Morts, blessés, accusations réciproques: la tension monte à la frontière arméno-azerbaïdjanaise

© Sputnik . Alekseï Koudenko / Accéder à la base multimédiaUn canon arménien endommagé au Haut-Karabakh (photo d'archives)
Un canon arménien endommagé au Haut-Karabakh (photo d'archives) - Sputnik Afrique, 1920, 16.11.2021
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Les relations entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan se sont derechef tendues ce mardi 16 novembre, avec de nouveaux accrochages entraînant des pertes tant humaines que matérielles. Les autorités des deux pays s'en rejettent la responsabilité les unes sur les autres. Grâce à la médiation russe, un cessez-le-feu a été déclaré dans la soirée.
La tension, sous forme d'accrochages et de fusillades est encore montée d'un cran à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ces derniers jours. Les deux pays s'accusent réciproquement de provocations, alors que les militaires ont fait état de plusieurs morts, de blessés et de pertes matérielles. Un cessez-le-feu a été conclu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans la soirée suite à la médiation russe.
Le ministère arménien des Affaires étrangères a déclaré ce mardi 16 novembre que les forces armées azerbaïdjanaises avaient lancé une attaque dans l’est de la frontière arménienne et envahi le territoire arménien, faisant plusieurs victimes.
De son côté, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a avancé que la situation à la frontière avec l'Arménie restait tendue et que les opérations militaires se poursuivaient. Bakou a indiqué que les armes antichars et les mortiers des forces arméniennes ont été détruits en ripostant à la partie arménienne.

Des morts, des blessés et des prisonniers

Le ministère arménien de la Défense a fait état de plusieurs morts et blessés dans des messages relayés sur les réseaux sociaux. Le site du ministère a détaillé qu’il y avait au moins quatre blessés, alors que le nombre des morts est en cours de précision.
"Les combats, qui ont commencé après que des unités azerbaïdjanaises aient attaqué des positions arméniennes, ont fait des victimes et des blessés du côté arménien, dont le nombre reste à préciser, avec la perte de deux positions de combat connues. Les forces armées arméniennes ont riposté en infligeant à l'ennemi de lourdes pertes en matériel militaire et en effectifs. Les combats se poursuivent et la tension ne faiblit pas", détaille le message du ministère arménien.
Plus tard, Reuters a relayé une déclaration du parlement arménien évoquant la mort d'une quinzaine de militaires arméniens dans des combats avec les forces armées azerbaïdjanaises dans l'est de la République.
Qui plus est, 12 soldats arméniens ont été faits prisonniers lors de ces conflits, selon le ministère arménien de la Défense.
"L'ennemi a subi de lourdes pertes humaines, une dizaine d'équipements blindés ont été détruits ou mis hors d'usage. Côté arménien, il y a également eu des pertes. Les chiffres sont en cours de précision. Douze militaires des forces armées arméniennes -sept militaires sous contrat et cinq conscrits- ont été capturés", indique le message du ministère.
En outre, le ministère arménien a affirmé qu'une dizaine de véhicules blindés azerbaïdjanais avaient été détruits ou mis hors d'état de nuire lors des combats à la frontière avec l'Azerbaïdjan.
Dans la journée, le ministère arménien de la Défense a publié une vidéo affirmant qu’il s’agissait de la destruction des engins militaires azerbaïdjanais. La séquence de 50 secondes montre un véhicule de combat suivant le terrain vallonné, touché par un projectile non identifié. À la suite de l'explosion, une colonne de fumée s'élève alors au-dessus de l'appareil touché.

La médiation russe

Plus tard, le ministère arménien de la Défense a annoncé que son chef avait discuté de la situation à la frontière avec l'Azerbaïdjan avec son homologue russe, Sergueï Choïgou.
"Au cours de la conversation téléphonique, le ministre arménien de la Défense, Souren Papikian, a décrit la situation comme étant le résultat d'une provocation des forces azerbaïdjanaises dans l’est de la zone frontalière arméno-azerbaïdjanaise", indique le rapport.
Souren Papikian a souligné que "l'invasion du territoire souverain de l'Arménie par les forces armées azerbaïdjanaises constitu[ait] une violation flagrante de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 sur la cessation des hostilités au Karabakh et compromet[tait] le processus de négociation".
"Le ministre russe de la Défense a exprimé sa volonté de faire le maximum d'efforts pour faire cesser les hostilités, libérer les prisonniers et résoudre la situation", indique le communiqué.
À son tour, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a appelé ses homologues arménien et azerbaïdjanais, Souren Papikian et Zakir Hasanov, à cesser cette escalade, a ajouté le ministère russe de la Défense.
"Les ministres ont discuté de l'escalade de la situation à la frontière azerbaïdjano-arménienne dans la région du mont Kilisali.... Sergueï Choïgou a exhorté les deux parties à cesser toute action provoquant une escalade de la situation", indique le communiqué.
Pour rappel, la Russie avait précédemment joué le rôle de médiateur entre les deux parties. À l’automne 2020, l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont opposés militairement pendant six semaines pour le contrôle du Haut-Karabakh, région azerbaïdjanaise peuplée en majorité d’Arméniens qui avait proclamé unilatéralement son indépendance il y a 30 ans. Le conflit a fait plus de 6.500 morts et s’est soldé par la déroute de l’armée arménienne. Début novembre, les deux pays ont signé, sous l’égide de Moscou, un accord de cessez-le-feu qui prévoyait le déploiement d’un contingent russe dans la zone de conflit. Erevan a dû céder à Bakou les territoires contrôlés par les indépendantistes arméniens.

