Malgré l’ambition de Darmanin, le trafic de drogues continue de régner sur un immeuble de Saint-Ouen

© Photo Pixabay / stevepbDrogue (image d'illustration)
Drogue (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 21.09.2021
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Alors que Gérald Darmanin assure avoir "gagné une bataille" dans la guerre contre le trafic de stupéfiants, mettant en avant les chiffres des saisies, ce fléau persiste toujours largement en Seine-Saint-Denis. Dans un immeuble de Saint-Ouen devenu un point de deal, les résidents vivent dans la terreur.
Les habitants d’un immeuble de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) sont terrorisés par un trafic de drogue qui gangrène leur quartier depuis les années 1990, rapporte Le Monde.
Situé rue Charles-Schmidt, cet immeuble HLM contenant trois cages d’escaliers et 117 logements est un point de transactions pour des centaines de clients issus de toute la région. Les trafiquants y accueillent "24/24". Interrogé par le journal, un résident évoque un "défilé continuel, du cadre supérieur venu en Mercedes à la dame en talons aiguilles", le week-end dernier.

"Selon la classification des policiers, c’est un site de niveau 4, le plus élevé dans l’insécurité et le plus difficile de notre patrimoine. Ce trafic existe depuis 30 ans et l’insécurité est montée crescendo", indique au Monde Patrice Roques, directeur général de Seine-Saint-Denis Habitat, l’office HLM départemental propriétaire.

Cet immeuble fait peur même aux livreurs qui refusent d’y aller, aux parents qui n’invitent plus les amis de leurs enfants pour les fêtes d’anniversaire et même une assistante maternelle à domicile qui n’y va presque jamais.

"On ne peut pas vivre normalement. Même le courrier n’a pas été distribué durant des semaines, les postiers ayant, un temps, exercé leur droit de retrait. Si nous protestons, nous sommes injuriés voire menacés de mort par des mots dans les boîtes aux lettres", confie au journal un habitant.

La police ne contribue pas beaucoup à la situation

Des intervenants, chauffagistes, ascensoristes, personnel de nettoyage, trouvent constamment des caches de drogue ou d’armes. Censés signaler ces faits au bailleur dès leur départ, ils ne le font que deux ou trois jours plus tard, craignant des représailles. Les locaux à poubelles de l’immeuble sont utilisés par les trafiquants comme lieu de stockage.

"La police passe souvent, interpelle parfois quelques personnes vite libérées et qui se vantent de ne pas payer les amendes, puis ça repart comme avant", déplore auprès du journal un résident.

La guerre contre le trafic de drogue est-elle vraiment gagnée?

Cependant, le ministre de l’Intérieur a fait de la lutte contre le trafic de stupéfiants sa priorité. Dans une interview accordée le 15 août au Figaro, Gérald Darmanin a même estimé avoir "gagné une bataille" dans cette "guerre difficile et très ancienne" compte tenu des "priorités fixées il y a un an, c’est-à-dire la reconquête de la rue pour empêcher que ces trafics minent nos quartiers et nos villages".
Les mesures prises ont permis de saisir au cours du premier semestre de l’année près de neuf tonnes de cocaïne, soit 91% de plus par rapport à la même période en 2020, "déjà une année record", note M.Darmanin. Ces saisies concernent notamment le cannabis avec 57 tonnes (soit une hausse de 37% par rapport à 2020), l’héroïne (60% de plus) et l’ecstasy (24% de plus).
Le ministre avait annoncé le 20 décembre au Parisien que la France comptait 3.952 points de deal, dont 276 pour la seule Seine-Saint-Denis. Les coups de filet de la police déployée dans ce département ont permis de démanteler en juin 2020, en janvier et en avril un "four" de l’avenue Michelet, à Saint-Ouen, impliquant pas moins de 33 personnes âgées de 14 à 57 ans.
Dans une interview accordée au Figaro, le ministre de l’Intérieur a également annoncé la création en septembre de dix nouveaux "quartiers témoins" avec des renforts de policiers et de gendarmes à travers le pays.
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