«Intuber oui, entuber non»: des infirmiers anesthésistes contre le système de santé qui «s’écroule» - vidéo

© SputnikManifestation des infirmiers anesthésistes diplômés d'État (IADE) à Paris, le 16 septembre 2021
Manifestation des infirmiers anesthésistes diplômés d'État (IADE) à Paris, le 16 septembre 2021 - Sputnik Afrique, 1920, 16.09.2021
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Plusieurs centaines d’infirmiers anesthésistes ont battu le pavé à Paris ce 16 septembre pour réclamer un statut à la hauteur de leurs compétences. Ils dénoncent un manque de reconnaissance alors qu’ils étaient au front durant la crise sanitaire.
«On s’est bien servi de nous pour monter des services éphémères, pour aider les collègues en réanimation, on est très contents de l’avoir fait mais on n’a aucune reconnaissance.»
Béatrice, infirmière anesthésiste exerçant à Lyon, ne décolère pas. «On a demandé beaucoup de perturbations dans la vie personnelle des soignants, des infirmiers anesthésistes, pour n’avoir rien en retour.» «Ce n’est pas donnant-donnant, c’est donné-donné», fustige-t-elle.
​Comme elle, ce sont plusieurs centaines de manifestants qui se sont rendus à Paris devant le ministère de la Santé, ce 16 septembre, pour témoigner de leur mécontentement. «Intuber oui, entuber non», pouvait-on lire sur certaines pancartes. Une formulation pour le moins évocatrice mais qui traduit l’état d’esprit qui traverse la profession.

Des salaires jugés insuffisants

Et pour cause, ils estiment que les nouvelles grilles salariales obtenues lors du Ségur de la Santé ne traduisent pas la complexité de leur métier. En effet, ils peuvent être amenés à faire, seuls, une anesthésie, ou encore s’occuper de la prise en charge des urgences. Des compétences particulières qui nécessitent deux ans de spécialisation, après leurs trois années en école d’infirmiers. Un cursus plus long donc, mais obligatoire pour exercer la fonction d’infirmier anesthésiste diplômé d’État (IADE).
Pourtant, ces années d’études supplémentaires et la difficulté du métier n’ont presque aucune incidence sur le bulletin de paie pour les jeunes diplômés.
«Il n’y a que 13 euros de différence entre un infirmier général et un infirmier anesthésiste, qui a pourtant des compétences exclusives comme l’intubation et encore plein d’autres actes», résume un manifestant au micro de Sputnik.
«On ne manifeste pas que pour nous, mais pour l’intérêt de l’hôpital public et des patients pour leur sécurité», prévient Morgan. Un confrère abonde dans son sens: «Ce que l’on redoute c’est la fuite des compétences», que les gens ne «veulent plus se former à ce métier» et qu’ils aillent «vers des statuts IPA [infirmier en pratique avancé, ndlr] qui sont mieux valorisés et plus faciles d’accès».
​Un exode qui serait déjà en cours, affirme Béatrice: «On a une fuite qui est énorme des soignants de l’hôpital. Il faut que la population en soit consciente, on est obligés de fermer des salles de bloc opératoire à cause du manque de personnel.»
«Les infirmières de blocs opératoires partent, les infirmières de réanimation partent, elles sont épuisées», s’inquiète la jeune femme. 
Or cela pourrait avoir de graves conséquences. Un soignant rappelle à Sputnik que lorsque que le personnel vient à manquer et qu’aucun remplaçant ou jeune diplômé n’assure la relève, «on est obligés de déprogrammer des chirurgies, on ne fait tourner plus que les chirurgies d’urgence ou de carcinologie [traitement du cancer, ndlr]».
«La France avait un système de santé hors pair, il s’écroule complètement et c’est gravissime», déplore un autre infirmier anesthésiste lyonnais.
Alors pour eux, il est nécessaire d’«obtenir une véritable reconnaissance à la hauteur de [leurs] compétences». En clair, ils souhaitent une prise en compte dans la loi, les décrets et les salaires de leurs deux années de spécialisation, en plus des trois ans de formation initiale en école d’infirmières. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), portant notamment sur les pratiques avancées, doit être rendu au gouvernement courant septembre. Un état des lieux qui pourrait ouvrir la porte à la reconnaissance statutaire des IADE.
«Il y a un travail en cours mais on n’est pas dupes car cela fait tellement longtemps qu’ils nous mènent en bateau, que ce soit ce gouvernement ou un autre d’ailleurs», confie néanmoins, désabusé, un manifestant. 
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