Plainte du Dr Marty contre Dupont-Aignan: «Ce n’est pas concevable de dire que l’on a du sang sur les mains»

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Le docteur Jérôme Marty - Sputnik Afrique, 1920, 24.08.2021
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Après un tweet de Nicolas Dupont-Aignan dans lequel ce dernier affirmait que des médecins avaient «des morts sur la conscience», le docteur Jérôme Marty, rejoint par cinquante autres praticiens, a décidé de porter plainte pour «diffamation». Il explique à Sputnik vouloir défendre l’honneur de la profession et éviter des drames.
«Le professeur Didier Raoult a sauvé des vies en soignant précocement les malades: il est viré. Les autres ont des milliers de morts sur la conscience en les confinant chez eux avec du Doliprane et ils pavanent dans les médias.» Après la publication de ce tweet de Nicolas Dupont-Aignan, le docteur Jérôme Marty, président du syndicat UFML, passe à l’offensive. Le médecin généraliste a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation contre le président de Debout la France.
Contacté par Sputnik, le docteur Jérôme Marty déplore le fait qu’un «responsable politique de niveau national, qui vise la magistrature suprême» puisse «jeter l’opprobre sur une profession qui n’a jamais démérité» durant cette crise sanitaire.
Le médecin en veut pour preuve que «chez les médecins libéraux notamment, il y a eu 200 morts dans ses rangs». En 2020, la Caisse autonome de retraite des médecins de France (Carmf) a ainsi dénombré 63 praticiens déclarés morts des suites du Covid-19. En outre, 200 décès de professionnels supplémentaires ont été enregistrés en 2020 par rapport aux années précédentes.
«La profession a des familles dans le deuil parce que des médecins se sont contaminés sans pouvoir se protéger, sans pouvoir porter de masques. Malgré cela, ils ont reçu des patients», souligne le docteur Marty.
Nicolas Dupont-Aignan réfute quant à lui toute volonté de critiquer la profession médicale. «C’est me discréditer, en me faisant passer pour l’opposant des médecins alors que s’il y en a un qui depuis le début de la crise sanitaire écoute les praticiens, les soutient, c’est bien moi», avance-t-il sur Twitter.
​Dans cette vidéo, le président de Debout la France persiste et signe, soulignant que des malades se sont vus prescrire du Doliprane. Pour le médecin généraliste, cette polémique n’a pas lieu d’être puisque «c’était pour faire baisser la fièvre et les douleurs». Le praticien fulmine d’ailleurs contre l’assertion que le professeur Raoult aurait soigné des malades du Covid-19 grâce à l’hydroxychloroquine.
«Il a soigné avec un produit dont l’ensemble de la communauté scientifique mondiale reconnaît aujourd’hui que cela ne fonctionne pas. Il faut arrêter cette guerre picrocholine, l’hydroxychloroquine, l’ivermectine, etc. C’est du repositioning [trouver une nouvelle indication thérapeutique à un médicament, ndlr], ce sont des traitements qui malheureusement dans cette affection ne fonctionnent pas», affirme le médecin.
Quant au confinement suggéré aux patients? Le médecin précise qu’on l’a demandé «dans les deux premiers mois de l’épidémie» car «on n’avait aucun moyen de leur prescrire des masques parce que les pharmacies avaient interdiction d’en vendre».
«On n’avait pas envie que les gens se contaminent les uns et les autres dans nos cabinets, dans nos centres de consultation», détaille le médecin. 
Au-delà de ces considérations, Nicolas Dupont-Aignan estime que le débat porte avant tout sur «la liberté de prescrire […] dans le respect de la déontologie, de chercher, de soigner et de pouvoir s’exprimer librement». En effet, le président de Debout la France dénonce le traitement réservé au professeur Didier Raoult. Le microbiologiste ayant atteint l’âge de la retraite ne devrait plus occuper, à partir du 1er septembre prochain, son poste de directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée. Pour les défenseurs du professeur Raoult, cette décision est «éminemment politique».
«Ce que veulent le docteur Marty et leur petite meute qui s’agitent autour de leur plainte annoncée, c’est me salir, comme ils ont sali le professeur Raoult», accuse sur twitter Nicolas Dupont-Aignan.
«On ne vise pas à le salir», rétorque le docteur Marty.

Des médecins désignés comme des suppôts de «Big pharma»

Néanmoins, «ce que l’on voit, c’est que l’on a quelqu’un, un homme politique qui a dit ni plus ni moins que les soignants ont du sang sur les mains. Ce n’est pas concevable. C’est en cela qu’on l’attaque en diffamation», poursuit-il. Pour le praticien, cette sortie sur les réseaux sociaux aurait-elle des visées politiciennes? «Avec Florian Philippot, ils se sont lancés dans une espèce de course au clientélisme», avance le médecin généraliste. Il assène que les deux personnalités politiques tentent «de s’approprier les mouvements antipass, antivax, etc. en les flattant et en désignant à la vindicte tout un tas de médecins qui sont affichés comme des suppôts de “Big Pharma”». Des procédés qui pourraient avoir de graves «conséquences», affirme le Dr Marty
«On a 18 centres de vaccination qui ont été vandalisés, on a des médecins qui, depuis des mois, reçoivent des menaces, jusqu’aux menaces de mort, des gens qui se font insulter, voire bousculer, on a peur qu’à un moment ou un autre, un drame survienne», prévient-il.
«Puisque ces médecins ont de milliers de morts sur la conscience, on peut très bien les violenter car ces gens ne méritent aucun respect», résume le docteur Jérôme Marty.
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