La Russie révèle des documents secrets sur les préparatifs du Japon à la guerre 

© Flickr / Michelangelo Carrieri / Top SecretDes documents secrets, image d'illustration
Des documents secrets, image d'illustration  - Sputnik Afrique, 1920, 09.08.2021
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Le Service fédéral de sécurité (FSB) a déclassifié des documents qui témoignent des préparatifs à la guerre contre l’URSS que Tokyo menait depuis 1938. Selon un historien, ces révélations, 76 ans après la guerre soviético-japonaise, pourraient apaiser ceux qui accusent l’URSS d’avoir indûment attaqué l’empire du Japon.
Des documents contenant des ordonnances de l’Armée impériale japonaise (AIJ) et datant de la Seconde Guerre mondiale ont été déclassifiés par le FSB dimanche 8 août, 76 ans après la déclaration de guerre de l’URSS à l’empire du Japon.
Il s’agit notamment de l’ordonnance numéro 70 à la 3e armée de l’AIJ en date du 9 août 1938 et du texte des interrogatoires Otozō Yamada, général de l’AIJ et dernier commandant-en-chef de l'armée japonaise du Guandong, en décembre 1949.
Ce dernier a été commandant de la 3e armée de l’AIJ en 1938 et a confirmé aux militaires soviétiques que l’objectif principal du déploiement de son unité près des frontières avec l’URSS de l’époque était de tester les capacités de l’Armée rouge en prévision du déclenchement prochain d’une guerre. Des historiens ont ensuite qualifié ces mouvements des contingents militaires japonais en 1938-1939 de «missions de renseignement de combat» face aux forces armées soviétiques.
«Des troupes de l'armée du Guandong sont envoyées pour se déployer dans la région de la frontière orientale [du Mandchoukouo, ndlr] dans le cadre du renforcement des préparatifs à la guerre contre l’Union soviétique», dit l’ordonnance numéro 70.

Le bien-fondé de cette guerre

Contacté par Sputnik, le professeur de l’Université académique d’État des sciences humanitaires Dmitri Sourzhik explique l’importance de telles révélations.
Selon l’historien, ces preuves documentées que l’empire du Japon se préparait à mener une guerre contre l’URSS permettent de démentir la «thèse d’une agression soviétique non provoquée contre le Japon en mai 1945».
L’empire du Japon n’a pas officiellement déclenché de guerre contre l’Union soviétique en vertu du pacte de non-agression soviético-japonais signé en avril 1941 suite aux défaites des troupes japonaises contre l’Armée rouge dans plusieurs affrontements à la frontière entre l’URSS et le Mandchoukouo, un État pseudo-indépendant contrôlé par les autorités japonaises entre 1932 et 1945.
Malgré le statut neutre formel du Japon dans ses relations avec l’État soviétique, de multiples provocations ont été faites par les Japonais au cours de la Seconde Guerre mondiale, souligne Dmitri Sourzhik.
«Ces provocations ont été organisées tant à la frontière soviétique [terrestre, ndlr] qu’en mer contre des navires américains qui effectuaient dans le cadre du programme Lend-Lease des livraisons de produits et d’équipements, que l’URSS utilisait pour contrer l’agression», précise l’historien russe.
Et d’ajouter que l’Union soviétique a respecté toutes les formalités internationales et diplomatiques afin d’appeler l’empire du Japon à capituler pour éviter des pertes humaines inutiles des deux côtés.
En juillet 1945, le Japon a refusé de se conformer à l’appel des signataires de l’accord de Potsdam de prononcer sa capitulation. Dans le contexte international de l’époque, le ministre des Affaires étrangères de l’URSS Viacheslav Molotov a invité le 8 août 1945 l’ambassadeur japonais pour l’informer que l’Union soviétique serait à partir du 9 août en état de guerre contre l’empire du Japon si celui-là ne sortait pas de la guerre.
«Les autorités japonaises avaient une journée pour décider d’une capitulation immédiate. Mais cette décision n’a pas été prise», détaille l’expert.

Esprit de revanche à l’égard des îles Kouriles

M.Sourzhik note également que ces dossiers, désormais ouverts au grand public, étaient importants pour non seulement mieux comprendre notre histoire, mais aussi prévenir les démarches revanchardes évoquées par certains milieux de la société japonaise à l’égard des îles Kouriles russes.
«Il faut en parler pour […] empêcher l’accentuation de l’esprit militaire dans la société japonaise contemporaine, puisque nous voyons aujourd’hui des témoignages de tels sentiments. Et la question des îles Kouriles est une des manifestations de cet esprit de revanche», avance l’historien au micro de Sputnik.
Les îles Kouriles, situées entre la mer d’Okhotsk et l’océan Pacifique, ont été intégrées à l’Union soviétique à l’issue de la Seconde Guerre mondiale et sont aujourd’hui reconnues comme russes par l’Onu.
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Mais cet archipel, appelé «territoires du nord» par le Japon, est toujours revendiqué par Tokyo pour rester le sujet d’un litige territorial opposant les deux pays.
Fin juillet, Vladimir Poutine a évoqué les «très bonnes propositions à faire» aux entrepreneurs japonais désireux d’opérer dans les îles Kouriles. L’initiative a été confirmée par le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine qui, lors de sa visite aux îles Kouriles, a proposé de créer sur ces territoires une zone de libre-échange, ouverte aux entrepreneurs internationaux, notamment aux hommes d’affaires japonais. L’idée n’a cependant pas suscité l’enthousiasme des autorités japonaises qui ont protesté tant contre le déplacement du chef du gouvernement russe sur les îles que contre le projet lui-même.
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