«Les USA sont les alliés de l’Europe mais cela ne veut pas dire que l’on doit chausser leurs bottes»

© REUTERS / US MARINESÉvacuation à l'aéroport Hamid Karzai de Kaboul (archive photo)
Évacuation à l'aéroport Hamid Karzai de Kaboul (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 15.09.2021
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L’échec américain en Afghanistan va-t-il mener à une plus grande souveraineté dans les actions militaires européennes? Analyse du général Dominique Trinquand, ancien chef de mission militaire auprès de l’Onu, pour Le Désordre mondial.
Le désastre subi par les Américains en Afghanistan signifie-t-il qu’il est temps pour les pays européens d’arrêter de se lancer dans les aventures militaires pilotées par Washington?
Emmanuel Macron a longtemps promu l’idée d’une armée européenne qui permettrait d’assurer une certaine souveraineté face aux États-Unis. Mais est-ce que l’Union européenne et ses pays membres sont en mesure de prendre leur indépendance vis-à-vis de la politique étrangère américaine? Est-il possible que les États-Unis restent en Afghanistan d’une manière ou une d’une autre, peut-être sous la forme d’opérations clandestines?
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Il est difficile de croire que Washington va vraiment lâcher complètement le morceau sans voir de retour sur investissement. Mais que va faire alors l’Europe, que ce soit sur ce théâtre d’opérations comme sur d’autres? Le général Dominique Trinquand, ancien chef de mission militaire auprès de l’Onu, spécialiste de la gestion de crise et des opérations de maintien de la paix, revient sur les raisons de l’échec afghan:
«À l’origine, les États-Unis voulaient contrer Oussama ben Laden qui avait fomenté les attentats du 11-septembre. Les Européens, et donc les Français, sont venus par solidarité. L’intervention a duré jusqu’en 2011, date de la mort de ben Laden. Mais les opérations ont continué afin de mettre en place une démocratie, la liberté pour les femmes... des sujets qui n’avaient rien à voir avec le sujet initial. L’Otan a perdu parce qu’il a voulu aller trop loin.»
Les Européens, poursuit-il, empêtrés dans les accords avec Washington par le biais de l’Otan, ont laissé la manœuvre aux Américains. Aujourd’hui, ils remettent sur la table l’idée d’une force européenne commune. Une initiative appropriée, selon le général:
«Ce sont des décisions européennes dans lesquelles les Américains ne rentrent pas. Les États-Unis sont les alliés de l’Europe, mais cela ne veut pas dire que l’on doit chausser leurs bottes en permanence. Par exemple, en 2003, la France –grand ami des Américains– avait dit: ‘N’allez pas en Irak.’ Les Américains ont essayé de nous emmener dans leur alliance mais nous avons refusé. Les Européens ont besoin de constituer des capacités –du renseignement ou militaires– qui leur permettent de manœuvrer indépendamment des Américains.»
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