Le nombre de soignants suspendus en lien avec l’obligation vaccinale serait sous-estimé

© AP Photo / Ludovic MarinOlivier Véran
Olivier Véran - Sputnik Afrique, 1920, 21.09.2021
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Alors que la vaccination obligatoire des personnels de santé est entrée en vigueur en France la semaine dernière, Olivier Véran a fait état de "quelque 3.000 suspensions" des réfractaires. Or, ce chiffre est "parcellaire", précise son cabinet auprès du Monde.
Au jour de l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire pour les soignants, le nombre de ceux qui ont été suspendus pour l’avoir refusée avait été évalué à 3.000 par Olivier Véran. Mais en réalité ce chiffre est "partiel et parcellaire", explique au Monde le cabinet du ministre de la Santé.
Quelques jours après qu'il avait livré cette statistique sur les ondes de RTL, la situation a changé, toujours selon son entourage, le temps que les établissements fassent remonter le nombre des soignants suspendus.
En général, il ne s'agit ici que des personnels travaillant en établissements de santé, mais ceci ne comprend pas ceux qui exercent en libéral, ainsi que les pompiers et les ambulanciers.

Des données fragmentaires

Premièrement, la situation diffère en fonction de chaque établissement médical. Certains ont expliqué le 15 septembre n’avoir pas encore recueilli les données complètes. Par exemple, sur près de 7.500 employés du CHU de Nice, 350 ont été suspendus, d’après les informations de France Bleu. Il s’agit ainsi de 5% des effectifs. Alors que les hôpitaux des Alpes du Sud (Gap, Sisteron, Embrun, Briançon, Aiguilles et Guillestre) indiquent avoir relevé une centaine de soignants de leurs fonctions, la clinique de la Sagesse à Rennes a fait état de deux cas sur 700 professionnels de santé. Les Hospices civils de Lyon (HCL) ne comptent que 60 agents suspendus, alors que les vérifications se poursuivent "sur environ 160 situations".
Deuxièmement, un "fossé" est pris en compte entre le chiffre des 3.000 soignants suspendus et le nombre d’effectifs qui ne sont toujours pas vaccinés. Selon le point épidémiologique de Santé publique France mis à jour le 14 septembre, plus de 10% de ceux qui travaillent dans les Ehpad ou établissements de santé n’avaient toujours pas été vaccinés. Il s’agirait d’une centaine de milliers de personnes, soit "environ 300.000", d’après les estimations du ministère de la Santé. Ce chiffre comprend tous les professionnels de santé.

Arrêt maladie et contre-indications

En outre, grâce aux contre-indications médicales, une partie des soignants est épargnée de la suspension du fait de l’obligation vaccinale.
À cette tranche de salariés s’ajoutent également ceux en arrêt maladie. Chacun peut "utiliser, avec l'accord de son employeur, des jours de repos conventionnels ou des jours de congés payés".
Qui plus est, l’obligation vaccinale a été "repoussée" dans les territoires d’outre-mer qui sont actuellement lourdement touchés par l’épidémie. Or, le niveau d’immunisation en Guadeloupe est beaucoup moins élevé qu’en métropole. Selon le directeur général du CHU de ce DROM, les soignants non vaccinés représenteraient 70% du personnel, il était donc "dans l’impossibilité" de les suspendre.
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