Le cessez-le feu s'établit, la situation stabilise

Plus tard dans la soirée, le Président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian ont discuté par téléphone de la situation à la frontière arméno-azerbaïdjanaise, a annoncé le service de presse du Kremlin.
Après des discussions avec Sergueï Choïgou, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont cessé les hostilités dans la région; la situation s'est normalisée, affirme le ministère russe de la Défense.
"Selon un accord négocié avec la médiation de la partie russe, à partir de 18h30 (15h30, heure de Paris), les tirs sur la partie est de la frontière arméno-azerbaïdjanaise ont cessé et la situation s'est relativement stabilisée", a indiqué le ministère arménien dans un communiqué publié sur son site.

Appel à la désescalade

La présidente de l'OSCE et ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, a exhorté ce mardi 16 novembre l'Arménie et l'Azerbaïdjan à cesser les hostilités et à discuter des points problématiques restants.
"Je partage la profonde inquiétude des co-présidents du groupe de Minsk [de l'OSCE, ndlr] concernant les rapports d'incidents dans la région, y compris le long de la frontière arméno-azerbaïdjanaise. J'exprime mon soutien total à leurs efforts et j'appelle les parties à cesser immédiatement l'escalade et à prendre des mesures pour résoudre les questions en suspens", a-t-elle écrit sur son compte Twitter.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a appelé à son tour ce mardi les dirigeants arménien et azerbaïdjanais à une "désescalade urgente" et un "cessez-le feu total", indique l’AFP, alors que des combats ont opposé les deux pays près de la région disputée du Nagorny-Karabakh.
Pour sa part, le Président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a lancé lors d'une conversation téléphonique avec le chef du Conseil européen, que Bakou avait répondu de manière adéquate aux actions d'Erevan. Il a souligné que "toute la responsabilité de la situation actuelle incomb[ait] aux dirigeants militaro-politiques arméniens".
En rappelant la déclaration des co-présidents du 15 novembre, la France a aussi appelé à "une désescalade rapide des tensions et soulign[é] la nécessité de poursuivre le dialogue entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur toutes les questions non résolues liées au conflit du Haut-Karabagh".
"La France exprime sa vive préoccupation concernant la dégradation de la situation sécuritaire en plusieurs segments de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et l’emploi allégué d’armes lourdes, qui ont fait de nombreuses victimes, notamment du côté arménien. Elle appelle les parties au respect du cessez-le-feu auquel elles se sont engagées au terme de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020", a indiqué un communiqué du ministère français des Affaires étrangères.
Les États-Unis sont préoccupés par les informations faisant état d'une reprise des combats entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et appellent les deux parties à cesser les combats et à reprendre les négociations, notamment par le biais de l'OSCE, a déclaré un porte-parole du département d'État américain à Sputnik.
"Nous avons pris note des rapports inquiétants aujourd'hui sur les hostilités actives entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Nous appelons les deux parties à cesser immédiatement les hostilités et à reprendre des négociations de fond, notamment sous les auspices des co-présidents du groupe de Minsk de l'OSCE, afin de trouver des solutions globales à toutes les questions en suspens liées au conflit du Haut-Karabakh", a avancé un diplomate de haut rang en réponse à une demande de commentaires sur les récents développements.
À son tour, le Premier ministre arménien a souligné que les autorités azerbaïdjanaises aggravaient délibérément la situation afin de perturber la mise en œuvre des accords du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021. Selon M.Pachinian, la communauté internationale ne doit pas rester indifférente à l'agression de l'Azerbaïdjan contre le territoire souverain de la République d'Arménie.
La situation y est actuellement relativement calme, mais reste extrêmement tendue, a fait savoir ce mardi le Premier ministre arménien lors d'une réunion du Conseil de sécurité.
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