La monnaie nationale afghane au plus bas avec l’arrivée au pouvoir des talibans

CC BY-SA 4.0 / Indiana jo / انۍ AfghaniL'afghani, monnaie nationale afghane
L'afghani, monnaie nationale afghane - Sputnik Afrique, 1920, 18.08.2021
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L’afghani a enregistré un recul historique pour le quatrième jour de suite sur fond d’arrivée au pouvoir des talibans*, constate Bloomberg. Un «chaos» également lié à la faiblesse du Président Ghani, selon l’ancien gouverneur de la Banque centrale afghane. Faut-il s’attendre à une crise pour l’économie afghane?
Suite aux évènements de ces derniers jours en Afghanistan, que le Président Ashram Ghani a fui et qui est désormais aux mains des talibans*, l’afghani, devise nationale, s’effondre, écrit Bloomberg le 17 août.
Avec une chute record depuis sa mise en circulation en 2002, son taux de change a encore baissé de 1.7% ce mardi. Un dollar s’échange désormais contre 83,5 afghanis, contre 80,74 vendredi dernier, détaille le média.

«Chaos» qui règne

Sur Twitter, l’ancien gouverneur par intérim de la Banque centrale afghane, Ajmal Ahmady, a réagi à l’évolution de la situation, indiquant que la chute libre qu’enregistrait l’afghani avait débuté vendredi dernier sur fond d’informations sur le fait que la Banque centrale de l’Afghanistan n’accepterait plus de dollars.
«La monnaie [l’afghani, ndlr] a chuté du niveau stable de 81 [afghanis pour un dollar, ndlr] jusqu’à 100 pour ensuite retourner à 86. J’ai eu une réunion samedi pour rassurer les banques et les changeurs. Je ne peux pas croire que c’était un jour avant la chute de Kaboul», écrit Ajmal Ahmady.
Par ailleurs, l’ancien haut fonctionnaire afghan fustige le Président Ashram Ghani qui a fui le pays sans prévoir de période de transition, la situation s’étant transformée en «chaos».
«Dès que la fuite du Président a été annoncée, j’ai tout de suite su que le chaos s’ensuivrait. Je ne peux lui pardonner de ne pas avoir prévu de plan de transition», poursuit M.Ahmady, qui a lui-même quitté l’Afghanistan.

​Répercussions sur le Pakistan

Les perturbations financières que traverse actuellement l’Afghanistan ont des répercussions négatives sur le Pakistan, ajoute Bloomberg.
Les obligations souveraines du pays à échéance 2031 ont chuté de 1,8 cent lundi 16 août. Il s’agit de la plus forte baisse depuis que le gouvernement pakistanais a fixé leur prix en mars dernier. Le média indique que ces obligations ont été les plus grandes perdantes en Asie en ce début de semaine, selon l’indice Bloomberg Barclays. Les titres ont cependant gagné 0,4 point par rapport au dollar ce 17 août pour atteindre 100,9 cents.
Interrogé par Bloomberg, un expert de la banque Arqaam Capital, Abdul Kadir Hussain, a expliqué le recul du prix de ces titres pakistanais par l’inquiétude des investisseurs concernant des sanctions potentielles contre le Pakistan à cause de son soutien présumé accordé aux talibans*.

Avenir économique de l’Afghanistan

Toujours auprès de Bloomberg, plusieurs experts en économie et finance ont analysé les perspectives économiques afghanes sous les talibans*. 
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Selon l’analyste d’InTouch Capital Markets Ltd. Piotr Matys, l’Afghanistan est en mesure de «devenir un pays plus stable, à même d’aller de l’avant» grâce aux nouveaux investissements, y compris de la part de la Chine.
«La démocratie n’est pas toujours une priorité pour les investisseurs internationaux, qui apprécient la stabilité et la prévisibilité politiques, même si celles-ci sont garanties par des régimes autoritaires», estime Piotr Matys.
Hamza Kamal, expert d’AKD Securities Ltd, évoque quant à lui l’intérêt des pays voisins comme le Pakistan, l’Iran et la Chine à contribuer au développement de l’économie afghane; un facteur qui permettrait d’espérer que le pouvoir des talibans* n’ait pas les effets économiques négatifs que l’on craigne. Et d’ajouter que ce scénario pourrait avoir des retombées favorables sur le marché pakistanais et de la région en général.

Fuite du Président

Le Président de la République islamique d’Afghanistan a quitté le pays le 15 août après la prise par les talibans* de Kaboul, capitale et dernier bastion des autorités afghanes dans leur courte confrontation avec les insurgés.
Sur Facebook, Ashraf Ghani a avoué que les talibans* avaient gagné et qu’il avait pris la décision de partir «pour éviter un bain de sang».
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Au lendemain de son départ, l’ambassade de Russie à Kaboul, se référant à des témoins, a déclaré que le Président afghan avait fui avec quatre voitures remplies d'argent liquide, laissant une partie sur le tarmac, faute de place dans l’hélicoptère.
On ignore pour l’heure la destination choisie par Ashraf Ghani, dont le compte Facebook a été bloqué.
Quant à l’arrivée au pouvoir des talibans*, la Russie a annoncé qu'elle conserverait une présence diplomatique à Kaboul et qu’elle suivrait de près l’évolution de la situation politique interne de l’Afghanistan.
*Organisation terroriste interdite en Russie
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