"Dissuader" Moscou: un parlementaire allemand dénonce des appels "irresponsables"

© AP Photo / Virginia MayoAnnegret Kramp-Karrenbauer
Annegret Kramp-Karrenbauer  - Sputnik Afrique, 1920, 26.10.2021
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Désaccord au sein de la classe politique allemande sur la nécessité de faire pression sur Moscou. Les déclarations de la ministre sortante de la Défense appelant l'Otan à la dissuasion de la Russie ont suscité les vives critiques du chef du groupe parlementaire SPD, qui les a jugées "irresponsables".
La tactique de pression sur la Russie semble ne pas être approuvée par tout le monde en Allemagne. Le chef du groupe parlementaire du Parti social-démocrate (SPD), Rolf Mutzenich, a ainsi dénoncé lundi les appels "irresponsables" à la confrontation avec Moscou lancés par la ministre sortante de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer. Elle avait appelé l’Otan, le 21 octobre, à montrer au Kremlin qu’elle était de son côté prête à utiliser des moyens militaires de dissuasion pour "que personne n’ait l'idée d’attaquer les partenaires" de l'Alliance.
Des propos imprudents et incendiaires, a déclaré M. Mutzenich à l’agence de presse DPA. Selon lui, menacer la Russie avec les forces nucléaires de l'Otan attise les flammes de la détérioration des relations internationales.
"Les commentaires de Mme Kramp-Karrenbauer ne sont pas différents des menaces tout aussi infondées venant du côté russe", a poursuivi M. Mützenich, ajoutant que cela accélérait la "spirale d'escalade". Il n’a pourtant cité aucun exemple de menace lancée par la partie russe.
Il a aussi appelé la ministre sortante à ne pas alourdir le travail du futur gouvernement fédéral.

Partisane du durcissement

Mme Kramp-Karrenbauer a été favorable au nouveau plan directeur de l'Otan, approuvé le 21 octobre, qui prévoit de contrer la Russie si un conflit militaire éclatait. Cette stratégie vise à se préparer à une offensive dans les régions de la mer Noire et de la Baltique, incluant éventuellement des armes nucléaires.
La ministre a notamment reproché à la Russie des "violations continues de l'espace aérien au-dessus des États baltes, mais aussi l'augmentation des attaques dans la région de la mer Noire".
Samedi, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou lui a répondu que "la sécurité en Europe ne peut être que collective sans porter atteinte aux intérêts de la Russie, mais à l’heure actuelle, l'Otan n'est pas prête à un dialogue d’égal à égal sur cette question". "Au milieu des appels à dissuader militairement la Russie, l'Otan renforce constamment ses forces près de nos frontières", a-t-il ajouté.

La crise des relations

La semaine dernière, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a imputé la montée des tensions à Moscou, bien que le bloc ait fait le premier pas en expulsant les représentants diplomatiques de la Russie.
"La relation entre l'Otan et la Russie est maintenant au plus bas depuis la fin de la guerre froide", a-t-il déclaré. Stoltenberg a insisté sur le fait que, malgré l'expulsion d'environ la moitié de la mission diplomatique russe au siège de l'Otan à Bruxelles il y a quelques semaines à peine, l’Alliance était toujours prête aux négociations.
Le 18 octobre, le chef de la diplomatie russe a annoncé que la représentation de la Russie auprès de l'Otan suspendait son activité après la décision de l’Alliance de retirer les accréditations de huit membres de la mission russe à Bruxelles.
Après les déclarations d'Annegret Kramp-Karrenbauer, l'attaché militaire allemand s'est également vu remettre une note au ministère russe de la Défense.
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