Obligation vaccinale: l'étau se resserre sur les soignants réfractaires

© AFP 2023 PHILIPPE LOPEZSoignante Covid vaccin
Soignante Covid vaccin - Sputnik Afrique, 1920, 27.08.2021
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A trois semaines du couperet de l'obligation vaccinale contre le Covid, le gouvernement se montre intransigeant avec les soignants récalcitrants et peut compter sur le soutien des fédérations hospitalières, malgré les vives inquiétudes exprimées par des responsables syndicaux.
Pas de sursis pour les soignants. Annoncée le 12 juillet par le président Emmanuel Macron, l'obligation vaccinale pour les personnels des hôpitaux et des Ehpad (ainsi que les pompiers, ambulanciers et aides à domicile) entrera bien en vigueur le 15 septembre (au moins une injection) comme prescrit par la dernière loi de gestion de la crise sanitaire.
Ils auront ensuite jusqu'au 15 octobre pour justifier auprès de leur employeur d'une vaccination complète.
«Nous ne reculerons pas», a affirmé jeudi Jean Castex, assurant que «les sanctions prévues par le législateur seront mises en oeuvre». A compter de cette date, tout salarié qui n'aura pas reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 pourra être suspendu, sans rémunération.
Une menace qui «a eu des effets très positifs» selon le Premier ministre: le taux de primo-vaccination des professionnels de santé a bondi depuis l'allocution du chef de l'Etat et dépasse désormais 85% dans les Ehpad et les hôpitaux (92% chez les libéraux), selon le dernier point épidémiologique de Santé publique France.
Restent cependant près de 15% de soignants à vacciner d'ici à trois semaines. «C'est encore trop», a estimé jeudi Olivier Véran, appelant une énième fois «solennellement» les retardataires «à prendre rendez-vous» pour recevoir l'indispensable injection.
Et gare à ceux qui voudraient contourner l'obligation: «Le refus de se vacciner ne donnera lieu à aucun arrêt maladie», a prévenu le ministre de la Santé, promettant «des contrôles systématiques» pour «toute prescription jugée suspecte».
«La loi s'appliquera» donc partout, a-t-il insisté, à l'exception des départements d'outre-mer submergés par la quatrième vague épidémique - en particulier la Martinique et la Guadeloupe - où la mesure sera «repoussée de l'autre côté de la vague» car «on n'allait pas leur rajouter cette contrainte».

Les conséquences pourraient s'avérer «monumentales»

La ligne inflexible du gouvernement n'est pas pour déplaire aux fédérations hospitalières qui représentent les dirigeants d'établissements chargés de contrôler sur le terrain le respect de l'obligation vaccinale.
Dans le secteur public, la FHF «salue la parole très ferme et très claire» de M. Castex qui a «confirmé l'échéance» du 15 septembre. Favorable de longue date à la vaccination obligatoire des soignants, l'organisation assure qu'«aucun passe-droit ne sera fait à la minorité qui choisirait de ne pas se faire vacciner».
Du côté des cliniques privées, le président de la FHP, Lamine Gharbi, considère que «l'avertissement du Premier ministre peut permettre de relancer la dynamique auprès de ceux qui restent réticents». En revanche, «pour les conduites résolument réfractaires, il est logique qu'une obligation soit assortie d'une possibilité de sanction».
Chez les directeurs d'Ehpad, le président de l'AD-PA, Pascal Champvert, constate toutefois que «certains salariés sont remontés contre l'obligation vaccinale et ça pose problème».
«C'est une minorité», mais les conséquences pourraient s'avérer «monumentales», s'inquiète même un responsable national d'un des principaux syndicats hospitaliers. «Si jamais on perd 5% du personnel, on peut se retrouver à devoir fermer des hôpitaux», redoute-t-il, reprochant à l'exécutif d'avoir «ouvert une boîte de Pandore».
Entre autres dérives, il constate «une agressivité montante entre vaccinés et non-vaccinés». Ce que le dirigeant d'un autre syndicat interprète comme une fracture entre «les anti qu'on entend beaucoup» et tous ceux «qui ne disent rien mais vont aller bosser» quand leurs collègues seront suspendus.
«Ca crée un bordel dont on n'avait vraiment pas besoin», regrette un troisième responsable syndical qui prédit «un contexte difficile si les sanctions tombent» et espère «qu'on trouve une porte de sortie» avant d'en arriver au «bras de fer».
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