«Scandale sanitaire»? Des enfants roms contaminés au plomb dans le Val-d’Oise

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Roms, image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 20.09.2021
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Le sujet du danger de la contamination au plomb refait surface après qu’une enquête de Libération a révélé que 86% des enfants d’un campement de Roms présentaient un taux de plomb dans le sang élevé.
Une enquête lancée par Libération vient de dévoiler des analyses confidentielles de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France témoignant d’un «scandale sanitaire» connu de l’État depuis une quinzaine d’années. Ainsi, plusieurs dizaines de mineurs résidant dans un camp de Roms à Méry-sur-Oise souffrent de saturnisme, la présence excessive de plomb dans l'organisme qui y pénètre par les voies respiratoires et digestives. En effet, dans ce campement d’une centaine de personnes, le sol est concentré en plomb à des taux élevés.
Selon des informations de l’ARS révélées en exclusivité par Libération, 42 des 49 enfants roms testés dans le camp, soit 86%, ont présenté un taux de plomb supérieur à 50 microgrammes par litre de sang au moins une fois lors de deux séries d’analyses, en septembre 2020 et février 2021. Un tel cas chez un moins de 18 ans implique une déclaration obligatoire auprès des autorités sanitaires et prévoit une enquête environnementale et des mesures de protection. Or, cela fait une quinzaine d’années que les premiers signaux d’alerte ont été émis.
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Toujours selon le journal, l’ARS et l’État sont au courant de la pollution de cet endroit. Une étude globale avait été menée en 2007 avec prélèvement d’échantillons de sol sur 55 sites et les résultats, dévoilés seulement en 2018, avaient révélé des teneurs élevées en plomb dans cette zone des Yvelines et du Val-d’Oise avec près de trois fois la valeur repère d’Île-de-France (qui est de 53,7 milligrammes par kilo).
La raison de cette concentration réside dans le fait que pendant plus d’un siècle, «c’était les égouts parisiens», a déclaré une juriste au collectif Romeurope. Qui plus est, des ordures ménagères y étaient déversées, car à l’époque, «on pensait que ces eaux grasses et ces déchets étaient riches en matière organique et que ça les fertilisait», a renchéri Denis Baize, ex-directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

La plombémie

Très dangereux pour les adultes, le saturnisme l’est doublement pour les plus petits, car le plomb est toxique pour le système nerveux central et périphérique, pour les reins ainsi que le sang, notamment les globules rouges, ce qui pourrait causer une anémie.
En 1995, plus d’un quart des 1-6 ans avait une concentration en plomb dans le sang (plombémie) supérieure à 50 microgrammes par litre de sang et 2,1% un chiffre supérieur à 100 microgrammes. Aujourd’hui, la proportion des enfants présentant un taux de plomb supérieur à 50 microgrammes est tombée à environ 2%, avait indiqué pour sa part l’Inserm en 2019.
En juin 2015, «suivant les recommandations du Haut Conseil de la santé publique, les autorités sanitaires ont décidé par arrêté […] d’abaisser de 100 à 50 microgrammes par litre la concentration en plomb dans le sang (plombémie) définissant le saturnisme chez l’enfant», avait précisé le ministère des Solidarités et de la santé.

Cas récent

Le problème de l’intoxication au plomb est revenu en force après l’incendie de Notre-Dame de Paris qui a libéré des centaines de tonnes de ce métal en ravageant la toiture et la flèche de la cathédrale, le 15 avril 2019.
Ainsi, la préfecture avait instauré un «périmètre de sécurité aux abords de la cathédrale Notre-Dame de Paris» le 21 avril 2019. Le 18 mai déjà, la préfecture de police avait adopté un arrêté de fermeture provisoire du parvis du lieu de culte aux piétons et aux véhicules en raison de «concentrations de poussières de plomb supérieures au niveau habituel parisien […] en certains points du parvis».
Mais le 20 juillet dernier, Santé publique France (SPF) a affirmé dans un rapport que l’incendie n’avait pas entraîné la contamination des riverains de l’édifice. Ainsi, 1.222 enfants de 0 à 17 ans ont été dépistés dans les 1er, 4e, 5e, 6e et 7e arrondissements de Paris. Parmi eux, «13 présentaient une plombémie supérieure à 50 microgrammes par litre de sang». Toutefois, selon «les enquêtes environnementales menées autour des 13 cas», si ces enfants ont éventuellement pu être contaminés des suites du sinistre à Notre-Dame, ils l’étaient déjà d’une autre façon.
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