«Dans des écoles, sous des arbres, exposés aux intempéries»: situation dramatique des réfugiés camerounais au Tchad

© Photo Twitter / UNHCR in ChadRéfugiés au Tchad
Réfugiés au Tchad - Sputnik Afrique, 1920, 20.08.2021
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Au moins 11.000 Camerounais ont trouvé refuge cette mi-août dans la localité d'Oundouma au Tchad. Ils fuyaient des affrontements interethniques dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Les violences y avaient fait une trentaine de morts. Cette autre poche d’insécurité vient en rajouter à une situation humanitaire déjà alarmante dans la région.
Alors que les pays du bassin du lac Tchad font déjà face à une crise des réfugiés causée par de nombreux conflits et dérèglements climatiques, de nouvelles poches de tensions viennent en remettre une couche. Au moins 11.000 Camerounais victimes des conflits intercommunautaires dans la région de l'Extrême-Nord se sont réfugiés au Tchad. D’après les sources locales au Cameroun, ces derniers ont trouvé refuge dans la localité d'Oundouma, la province tchadienne du Chari-Baguirmi, frontalière du Cameroun.
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Au Cameroun, les violences intercommunautaires font craindre «une balkanisation de l’État»
En effet cette mi-août, des affrontements intercommunautaires ont fait, selon un dernier bilan du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 32 morts et 74 blessés, à Logone-Birni, commune de l’Extrême-Nord du Cameroun. Ces violences opposent la communauté arabe choua à celle des Mousgoum, deux groupes ethniques du Nord Cameroun, au sujet d’un litige foncier. Les combats se sont déroulés dans le canton d’El Birké et les protagonistes se sont affrontés à coup de flèches et de machettes, poussant de nombreux villageois à fuir vers le Tchad. De plus, 7.300 Camerounais se sont déplacés à l’intérieur du pays. Au Tchad, renseigne Aristophane Ngargoune, porte-parole du HCR à N’Djamena, «les autorités, le HCR et ses partenaires s’activent pour répondre aux premiers besoins des nouveaux arrivés (repas chauds, distribution de masques réutilisables, kits d’hygiène pour femme enceinte et en âge de procréer, moustiquaires, couverture, natte, …)».
«Ils sont dans des familles d’accueil, dans des écoles ou sous des arbres, exposés aux intempéries. Ils ont un besoin urgent d’abris en cette période de saison des pluies et qu'on construise des hangars communautaires. Il faut noter que l’accès aux villages [où ils ont trouvé refuge] par les humanitaires et le gouvernement reste très difficile», poursuit Aristophane Ngargoune au micro de Sputnik.
Côté Cameroun, Yaoundé s’active pour un «retour rapide et urgent des déplacés», a souligné le gouverneur de la région de l'Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, lors d’une descente dans la localité dimanche 15 août. Ce dernier a également remis une assistance financière et matérielle de 50 millions de francs CFA (89.800 dollars) aux victimes au nom du Président de la République. Joint au téléphone par Sputnik, Jean Lazare Ndongo Ndongo, préfet du département du Logone-et-Chari, rassure d’emblée que «le calme est revenu dans la localité et de multiples accompagnements logistiques et financiers sont en train d’être acheminés vers les blessés et les familles endeuillées». Au sujet des milliers de réfugiés et déplacés internes qui ont fui les violences, l’autorité administrative souligne que des tractations sont en cours avec les autorités tchadiennes et les organisations humanitaires afin d’organiser les retours.
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Région du lac Tchad: de la crise sécuritaire à la crise humanitaire
Sur le terrain des opérations au Tchad, souligne Aristophane Ngargoune, «si certains envisagent leur retour avec pour seule condition le retour définitif de la paix, d’autres ne sont pas prêts à rentrer, ils pensent être plus en sécurité au Tchad».

Une situation humanitaire alarmante dans la région

Déjà en proie à de multiples crises sécuritaires, les pays de la région du lac Tchad doivent encore faire face à une situation humanitaire alarmante. Dans la région, en dehors des multiples conflits en cours, les chocs climatiques, notamment les inondations de 2020 avec les restrictions de déplacement liées à la pandémie, ont déclenché une insécurité alimentaire. Cependant tandis que la situation se détériore, la multiplication des poches de tensions fait craindre le pire.
Au-delà du bassin du lac Tchad, la situation humanitaire dans toute la région sahélienne est alarmante. Selon les Nations unies, le nombre de Sahéliens ayant besoin d’aide et de protection va atteindre 29 millions cette année, un nouveau record, à travers six pays (le Burkina Faso, le nord du Cameroun, le Tchad, le Mali, le Niger et le nord-est du Nigeria) soit cinq millions de personnes de plus qu’en 2020.
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