Hécatombe sur les Costas espagnoles: des dizaines de migrants algériens meurent en mer

© Photo Pixabay / ELG21 La mer (image d'illustration)
La mer (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 27.09.2021
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De nombreux migrants clandestins algériens ont trouvé la mort près des côtes espagnoles. Ces "harragas" avaient pris la mer à partir de plusieurs villes côtières d’Algérie à bord de petites embarcations de pêche.
Les médias algériens ont annoncé, ce lundi 27 septembre, le décès ou la disparition en mer de plusieurs dizaines de migrants. Cette information provient de volontaires du Centre international pour l’identification des migrants disparus (CIPIMD), une ONG espagnole dont le siège est à Malaga, qui a lancé, samedi 25 septembre, un avis à identification de dizaines de corps de ressortissants algériens rejetés par la mer. Francisco Jose Clemente Martin, membre actif de cette association, a été le premier à donner l’alerte, dimanche 26 septembre, sur la page Facebook Héroes del mare (Héros de la mer). Il explique que ce naufrage, qui a eu lieu dans la nuit du 17 au 18 septembre, fait suite à l’arrivée de plus de 1.000 migrants algériens sur les côtes espagnoles.

Black-out médiatique

Chahredine Berriahest chef du bureau du journal El Watan à Tlemcen et spécialiste en questions de migration. Il explique à Sputnik que, vu d’Algérie, ces départs de migrants vers l’Espagne apparaissent comme exceptionnels mais en réalité ce phénomène "ne s’est jamais arrêté". "Le fait que plus de 1.400 harragas (˝ceux qui brûlent les frontières˝, en dialecte algérien) arrivent en Espagne en quelques jours peut nous surprendre, alors qu’en réalité c’est une situation qui se produit régulièrement", explique-t-il.
"Nous ne sommes pas face à une nouvelle vague, c’est juste la poursuite d’un phénomène qui existe depuis plusieurs années. En fait les départs ne se sont pas arrêtés, les gens embarquent de façon illégale. Sauf que depuis 2019, la presse algérienne a arrêté de médiatiser ce phénomène, contrairement aux journalistes espagnols qui médiatisent régulièrement la situation. En Espagne, ils sont au courant des arrivées contrairement à nous, en Algérie, qui sommes très peu informés", note le journaliste.
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Chahredine Berriah indique que le Centre international pour l’identification des migrants disparus et notamment Francisco Jose Clemente Martin, font un travail très important en communiquant quotidiennement sur les arrivées de migrants clandestins algériens sur les côtes sud de l’Espagne.
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Tropico

Pour rallier l’Espagne, les harragas doivent dépenser entre 3.000 et 5.000 euros, selon la région de départ et le type d’embarcation. "Les migrants peuvent prendre des bateaux rapides qui permettent d’atteindre leur destination en quelques heures ou alors des embarcations de pêche", explique pour sa part Lotfi Abdelmadjid, journaliste à Mostaganem, ville de la côte ouest considérée comme l’un des principaux points de départ d’Algérie.
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Lotfi Abdelmadjid indique que l’essentiel des naufrages sont dus à l’utilisation de petites embarcations vétustes, les "botti" en dialecte algérien, et à l’inexpérience de certains passeurs. "Leurs utilisateurs sont des jeunes qui mettent en commun des moyens afin d’acheter une barque, un moteur et du carburant. Ce sont des embarcations très fragiles qui peuvent se retourner facilement", détaille-t-il. Les bateaux plus puissants -appelés Tropicos sur la côte algérienne, ou Patera taxi en Espagne-, ont fini par s’imposer. "Ces bateaux semi-rigides ont le double avantage d’être très sûrs et particulièrement rapides. À l’origine, les Tropicos étaient utilisés pour le transport de la drogue produite au Maroc. Ils ont fini par être exploités par des réseaux mafieux du sud de l’Espagne car il est impossible d’en trouver sur le marché algérien", révèle Lotfi Abdelmadjid.
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