Baisse de l’insécurité? Darmanin encense le gouvernement mais oublie un élément essentiel

Gérald Darmanin - Sputnik Afrique, 1920, 25.09.2021
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Dans une série de tweets, le ministre de l’Intérieur a vanté la lutte du gouvernement contre l’insécurité, affichant des chiffres fortement à la baisse "depuis le début du quinquennat". Sauf que certaines tendances, dont les cambriolages, s’expliquent surtout par les restrictions sanitaires de 2020.
Un an après avoir dénoncé "l’ensauvagement" de la société, Gérald Darmanin tente de dresser un portrait plus apaisé de la France en communiquant les derniers chiffres de son ministère. Jeudi 23 septembre, il a publié des graphiques montrant une baisse de certains faits de violence, sans autre explication que "le gouvernement lutte contre l’insécurité".
Un premier élément de communication trompeuse du locataire de Beauvau concerne les cambriolages qui "baissent fortement depuis le début du quinquennat". Certes, comme le montre le graphique publié correspondant aux chiffres du ministère de l’Intérieur accessibles en ligne, il y en avait 246.400 en 2017, contre seulement 185.600 en 2020.
Une conséquence de la lutte efficace du gouvernement? Peut-être en partie, mais le nombre de cambriolages a surtout chuté en 2020, année marquée par les confinements et couvre-feux successifs. En effet, il est plus difficile de s’introduire dans un domicile constamment occupé par ses habitants, a fortiori quand les déplacements sont fortement limités et susceptibles d’être contrôlés par la police.

Analyse par trimestre

Le rapport "Insécurité et délinquance en 2020" publié par Interstats sur lequel se base M. Darmanin reconnaît ce fait: "le nombre de cambriolages de logements a très fortement reculé au cours des premier et deuxième trimestres de l’année 2020 incluant le premier confinement de la population". Au troisième trimestre, lorsque le confinement s’est terminé, le nombre de cambriolages a "enregistré un rebond important", pour ensuite fortement baisser à nouveau au dernier trimestre, "incluant le deuxième confinement".
Les fiches sur les vols violents et les vols de véhicules, dont la baisse est également vantée par le ministre grâce à la "lutte" du gouvernement, décrivent des tendances similaires. Ces chiffres baissaient de toute façon avant l’investiture de Macron, mais ont largement diminué en 2020, surtout aux premier, deuxième et quatrième trimestres, avec confinement, alors qu’ils ont remonté en flèche lors du troisième, sans confinement.
L'essayiste Éric Zemmour a livré sa propre interprétation des statistiques du ministère en affirmant que "la pandémie est plus efficace pour réduire l'insécurité que l'action gouvernementale depuis 30 ans".

Oublis?

Enfin, Gérald Darmanin omet soigneusement de mentionner certaines données lorsqu’il promeut le bilan sécuritaire du mandat d’Emmanuel Macron. Par exemple, aucune remarque sur les violences sexuelles en constante augmentation depuis 2012, sans que ce quinquennat y ait changé quoi que ce soit. Elles ont notamment augmenté de 19% en 2018 par rapport à l’année précédente, de 12% en 2019, puis de "seulement" 3% en 2020, mais de 11% pour les viols.
Il convient ici de préciser qu’il ne s’agit que des faits enregistrés par la police et la gendarmerie. Leur hausse est ainsi expliquée dans le rapport "par une évolution du comportement de dépôt de plainte des victimes, dans le climat des différents mouvements sur les réseaux sociaux ayant favorisé la libération de la parole". Comme pour les autres données, ce chiffre a baissé durant les trois trimestres de 2020 concernés par les deux confinements, mais a explosé pendant l’été.
Également oubliées par le ministre, les violences intrafamiliales ont considérablement augmenté en 2020 (+9%), sans doute là aussi favorisées par les confinements. D’autres indicateurs comme les homicides, les vols sans violence contre personnes ou les escroqueries ont soit diminué soit beaucoup moins augmenté durant l’année 2020, laquelle reste peu fiable à cause des restrictions liées à la pandémie de Covid-19.
Les premiers chiffres de l’insécurité et de la délinquance de 2021, année un peu plus "normale", devraient paraître en janvier 2022, avec un bilan définitif autour d’avril, à l’aube de l’élection présidentielle.
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