Quels risques peut avoir le port du masque sur les très jeunes enfants?

© Photo Pexels/ Ketut Subiyanto / -Un enfant qui porte un masque
Un enfant qui porte un masque - Sputnik Afrique, 1920, 11.08.2021
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Recommandé aux enfants de plus de deux ans aux États-Unis, le port du masque n’affecte pas leurs capacités respiratoires, selon une étude italienne, mais provoque des retards langagiers, moteurs et sociaux, estiment des psychologues français. Pour la Société française de pédiatrie, ce sont des «contraintes totalement inadaptées».
Sur fond de recrudescence des cas de Covid-19 aux États-Unis liée à la propagation du variant Delta, les autorités sanitaires du pays prescrivent le port du masque aux enfants de plus de deux ans. Les avis des spécialistes divergent sur la pertinence et l’innocuité de cette mesure pour les petits.
Comme les vaccins anti-Covid ne sont pas autorisés aux moins de 12 ans, qui peuvent toutefois transmettre le virus, les Centres de lutte et de prévention des maladies recommandent aux enfants de porter dès deux ans le masque dans les lieux publics fermés, dont les écoles, indique un tweet de l’institution américaine, publié le 8 août.
Cette recommandation avait été précédemment émise le 19 juillet et soutenue par l'Académie américaine de pédiatrie qui met en valeur une recherche montrant le faible niveau de transmission du virus en cas de port du masque et de respect des autres mesures sanitaires.
En plus de la santé physique des enfants visée par cette prescription, les autorités sanitaires américaines cherchent à préserver la santé mentale, émotionnelle et physique qui peut être également atteinte en cas de maladie.

«Ubuesque» et «loufoque»

Une recommandation qui a été qualifiée d’«absolument loufoque» par la présidente de la Société française de pédiatrie, Christèle Gras Leguen, interrogée par LCI.
Ce sont des «contraintes totalement inadaptées». En particulier, «en termes de faisabilité, ça paraît ubuesque»:
«Vous imaginez des enfants de deux ans, c’est-à-dire à la crèche, avec des masques? On se trompe de cible…», peste-t-elle.
Assurant qu’il n’y a «aucun argument épidémiologique qui montre qu’ils ont un rôle dans l’explosion de la vague épidémique», la pédiatre a appelé à renoncer à l’idée «que les petits sont le réservoir du virus et le reflet de [sa] circulation».
Elle a également affirmé que les enfants «infectent moins les adultes et ne font pas de formes sévères». En effet, la participation réduite des enfants dans la transmission du virus et le faible risque de développer des formes graves ont été reconnus par le Haut Conseil de la Santé publique.

Mesure semblable au Canada

Au Canada, les enfants de deux à cinq ans peuvent porter le masque s’ils sont supervisés. Ceux de plus de cinq ans doivent le porter dans les lieux publics et fermés mentionnés par le gouvernement.
Les autorités sanitaires québécoises recommandent le port du masque ou du couvre-visage pour les enfants de deux à neuf ans, alors que les enfants de moins de 10 ans accueillis dans les Centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) et dans les résidences privées pour aînés sont concernés par l'obligation de le porter.

Pas d’effets nocifs sur la respiration

L’absence d’impact du masque sur les capacités respiratoires chez 47 mineurs a été révélée dans une étude italienne publiée en mars dans la revue JAMA Network Open. 22 enfants âgés de 24 mois ou moins et 25 enfants âgés de 24 à 144 mois ont été impliqués dans l’étude. Tous ont porté un masque pendant une demi-heure, avec un test de marche pour les plus de deux ans.
Les scientifiques ont analysé plusieurs paramètres respiratoires comme la pression partielle en CO2, la saturation du sang en oxygène, la fréquence du pouls et la fréquence des respirations. Aucun de ceux-ci n’a changé lors des tests. Seuls le pouls et la respiration ont présenté une accélération pendant le test de marche.

Des dégâts ailleurs

Des psychologues français ont signé en mars une tribune diffusée par Le Figaro sur l’éventuel impact sur le développement des enfants que le port du masque risque de provoquer. Plusieurs études ont été citées, dont une chinoise publiée en 2020 sur les effets de la pandémie de SRAS de 2003.
Des retards langagiers, moteurs et sociaux notables ont été révélés. Dans la conclusion, les scientifiques ont jugé «plausible que des impacts sur la croissance de l'enfant et le développement cognitif et physiologique puissent survenir».
De même, des interactions langagières plus pauvres ont été repérées dans une enquête réalisée auprès de 600 professionnels de la petite enfance, rendue publique en janvier 2021 par l’Université de Grenoble.
«Les observations confirment les craintes des professionnels sur l'impact du port du masque sur l'acquisition du langage», conclut la publication.
Enfin, les attitudes socioaffectives ont été concernées. Les professionnels ont noté des pleurs et de l’anxiété chez les enfants, ainsi que des tentatives d’enlever le masque de l'adulte ou au contraire des crises de peur en voyant un visage démasqué. Certains ont eu des difficultés à sourire en réponse.
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