Pourquoi Arnaud Fontanet s’attend-il à une "poursuite de la hausse des contaminations" au Covid?

© AFP 2023 STEPHANE DE SAKUTINArnaud Fontanet
Arnaud Fontanet - Sputnik Afrique, 1920, 24.10.2021
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Le taux d’incidence vient de dépasser un seuil d’alerte en France. Une hausse des contaminations est attendue par Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique. Dans une interview au JDD, il explique cela par la météo et la baisse de l’efficacité des vaccins avec le temps.
La France compte au 23 octobre 75,7% de personnes ayant reçu au moins une injection de vaccin (plus de 51 millions) et 73,9% ayant désormais un schéma vaccinal complet (plus de 49,8 millions), selon le ministère des Solidarités et de la Santé. Mais dans une interview accordée le 23 octobre au Journal du Dimanche (JDD), Arnaud Fontanet, professeur à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, confie s’attendre à une "poursuite de la hausse des contaminations".

"Avec près de 5.000 cas par jour, la France se situe dans une situation intermédiaire: c’est une reprise épidémique modérée. Le R [nombre de personnes contaminées par un cas positif, ndlr] vient de franchir la barre de 1. Mais, attention, la tendance sera plus nette dans deux ou trois semaines car le changement de nos pratiques de tests brouille le tableau. Il faut attendre un peu pour pouvoir dégager une tendance".

Selon lui, deux facteurs sont en cause: "la météo et la baisse de l’efficacité des vaccins contre l’infection".
Il rappelle que les vaccins "continuent à protéger à plus de 90% contre les formes graves de la maladie", mais que "la protection contre l’infection passe de 80% deux mois après la deuxième dose à 50% au bout de six mois".

"Beaucoup de 18-49 ans ont été vaccinés au début de l’été. C’est dans cette tranche d’âge, souvent impliquée dans les reprises épidémiques, que la baisse d’efficacité vaccinale va se faire sentir à partir de novembre. Chez les adolescents, la protection contre l’infection se maintient au moins pendant quatre mois à 90%, et ils devraient donc rester protégés à court terme", note Arnaud Fontanet

Les bienfaits de la vaccination

Malgré la baisse d’efficacité des vaccins avec le temps, il souligne les bienfaits de l’immunisation qui "va certainement ralentir la progression et diminuer l’amplitude de la vague en formation".
"Et chaque semaine gagnée est importante, car elle permet de compléter la vaccination, et nous rapproche de la sortie de l’hiver. […]. Quand on voit le drame qu’ont vécu les Antilles cet été du fait d’une couverture vaccinale insuffisante, et celui qui se dessine en Europe de l’Est, où la couverture vaccinale varie de 30% à 70% selon les pays, on comprend mieux à quel point il était important d’atteindre la couverture vaccinale que nous avons, près de 90% de la population éligible. On se doit aussi de réfléchir à comment nous pouvons aider nos voisins."
En outre, il espère que le taux de vaccination élevé en France permettra d’éviter la saturation des hôpitaux.

"Les dernières informations disponibles sont rassurantes: nous avons maintenant six à huit mois de recul pour estimer l’efficacité vaccinale contre les formes graves, et elle se maintient à 90%", indique-t-il en mettant en valeur la dose de rappel pour les plus âgés et les personnes avec comorbidités qui connaissent une baisse de l’efficacité vaccinale.

Une "petite poussée" des cas ou une nouvelle vague?

Pour l’instant, le gouvernement refuse de parler de nouvelle vague épidémique.
Invité le 21 octobre sur BFM TV et RMC, Olivier Véran n’a ainsi évoqué qu’"une petite poussée" des cas de Covid-19 en notant une "tendance à l'augmentation modérée".

"Il fait froid dehors, c'est plus humide, comme tous les virus respiratoires" le Covid-19 "circule plus, on s'y attendait", a-t-il poursuivi, évoquant "5.000 cas par jour".

Le 20 octobre, Gabriel Attal a également dit "constater les prémices d'un léger rebond, sans que nous puissions parler à ce stade d'une nouvelle vague", le taux d'incidence national s'approchant à nouveau des 50 pour 100.000 habitants.
Pourtant ce taux continue de s’accroître en ayant franchi le 23 octobre le seuil d'alerte des 50,9 pour 100.000 habitants, d’après Santé publique France. Une première depuis le 30 septembre. Au total, 6.291 nouveaux cas ont été enregistrés en 24 heures, ce qui constitue une hausse de 28% par rapport à samedi dernier.
Une baisse du nombre de personnes hospitalisées est néanmoins observée. 6.348 patients sont actuellement à l'hôpital pour une infection au Covid-19, soit 52 de moins que la veille. Parmi eux, 1.007 sont en réanimation (une réduction de trois cas). 23 nouveaux morts ont été également recensés.
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