Iran poursuit le développement de son programme nucléaire. C’est naturellement un sujet de préoccupation croissante. […] Il paraît que c’est même un peu irrationnel [du côté de l’Iran, ndlr], car si les pourparlers aboutissent, il faudra [pour l’Iran, ndlr] éliminer toutes ces non-conformités à l’accord initial. Plus l’Iran va s’éloigner de ses engagements initiaux, plus cela prendra de temps, ce qui repoussera automatiquement la levée des sanctions», a-t-il détaillé au média russe.
Dans ce contexte, le diplomate a mis l’accent sur les sanctions américaines contre la République islamique, imposées par Donald Trump après la sortie des Américains de l'accord de Vienne en 2018, qui restent en vigueur malgré la volonté du nouveau Président des États-Unis de réintégrer l’accord.
«Pour être juste, il faut noter que les Américains, de leur côté, poursuivent leur politique de pression maximale, lancée par Donald Trump. Pas fortement, mais sur plusieurs aspects, ils [les Américains, ndlr] continuent même de “resserrer l’étau [de sanctions autour de l’Iran, ndlr]“. Dans cette situation donc, Téhéran et Washington montrent deux lignes de comportement opposées», selon le diplomate.
L’ambassadeur russe s’est félicité que tous les canaux de communication entre l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Iran étaient de facto sauvegardés, mais a confirmé la possibilité de revoir de certaines questions du dossier par les nouvelles autorités iraniennes.
«[…] Il y a maintenant plus d’incertitudes qu’en mai, en juin ou en début juillet. Nous ne savons pas quels changements dans la position iranienne pourraient survenir compte tenu de l’arrivée au pouvoir du nouveau Président, de la composition d’un nouveau gouvernement. On ne peut pas exclure qu’une vision de la partie iranienne sur certaines questions, discutées plus tôt à Vienne, feront l’objet d’ajustements», a avancé M.Oulianov.

Accusations réciproques entre l’Iran et l’Occident

En tant que participante aux négociations, la France a appelé l’Iran à revenir à la table des négociations pour souligner l’«urgence» de reprendre les discussions portant sur le dossier nucléaire iranien. La porte-parole du Quai d’Orsay a déclaré le 26 juillet que, malgré des progrès réalisés lors de six séances de négociations, Téhéran, «par ses actions, continu[ait] d'aggraver la situation [sur le] nucléaire». 
Un patrouilleur de la marine américaine transportant des journalistes pour voir les pétroliers endommagés quitte une base de la 5e flotte de la marine américaine près de Fujairah, aux Émirats arabes unis, mercredi 19 juin 2019. Les mines à patelle utilisées pour attaquer un pétrolier japonais près du détroit d'Ormuz présentaient une ressemblance frappante avec des mines similaires exhibées par l'Iran, a déclaré mercredi un expert en explosifs de la marine américaine. L'Iran a nié être impliqué. (AP Photo/Kamran Jebreili) - Sputnik Afrique, 1920, 27.07.2021
Inauguration du terminal de Jask: l’Iran contourne les périls du détroit d’Ormuz pour écouler son brut
Deux jours plus tard, le 28 juillet, la télévision d’État iranienne a communiqué les déclarations du guide suprême concernant l’accord de Vienne. L'ayatollah Ali Khamenei a fait savoir que Téhéran n'accepterait pas les demandes «obstinées» de Washington durant les négociations sur la relance de l'accord de Vienne qui encadre les activités nucléaires iraniennes. Et d’ajouter que les Américains n'avaient pas apporté la preuve qu'ils n'abandonneraient pas à nouveau le JCPoA.
Le niveau de tension entre la République islamique d’Iran et les pays occidentaux s’est encore rehaussé la semaine dernière suite à une attaque au drone du pétrolier Mercer Street, qui a coûté la vie à deux membres d'équipage. Le Royaume-Uni et les États-Unis se sont précipités pour accuser Téhéran d’être impliqué dans cet incident et ont promis de coopérer avec leurs alliés pour élaborer une réponse à ce qu'ils considèrent comme une attaque iranienne. L’Iran a nié toute responsabilité dans cette affaire avant de prévenir qu’il était en mesure de répondre avec célérité à toute menace.
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