L’extension du pass sanitaire provoque une explosion de la demande en agents de sécurité

© Photo Pixabay/Michal JarmolukUn centre commercial
Un centre commercial - Sputnik Afrique, 1920, 18.08.2021
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Depuis le 9 août, de nombreux lieux sont tenus de contrôler le pass sanitaire, ce qui requiert davantage d’agents de sécurité. Après une année 2020 marquée par une baisse de leur chiffre d’affaires, les entreprises du secteur font désormais face à une pénurie et vont devoir augmenter les salaires.
Le métier d’agent de sécurité, paralysé par la crise sanitaire en 2020, connaît désormais un rebond grâce à l’extension du pass sanitaire. En effet, les gares, grands centres commerciaux, parcs de loisir et hôpitaux sont désormais tenus de faire vérifier le QR code à chacune de leur entrée, entraînant une forte demande dans le secteur.
«La demande nous vient surtout du secteur de la santé – Ehpad, hôpitaux publics ou privés, maisons de retraite –, puis du secteur de la restauration et des parcs d’attractions», précise au Monde Ralph Bonan, président d’Abscisse Sécurité. «On est obligé de se partager certains marchés entre plusieurs boîtes tellement on galère à recruter», ajoute-t-il.
«Il y a eu des demandes de renfort de nos clients un peu partout depuis la reprise», constate auprès du même quotidien Walid Nahra, dirigeant de Triomphe Sécurité en région parisienne. «On a une augmentation de 30% de la demande, et c'est bien parti pour durer jusqu'à la fin de la saison estivale. J'ai même refusé des clients!», témoigne sur France Bleu Gard Lozère Rodolphe Brouard, gérant d’Epsilon Sécurité à Nîmes.

Pénurie

En 2020, 65% des entreprises du secteur ont connu une baisse moyenne de leur chiffre d’affaires de 10%, selon les données publiées par le Groupement des entreprises de sécurité (GES) dans son bilan de juin 2021. Beaucoup d’agents, faute d’emploi, se sont réorientés vers d’autres métiers. La reprise des événements culturels, couplée aux congés estivaux, ont conduit à une «pénurie d’effectifs d’environ 20.000 agents», indique sur Franceinfo Cédric Paulin, secrétaire général de GES.
Ainsi, pour attirer davantage de jeunes, les salaires proposés devraient prochainement augmenter, mais cela ne suffit pas. D’autres obstacles se dressent contre le recrutement: une formation obligatoire de 175 heures et un processus administratif qui force les agents à renouveler leur carte professionnelle tous les cinq ans, avec enquête de compétence et moralité.
Enfin, la récente loi «Sécurité globale» impose aux étrangers de posséder un titre de séjour depuis au moins cinq ans pour prétendre à cette formation. «C’est en train de supprimer entre 10% et 20% des candidats potentiels», déplore Cédric Paulin.

Coût élevé

Une centaine de centres commerciaux concernés par le pass (ceux de plus de 20.000 mètres carrés) vont devoir débourser «30.000 euros par mois et par porte d’entrée» pour vérifier les QR codes, estime dans Le Monde Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux.
L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, ayant dû recruter jusqu’à trois agents supplémentaires pour chacun de ses 39 sites, estime le coût à 450.000 euros pour le mois d’août. Pour les établissements qui ne peuvent pas se payer un agent de sécurité, la tâche représente une charge de travail supplémentaire pour leur personnel.

Violences

Les agents de sécurité sont également ceux qui se retrouvent en première ligne face à ceux qui s’opposent au pass sanitaire. «Les agents sont éprouvés. Dès qu'ils demandent le pass à quelqu'un qui est contre cette mesure, ça bouillonne. La moindre étincelle peut tout faire partir dans des proportions inconnues jusqu'ici…» témoigne M. Brouard, toujours sur France Bleu.
Les refus d’entrée pour absence ou non validité du pass sanitaire laissent parfois place à des altercations, que ce soient avec des agents de sécurité, du personnel d’accueil ou des serveurs. Si un client n’a pas de pass, «il risque de se produire un conflit, mais nous, nous n’avons pas le droit d’entrer dans un conflit», rappelle au Monde Djamet Benotmane, délégué syndical CGT chez Fiducial Private Security.
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