Enlèvement, assassinat et fusillade à Londres: ce que la CIA aurait envisagé contre Assange

Le siège de la CIA à Langley, en Virginie - Sputnik Afrique, 1920, 27.09.2021
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En 2017, alors que Julian Assange entamait sa cinquième année à l'ambassade d'Équateur à Londres, la CIA a envisagé son enlèvement ou son assassinat, suscitant un débat houleux parmi les responsables de l'administration Trump sur la légalité et la faisabilité d'une telle opération, selon une enquête de Yahoo News.
En 2017, des discussions sur l’enlèvement, voire l’assassinat, du fondateur du site WikiLeaks Julian Assange ont été menées parmi de hauts responsables de la Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis, dirigée à l’époque par Mike Pompeo, et de l’administration Trump, indique un rapport de Yahoo News basé sur les confidences d’une trentaine d’anciens responsables américains.
Des projets d’enlèvement ou de meurtre de Julian Assange, réfugié à l’époque depuis plus de quatre ans dans l’ambassade équatorienne à Londres, ont été élaborés "au plus haut niveau" de l’administration Trump, a déclaré au média un ancien haut responsable du contre-espionnage.
Ces conversations d’importance faisaient partie d'une campagne sans précédent de la CIA dirigée contre WikiLeaks et son fondateur. Celle-ci comprenait plusieurs volets, notamment l’espionnage des collaborateurs de WikiLeaks, semer la discorde parmi les membres du groupe et voler leurs appareils électroniques.

La plus grande fuite de données "de l’histoire de la CIA" à l’origine de ces projets radicaux

Selon Yahoo News, ces plans de guerre totale ont été déclenchés suite à la publication par WikiLeaks d'outils de piratage de la CIA extrêmement sensibles, connus sous le nom de "Vault 7", que l'agence a qualifiée de "plus grande perte de données de l'histoire de la CIA".
Le nouveau directeur de la CIA du Président Trump, Mike Pompeo, cherchait à se venger de WikiLeaks et d’Assange. La fureur de la CIA était telle que le nouveau responsable du renseignement américain a qualifié publiquement le site de "service de renseignement hostile non étatique".
Dans la foulée de cette déclaration, la CIA avait opté pour des mesures beaucoup plus agressives contre WikiLeaks similaires à celles utilisées contre les services d’espionnage ennemis, ont déclaré d’anciens responsables du renseignement à Yahoo News. Pendant plusieurs mois, ses agents surveillaient les communications et les déplacements de nombreux membres du personnel de WikiLeaks, y compris avec la surveillance audio et visuelle d’Assange lui-même.
La CIA a refusé de commenter les déclarations du média et Mike Pompeo, devenu plus tard secrétaire d’État, n'a pas répondu aux demandes de commentaires.

Empêcher à tout prix une évasion vers Moscou

Fin 2017, des responsables américains ont pris connaissance de ce qu'ils considéraient comme des rapports alarmants selon lesquels des agents du renseignement russe se préparaient à évacuer Assange du Royaume-Uni vers la Russie, avance Yahoo News.
Les informations faisant état d'une éventuelle évasion ont été considérées comme crédibles au plus haut niveau du gouvernement américain. À l'époque, les responsables équatoriens avaient pensé à accorder le statut diplomatique à Assange dans le cadre d'un programme visant à lui permettre de quitter l'ambassade et de se rendre à Moscou pour servir dans la mission du pays en Russie.
Plusieurs scénarios avaient été alors mis au point par la CIA et la Maison-Blanche pour déjouer les plans de départ d'Assange pour la Russie, selon trois anciens responsables. Ceux-ci prévoyaient, si besoin est, de tirer sur des agents de Moscou dans les rues de Londres, d’écraser un véhicule diplomatique russe transportant Assange pour l’enlever et, en cas d’échec, de tirer sur les pneus d'un avion russe transportant Assange pour l’empêcher de décoller pour Moscou. Les responsables américains ont demandé à leurs homologues britanniques de procéder aux tirs si les coups de feu étaient nécessaires, et les Britanniques ont accepté, selon un ancien haut responsable de l'administration.
Les responsables de la Maison-Blanche en ont informé Donald Trump et l'ont averti que l'affaire pourrait provoquer un scandale international.
Selon les sources de Yahoo News, des juristes de la Maison-Blanche ont empêché la réalisation de ces projets du renseignement. Elles font savoir que certains membres de l’administration ont révélé les intentions de Mike Pompeo à des comités du Congrès américain. Donald Trump a démenti les informations de Yahoo News.

L’extradition vers les États-Unis incompatible avec son état psychologique

Julian Assange est actuellement incarcéré dans la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres, où il est considéré comme un prisonnier à risque de suicide. Aux États-Unis, qui demandent son extradition, il est accusé d’avoir publié des documents classifiés et encourt 175 ans de prison. Le 4 janvier dernier, la justice britannique a estimé que son état psychologique était incompatible avec une extradition.
Au mois de juillet, Julian Assange a été déchu de sa nationalité équatorienne qu’il avait reçue en janvier 2018 dans le cadre d’une tentative infructueuse du gouvernement du Président de l’époque, Lénin Moreno, de le transformer en diplomate pour le faire sortir de son ambassade à Londres.
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